Ce sont les dernières heures d’une campagne haletante pour la Maison Blanche: Kamala Harris et Donald Trump sont sur scène pour leurs ultimes meetings électoraux, à la veille d’un vote aux enjeux cruciaux pour les Etats-Unis et le reste du monde.
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Pourquoi le vote des femmes est-il si crucial?
C’était le tout dernier meeting de Kamala Harris hier soir aux États-Unis qui a scandé que « la moindre voix compte ! »
La candidate démocrate est parfaitement consciente que c’est serré, très serré. Impossible à ce stade de donner une tendance : un peu plus de 150 millions d’Américains votent aujourd’hui, ils sont 80 millions à avoir déjà voté anticipativement.
Les bureaux de vote ouvriront en début d’après-midi, heure belge, dans un contexte que l’on annonce tendu. Et l’une des questions-clé du scrutin, c’est le choix des femmes américaines.
Kamala Harris a mis le droit à l’avortement au centre de sa campagne et bénéficie d’un soutien massif des électrices. À l’opposé, Donald Trump se positionne comme le défenseur d’une certaine idée de l’homme blanc, et semble donc attirer principalement les électeurs masculins. Certains observateurs n’hésitant pas à parler de « guerre des sexes ». Dans ce contexte, le vote des femmes aura une importance cruciale.
Trump promet de « mener l’Amérique et le monde » vers « de nouveaux sommets »
Donald Trump a promis de « mener l’Amérique et le monde » vers « de nouveaux sommets » lors de son tout dernier meeting de campagne pour la présidentielle face à Kamala Harris.
« Avec votre vote demain, nous pourrons résoudre tous les problèmes auxquels notre pays est confronté et mener l’Amérique et le monde vers de nouveaux sommets de gloire », a déclaré le candidat républicain dans la nuit de lundi à mardi.
« La moindre voix compte », prévient Harris
« Ceci pourrait être une des élections les plus serrées de l’histoire. La moindre voix compte », a averti Kamala Harris lundi pendant son dernier grand rassemblement de campagne, à quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote aux Etats-Unis.
« Nous avons la possibilité de tourner enfin la page d’une décennie de projet politique guidé par la peur et la division. Nous en avons assez », a dit la vice-présidente et candidate démocrate, sans nommer celui que ce message vise, son rival républicain Donald Trump.
Un pays sur le qui-vive: l’élection américaine sous haute surveillance
La Garde nationale, des boutons d’appel d’urgence, des commerces barricadés: les Etats-Unis sont sur le qui-vive avant l’élection présidentielle de mardi, qui sera l’un des scrutins les plus sécurisés de l’histoire du pays.
Alors que l’anxiété est à son comble à la veille du vote, les autorités ont mis en place, à tous les niveaux, des mesures exceptionnelles pour renforcer la sécurité physique du personnel électoral mais aussi celui des bulletins de vote eux-mêmes.
Le FBI a ainsi mis en place un poste de commandement national à Washington pour surveiller les menaces 24 heures sur 24 toute la semaine. Et dans le Nevada (sud-ouest), l’Etat de Washington (nord-ouest) et l’Oregon (nord-ouest), un contingent de la Garde nationale est mobilisée pour favoriser une « journée électorale sûre et sans heurts ».
Selon le Pentagone, au moins 17 Etats ont placé au total plusieurs centaines de soldats en état d’alerte.
Washington se barricade dans la crainte d’émeute le jour de l’élection
De nombreux bâtiments, publics ou privés, sont barricadés à Washington, la veille de l’élection présidentielle américaine, alors que des émeutes sont à craindre dans la foulée des dépouillements.
Des commerces ont commencé à installer des panneaux de bois pour protéger leurs vitrines non loin de la Maison Blanche, comme attestent des images publiées par le New York Times.
La campagne Harris avertit que les résultats de la présidentielle prendront « plusieurs jours »
La campagne de Kamala Harris a prévenu lundi que les résultats définitifs de la présidentielle américaine ne seront pas connus avant « plusieurs jours » et mis en garde le camp de Donald Trump contre toute tentative de « semer le doute et le chaos » sur l’intégrité de l’élection.
Le scrutin a lieu mardi sur tout le territoire des Etats-Unis, mais plus de 75 millions d’Américains ont voté par correspondance et dans des bureaux électoraux de manière anticipée, notamment dans les sept Etats pivots qui décideront qui, de la vice-présidente démocrate ou de l’ancien président républicain, s’assiéra dans le Bureau ovale le 20 janvier.
Et si la présidentielle américaine n’était pas si serrée ?
Les sondages montrent une compétition extrêmement serrée entre Kamala Harris et Donald Trump et pourtant des experts avertissent qu’au final, l’écart entre les deux candidats pourrait être bien plus grand qu’attendu.
Selon les enquêtes d’opinion jugées les plus sérieuses, la démocrate et le républicain se tiennent dans un mini-mouchoir de poche dans chaque Etat-clé susceptible de faire basculer le scrutin mardi.
