mercredi, avril 24, 2024

Ukraine et sécurité européenne: Américains et Russes lancent des pourparlers tendus

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Russes et Américains ont entamé lundi des pourparlers tendus et à l’issue très incertaine, couvrant aussi bien le risque d’une invasion russe de l’Ukraine que l’architecture sécuritaire européenne que Moscou veut redessiner en faisant reculer l’Otan.

Cette réunion a débuté à 08H55 (07H55 GMT) à Genève avec les vice-ministres des Affaires étrangères des deux pays, Wendy Sherman et Sergueï Riabkov.

Le ton employé par le représentant russe après un dîner dimanche soir entre les deux négociateurs laisse présager d’âpres échanges, aucun côté ne donnant de signe de compromis.

Pour Moscou, la revendication clé est l’obtention de garanties de sécurité, via des traités, impliquant l’interdiction de tout élargissement futur de l’Otan, en particulier à l’Ukraine. La Russie a prévenu qu’elle ne ferait aucune « concession » à ce sujet.

« Je suis plutôt pessimiste en ce qui concerne les pronostics sur cette question, mais nous allons expliquer avec insistance que sans règlement de cette question clé il ne peut y avoir de dialogue constructif », a dit M. Riabkov à l’agence Ria Novosti.

A l’inverse, durant leur dîner de travail, Wendy Sherman a souligné que les Etats-Unis restaient fidèles « aux principes internationaux de souveraineté, d’intégrité territoriale, et à la liberté des pays souverains de choisir leurs propres alliances », selon le département d’Etat.

– « URSS 2.0 »? –

Alors que des dizaines de milliers de troupes russes sont déployées aux frontières de l’Ukraine, déjà théâtre d’un conflit depuis huit ans impliquant des séparatistes pro-russes, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a pressé le Kremlin d’éviter une nouvelle « agression de l’Ukraine ».

« Il y a une voie de dialogue et de diplomatie (…) l’autre voie est celle de la confrontation », avait estimé dimanche M. Blinken sur la chaîne américaine CNN.

« Nous sommes sur le point de voir quelle voie le président (russe Vladimir) Poutine est prêt à emprunter », a-t-il ajouté.

Les discussion de lundi lancent une semaine diplomatique intense. Une réunion Otan-Russie est prévue mercredi à Bruxelles, avant une rencontre jeudi à Vienne de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), plateforme de dialogue Est-Ouest issue de la Guerre froide.

Dans une tranchée boueuse faisant face à des combattants pro-russes, un soldat ukrainien ne se fait guère d’illusion quant à la capacité des Occidentaux à faire reculer Moscou.

« Des garanties sur une non-adhésion à l’Otan n’arrêteront pas » Vladimir Poutine, pense Mikhaïlo, 29 ans. « Il veut en venir à une Union soviétique 2.0 ».

Les Occidentaux ont menacé Vladimir Poutine de sanctions « massives » et sans précédent en cas de nouvelle agression de l’Ukraine, alors que Moscou a déjà annexé en 2014 une partie de son territoire, la Crimée, en réaction à une révolution considérée par le Kremlin comme l’oeuvre de l’Occident.

M. Poutine, qui s’est entretenu à deux reprises avec son homologue américain Joe Biden a prévenu lui que de nouvelles sanctions contre son pays seraient une « erreur colossale ».

– Risque réel de conflit –

Plus tôt, il avait menacé d’une réponse « militaire et technique » en cas « de maintien de la ligne très clairement agressive » de ses rivaux occidentaux.

Le Kremlin affirme que les Occidentaux provoquent la Russie en stationnant des militaires à ses portes et en armant les soldats ukrainiens.

Il réclame donc deux traités pour interdire tout élargissement futur de l’Otan et la fin des manoeuvres militaires occidentales à proximité des frontières russes.

Les Américains assurent ne pas vouloir réduire leurs effectifs en Pologne ou dans les pays baltes, et menacent de les renforcer si les Russes passent à l’offensive.

« Le risque d’un nouveau conflit est réel », a prévenu vendredi le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.

« Cela fait certainement partie de leur stratégie de présenter une liste d’exigences absolument irrecevables et ensuite prétendre que l’autre camp ne joue pas le jeu et utiliser cela comme une justification pour une agression », a renchéri Antony Blinken.

Au-delà de la crise ukrainienne, Washington espère néanmoins profiter des pourparlers pour avancer peut-être sur d’autres dossiers, comme le désarmement.

De Paris à Berlin en passant par Bruxelles, les appels se sont multipliés pour faire une vraie place à la table des négociations aux pays du Vieux Continent, et notamment l’Union européenne — face au Kremlin qui semble vouloir privilégier le tête-à-tête russo-américain.

burs-alf/pop/at

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