Neuf personnes ont été tuées et près de 2.800 autres blessées dans l’explosion mardi de bipeurs appartenant à des membres du Hezbollah au Liban, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé. Comment ces appareils ont-ils pu exploser? Alain De Neve, chercheur à l’institut royal de défense, nous livre son analyse.
De nombreuses questions se soulèvent après l’explosion simultanée de milliers de bipeurs que des membres du Hezbollah portaient sur eux. « C’est plutôt rare, mais c’est typiquement une marque de fabrique d’Israël, explique Alain De Neve, chercheur à l’institut royal de défense. C’est l’avantage comparatif que possède Israël sur le plan militaire, c’est-à-dire qu’elle est capable de mener ce genre d’opérations hybrides. Cela a requis de la part d’Israël très certainement un certain nombre d’opérations logistiques réalisées en différentes étapes« .
Une source proche du mouvement chiite a indiqué que « les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils« , qui semblent avoir été « piratés à la source« . « Il fallait évidemment intervenir dans le processus de livraison de ces bipeurs, avoir évidemment un contact qui permette de délivrer, de distribuer ces bipeurs, confirme le spécialiste. Et puis surtout, cela démontre les failles qui peuvent exister dans le système de sécurité du Hezbollah« .
Ces explosions démontrent aussi une faille dans les contrôles effectués par le Hezbollah. « Ils ont peut-être été contrôlés, mais pas comme il faut, confirme Alain De Neve. Et ce contrôle n’a pas permis d’identifier le système qui a été mis en place par Israël dans ces bipeurs. Certainement un système à la fois matériel, c’est-à-dire l’explosif qu’il devait éventuellement contenir, mais aussi la faille de cybersécurité qu’a pu exploiter Israël pour mettre en place le logiciel qui allait permettre la détonation au moment voulu et de manière synchronisée ».