Ainsi, lundi après-midi, l’agrégateur de sondages FiveThirtyEight donne Kamala Harris et Donald Trump à égalité à 47,8% en Pennsylvanie, à quasi-égalité à 47,4 contre 47,7% dans le Nevada ou encore à seulement un point de pourcentage d’écart dans le Wisconsin, le Michigan ou la Caroline du Nord.
Un tel coude-à-coude ne convainc pas tout le monde.
Cette présidentielle américaine voit se mesurer deux personnalités radicalement opposées, que près de deux décennies séparent.
D’un côté, l’actuelle vice-présidente démocrate, qui en juillet a remplacé au pied levé le dirigeant vieillissant Joe Biden. Kamala Harris, 60 ans, peut devenir mardi la première femme à diriger la plus grande puissance économique et militaire de la planète.
De l’autre, l’ancien président Donald Trump, 78 ans, auteur d’un retour politique spectaculaire après avoir quitté la Maison Blanche en 2021 dans un contexte chaotique, avoir réchappé à deux procédures de destitution et avoir été condamné en justice.
« Cela fait quatre ans que l’on attend ça. Quatre ans », a lancé lundi le républicain lors d’un meeting à Pittsburgh, en Pennsylvanie, avant de se lancer dans de nouvelles diatribes contre les migrants, puis de se mettre en route pour le dernier rassemblement de sa campagne, dans le Michigan.
« Retour à la normale »
Emaillée de coups de théâtre, au premier rang desquels deux tentatives d’assassinat visant Donald Trump, cette course à la Maison Blanche a aussi été marquée par toutes les surenchères dans un pays fracturé.
Chacun des deux rivaux se dit confiant dans sa victoire. Si l’on croit les sondages, tout se jouera à quelques dizaines de milliers de voix seulement, dans sept Etats dits pivots.
Les Etats-Unis, pays fédéral, ont en effet un système de suffrage universel indirect, couronnant le candidat qui parvient à rassembler une majorité des 538 grands électeurs, soit au moins 270.
C’est donc logiquement en Pennsylvanie, qui offre le plus de grands électeurs de ces « swing states », que Kamala Harris et Donald Trump jettent leurs dernières forces.
Electrice de cet Etat, Yvonne Tinsley s’est déplacée pour voir la vice-présidente, disant rêver d' »un retour à la normale ».
« Je sais que Kamala ne va pas tout changer, mais je sais qu’elle sera au moins capable de remettre les choses sur la bonne voie », raconte cette comptable de 35 ans « fatiguée de toutes ces divisions ». Dans la soirée, la vice-présidente, ancienne procureure puis sénatrice de Californie, née d’un père jamaïcain et d’une mère indienne, a participé à une opération de porte-à-porte auprès d’électeurs.
Avant un meeting à Pittsburgh, où elle a affirmé: « L’élan est de notre côté ». La candidate démocrate a pour le reste repris ses grandes promesses: incarner une « nouvelle génération », rétablir une protection fédérale du droit à l’avortement et soutenir la classe moyenne.
Pour son tout dernier meeting, Kamala Haris n’a pas lésiné sur les symboles: ce sera à Philadelphie, le berceau de la démocratie américaine, et au pied d’un grand escalier immortalisé dans le film « Rocky ».
« Ennemis de l’intérieur »
Et cette campagne a bien pris parfois des allures de match de boxe. Lundi, le colistier de Donald Trump, J.D. Vance, n’a pas hésité à traiter Kamala Harris de « déchet ».
L’ancien président a lui encore alimenté les tensions d’un pays à cran en commençant à remettre en question l’intégrité des opérations de vote. L’équipe de Kamala Harris a déclaré « s’attendre » à ce que le républicain se déclare vainqueur de façon prématurée, comme il l’avait fait en 2020.
L’ancien magnat de l’immobilier, qui qualifie ses adversaires d' »ennemis de l’intérieur », est un « fasciste » animé par la vengeance et sa soif de « pouvoir sans limites » martèlent les démocrates.
Mais dans ses meetings, les trumpistes ne sont pas rebutés. Ethan Wells, employé d’un restaurant et âgé de 19 ans, confie son enthousiasme: « Quand Trump était président, personne ne déconnait avec l’Amérique ». Près de 80 millions d’Américains, dont Kamala Harris, ont déjà voté de façon anticipée, sur 244 millions d’électeurs. Son rival devrait lui voter en personne mardi près de sa résidence en Floride.
La suite reste la grande inconnue.
Donald Trump n’a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle de 2020, après laquelle ses partisans avaient pris d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021. Au moins trois Etats, celui de Washington, le Nevada et l’Oregon, ont mobilisé les réservistes de la Garde nationale. Ailleurs dans le pays, certains bureaux de vote seront surveillés par des drones et des tireurs d’élite sur les toits.
Dans la capitale fédérale, des barrières métalliques sont érigées autour de la Maison Blanche, du Capitole et d’autres sites sensibles.