mercredi, septembre 11, 2024

« Il faut qu’on parte »: des ressortissants belges se pressent à quitter le Liban où la tension monte

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Les appels aux ressortissants étrangers à quitter le Liban se multiplient face aux craintes d’une escalade militaire entre l’Iran et ses alliés d’une part et Israël de l’autre, que la communauté internationale tente de prévenir. 400 Belges sont de passage dans le pays et pourraient revenir en urgence.

Dans l’attente d’une riposte de l’Iran et de ses alliés aux assassinats du chef du Hamas et du chef militaire du Hezbollah libanais, les efforts diplomatiques s’intensifient. Le président français Emmanuel Macron et le roi de Jordanie Abdallah II ont notamment appelé dimanche à éviter « à tout prix » une escalade.

Le ministère belge des Affaires étrangères conseille aussi de quitter le Liban : « En cas de crise, les moyens de transport commerciaux pour quitter le pays et les possibilités de se déplacer à l’intérieur du territoire pourraient être limités. C’est pourquoi nous continuons à demander aux ressortissants belges de quitter le Liban aussi vite que possible, tant que des vols commerciaux restent disponibles« , dit le ministère sur son site internet.

Georges Kastoun est belgo-libanais et s’apprète à revenir en Belgique : « L’avertissement, on l’a reçu par mail. C’était prévu dans le mail qu’il faut qu’on parte. C’est ce qu’on a dit, il faut qu’on parte. Et si on ne part pas, on risque peut-être de ne pas être évacués, au cas où ça dégénère et ça devient fort difficile« .

La plupart des Belges au Liban ont la double nationalité et pourraient choisir de rester sur place. Ils seraient un peu moins de 2000. 400 sont de passage et pourraient donc rentrer prochainement en Belgique.

Une nouvelle frappe tue deux personnes

Le ministère libanais de la Santé a indiqué dans la nuit de dimanche à lundi qu’une « frappe ennemie israélienne » avait tué deux personnes à Houla, dans le sud du pays.

Un peu plus tôt, l’armée israélienne avait annoncé avoir « identifié un terroriste du Hezbollah pénétrant dans une structure militaire » dans ce secteur, et avoir « frappé » celle-ci. Le Hezbollah a rapporté la mort de deux de ses combattants, sans préciser où ils ont été tués.

Les violences transfrontalières ont fait 547 morts, dont 115 civils, au Liban depuis l’attaque du Hamas en Israël en octobre, selon un décompte de l’AFP.

Côté israélien, les sirènes ont à nouveau retenti tôt lundi en Haute-Galilée, en raison d’une attaque aérienne « depuis le Liban », a indiqué l’armée, qui a fait état de deux militaires blessés.

L’Iran, le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah ont accusé Israël de la mort mercredi du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué dans sa résidence à Téhéran. La veille, Israël avait revendiqué une frappe qui a tué le chef militaire du mouvement libanais, Fouad Chokr, près de Beyrouth.

Israël n’a pas commenté l’attaque contre Ismaïl Haniyeh, mais a juré de détruire le Hamas après l’attaque sans précédent menée par ce mouvement le 7 octobre sur son sol, qui a déclenché la guerre dévastatrice à Gaza.

Le guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, a menacé Israël d’un « châtiment sévère », et le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah d’une « bataille ouverte sur tous les fronts », le Hamas et les rebelles yéménites Houthis jurant aussi de riposter.

En face, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant a affirmé dimanche que l’armée était « prête à réagir rapidement ou à attaquer ».

Mais « pour l’instant », la politique de défense intérieure « n’a pas changé », a déclaré à la presse le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, en réponse aux « rumeurs » sur la mise en alerte du pays.

Les Etats-Unis ont musclé leur dispositif militaire sur place avec davantage de navires de guerre et avions de combat. « Simultanément, nous nous efforçons de désamorcer la situation diplomatiquement », a assuré Jon Finer, conseiller adjoint à la sécurité nationale.

« Forte préoccupation »

Alors que le Liban risque d’être en première ligne d’une escalade, la Suède, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Jordanie et l’Arabie saoudite ont appelé leurs ressortissants à quitter le pays. Paris a aussi demandé aux Français résidant en Iran de le « quitter temporairement ».

Le Canada a pour sa part appelé samedi ses ressortissants – déja priés depuis fin juin de quitter le Liban – à « éviter » de se rendre en Israël.

L’ambassade de Grande-Bretagne a annoncé dimanche retirer temporairement les familles de son personnel à Beyrouth.

Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, dont le pays est un partenaire clé de Washington, s’est de son côté entretenu à Téhéran avec son homologue et le président, Massoud Pezeshkian.

Réunis en visioconférence, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont exprimé leur « forte préoccupation » face à la situation au Moyen-Orient, selon la diplomatie italienne.

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a lui souligné dans un entretien téléphonique avec le premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani « l’importance pour toutes les parties de prendre des mesures » d’apaisement, selon son porte-parole.

Plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec Beyrouth, dont l’allemande Lufthansa jusqu’au 12 août, et Air France ainsi que Transavia jusqu’à mardi inclus. Kuwait Airways va interrompre ses rotations dès lundi, et Qatar Airways a annulé ses vols de nuit vers Beyrouth jusqu’à lundi.

Lufthansa a aussi suspendu ses vols vers Tel-Aviv jusqu’au 8 août.

A l’aéroport de Beyrouth, l’heure est aux longues files d’attente et à l’incertitude pour les passagers.

Attaque « terroriste » à Tel-Aviv

La guerre à Gaza a entraîné l’ouverture de fronts contre Israël par le Hezbollah et les Houthis qui forment avec le Hamas et des groupes armés irakiens ce que l’Iran appelle « l’axe de la résistance » face à Israël.

Samedi, le Hezbollah a affirmé avoir pour la première fois ciblé la ville de Beit Hillel dans le nord d’Israël avec des dizaines de roquettes et l’armée israélienne a riposté par des frappes dans le sud du Liban, des échanges quasi-quotidiens à la frontière israélo-libanaise depuis le 8 octobre.

Près de Tel-Aviv, dans la banlieue de Holon, une « attaque terroriste » au couteau menée selon la police par un habitant de Cisjordanie occupée a tué une femme de 66 ans et un octogénaire. L’assaillant a été « neutralisé » selon la même source.

Frappes israéliennes meurtrières à Gaza

Dans le même temps, l’armée israélienne poursuit son offensive contre le territoire palestinien de Gaza, ravagé et menacé de famine selon l’ONU.

Samedi, la Défense civile a annoncé qu’une frappe israélienne sur deux écoles à Gaza-ville (nord) abritant des déplacés avait fait au moins 30 morts, « principalement femmes et enfants ». L’armée israélienne a confirmé avoir frappé ce complexe scolaire, qui abritait selon elle un centre de commandement du Hamas.

Avant la frappe sur le complexe scolaire de Gaza-ville, la Défense civile et le Croissant-rouge avaient fait état de 16 Palestiniens tués par des bombardements israéliens à Jabalia (nord) et Deir al-Balah (centre).

Le Hamas, qui a pris en 2007 le pouvoir à Gaza, est considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne.

Son attaque le 7 octobre dans le sud d’Israël a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l’armée.

L’offensive israélienne à Gaza a fait jusqu’à présent 39.583 morts, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.

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