Le manque de moyens et le déficit de qualité de la formation, combinés à la cherté de la farine, ont considérablement freiné, ces dernières années, les performances des boulangers dans certaines localités du département de Vélingara (Sud), a soutenu Mamadou Siradio Keïta, président de l’association « Endam Fouladou », une structure regroupant 30 boulangers. »Nous voulons travailler et nous aimons ce métier.
La clientèle est là, mais le problème de moyens, la cherté de la farine surtout, et le manque de formation de qualité, nous empêchent de faire des performances », a-t-il indiqué dans un entretien avec l’APS. L’association « Endam Fouladou », qui existe depuis trois ans, compte 30 boulangers exerçant dans la commune de Kounkané, les Communautés rurales de Saré Coly Sallé et Kandiaye, des localités du département de Vélingara « Ici, beaucoup de boulangers ne sont pas formés. Ils ont appris le métier sur le tas, c’est pourquoi, nous demandons aux ONG et aux autorités de nous appuyer pour avoir une formation de qualité », a soutenu M. Keïta, installé dans la commune de Kounkané. Le président de l’association « Endam Fouladou » a dit avoir subi une série de formation dans les villes de Kolda, de Tambacounda et de Kaolack. Il a aussi pris part, en 2003, à des sessions de formation, au Maroc, à l’initiative du Projet de promotion des mirco-entreprises rurales (PROMER). « Ces formations me servent énormément aujourd’hui », a ajouté le président de l’association « Endam Fouladou » qui, à lui seul, emploie deux personnes et arrive à utiliser au moins 45 sacs de farine de 50 Kg par mois. Selon lui, chaque sac produit quelques 210 pains, vendus à 135 CFA l’unité.
« J’arrive à utiliser par mois, 45 sacs de 50 kg, pour produire environ 210 pains par sac, que je vends à 135 FCFA la baguette. Je dépense (par ailleurs) au moins 60.000 FCFA pour le bois, la levure, le sel, etc. J’emploie dans ma boulangerie deux personnes rémunérées à 1.000 FCFA par jour de travail », a-t-il fait savoir. Dans cette zone, les boulangers observent également des arrêts de travail, « à contre-cœur », lorsque le prix de la farine augmente de façon « vertigineuse » et qu’ils n’arrivent plus à supporter leur charge de fonctionnement.
« Nous allons rarement en grève, mais, il nous arrive, par moment, d’observer un arrêt de travail, surtout lorsque le prix de la farine nous devient insupportable. Là, nous sommes obligés d’arrêter notre travail, parce que nous n’arrivons pas à supporter les charges », a dit le boulanger âgé de 32 ans. « La farine coûte ici dans la zone jusqu’à 22.500 FCFA le sac. C’est très, très cher par rapport par exemple à Dakar où le sac est vendu à moins de 20.000 FCFA », a-t-il souligné. M. Keïta et ses collègues boulangers livrent leur production aux villages environnants, qui consomment davantage cette denrée pendant l’hivernage, en période de soudure.
« Pendant l’hivernage notre affaire marche bien. Les paysans préfèrent prendre le pain et aller aux champs, puisque dans leur famille, le petit-déjeuner, souvent de la bouillie, tarde à être servi. Ils prennent le pain en attendant l’arrivée de cette bouillie », a expliqué M. Keïta. Les boulangers baissent cependant leur production avec les premières récoltes de maïs (septembre-octobre) pour essayer de limiter les pertes, a-t-il relevé. Il a assuré que »très souvent », des agents du Service d’hygiène viennent voir si les normes d’hygiène requises sont respectées par les boulangers. »Mais, nous-mêmes, nous prenons régulièrement l’initiative de faire des visites médicales, parce que nous sommes conscients que nous devons veiller à l’hygiène des aliments que nous vendons à la population. Ça, c’est le minimum », a-t-il fait valoir.