En France, le Premier ministre a engagĂ© lundi aprĂšs-midi la responsabilitĂ© de son gouvernement sur le projet de financement de la SĂ©curitĂ© sociale. Un saut dans l’inconnu car la gauche et le Rassemblement national ont aussitĂŽt dĂ©posĂ© des motions de censure qui seront votĂ©es mercredi ou jeudi.
Le gouvernement de Michel Barnier n’aurait-il plus qu’environ 48 heures Ă vivre ? Sur les quelques 150 motions de censure dĂ©posĂ©es depuis le dĂ©but de la Ve RĂ©publique en 1958, une seule a Ă©tĂ© votĂ©e. Le 5 octobre 1962, le Parlement s’Ă©tait opposĂ© Ă une modification constitutionnelle organisant l’Ă©lection du prĂ©sident de la RĂ©publique au suffrage universel.
RenversĂ©, le Premier ministre, Georges Pompidou, avait aussitĂŽt dĂ©missionnĂ©. Mais Ă l’Ă©poque, le prĂ©sident, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, avait usĂ© de ses importants pouvoirs personnels pour contrer les dĂ©putĂ©s.
D’abord, il avait maintenu Pompidou. Ensuite, il avait dissout l’AssemblĂ©e. Enfin, il avait fait adopter la rĂ©forme par rĂ©fĂ©rendum. La diffĂ©rence, c’est qu’aujourd’hui, Emmanuel Macron ne peut pas agir de la mĂȘme façon. Si le gouvernement Barnier Ă©tait renversĂ©, ce qui est trĂšs probable, il ne pourrait pas dissoudre l’AssemblĂ©e nationale avant juillet. Il aurait la possibilitĂ© d’organiser un rĂ©fĂ©rendum.
Mais sur quel sujet ? Son impopularitĂ© pourrait le transformer en plĂ©biscite pour ou contre Macron. Enfin, s’il renommait Barnier dĂšs sa dĂ©mission, celui-ci, dotĂ© d’un certain caractĂšre, serait capable de refuser.
Bref, on entre dans une crise de régime. Et déjà , des élus du Nouveau front populaire et du Rassemblement national réclament la démission du président.
Â
C’est peut-ĂȘtre aller un peu vite en besogne. MĂȘme si, thĂ©oriquement, Michel Barnier n’a aucune chance de sauver sa tĂȘte, il ne dispose que de 211 dĂ©putĂ©s sur 577. Faut-il encore que tous ses opposants votent contre lui.Â
La majoritĂ© s’Ă©tablit Ă 289. Le Nouveau front populaire dispose de 192 dĂ©putĂ©s. Le Rassemblement national et ses alliĂ©s de 140. Total, 332.
S’ils votent ensemble, comme ils l’ont promis, c’est pliĂ©. Pourtant, il reste une petite chance Ă Michel Barnier. Que des Ă©lus de gauche, notamment socialistes, refusent discrĂštement de mĂȘler leur voix Ă celle du Rassemblement national. C’est le sens de son appel Ă la responsabilitĂ© lancĂ© hier/lundi à la tribune de l’AssemblĂ©e et qu’il rĂ©pĂ©tera sĂ»rement ce mardi soir Ă la tĂ©lĂ©vision pour dramatiser l’Ă©vĂ©nement.
Â
Marine Le Pen a décroché des concessions sur le budget et a également réussi à faire oublier les lourdes réquisitions prononcées à son encontre dans le procÚs dit des assistants parlementaires.
Faire tomber Barnier aprĂšs l’avoir roulĂ© dans la farine, ce serait le pompon, la revanche, le triomphe des Le Pen mis au banc de la vie politique pendant des dĂ©cennies.