Je t’ai bien suivi ma sœur africaine du Burkina. J’ai senti en toi cette énergie vivante. Cette conscience africaine. Cette fierté d’appartenir à ce continent (ton habillement en dit long). Une fierté déjà entretenue, il y a presque quatre décennies, par Thomas Sankara à qui je rend hommage pour avoir semé la bonne graine produisant ce fruit succulent que tu es.
Rien à dire sur l’engagement de ton discours.
Mais j’aimerais bien, presque quatre décennies après Sankara, qu’en de pareil circonstance que le jeune africain que tu es, s’adressât à Macron en mooré, fulfulde, Swaili, Dioula, Mandinka, Baoulé…. pour lui dire de laver la marmite. Elle est vraiment trop sale , cette marmite. Malheureusement c’est elle qui prépare à la française le “thiéboudienne” , le “athiéké”, “le riz gras Soumbala”, “le foutti fogné” de notre système éducatif, de notre système de santé, de notre économie, de notre sécurité…
Tu penses que la philosophie “macronnique” entretenue par la traite négrière, la colonisation, la mondialisation est prête à laver de sitôt la marmite?
Tu vois que le mal est plus profond?
Il nous faut avoir notre propre marmite où nous pourrons préparer à l’africaine le “thiéboudienne” de l’éducation, le “atiéké” de la santé, le “riz gras Soumbala” de la sécurité, le “foutti fognė” de l’économie. C’est en ce moment seulement que nous pourrons dire à la France: “lave ta marmite sale si tu veux que nous goûtions ta sauce”. Au cas contraire, nous nous contenterons de notre marmite avec sa succulente sauce comme l’ont fait les chinois, les coréens, les japonais…
Et je doute que Macron inviterait les jeunes chinois, japonais, coréens en France pour parler des problèmes de développement de leur pays.
En attendant ces réformes profondes, les populations africaines surtout francophones continueront à manger dans la marmite sale car la faim de l’éducation, de la santé, de la sécurité, de l’économie n’attend pas.
Moudjibou Rahamane Baldé
Coordonnateur du Forum Civil de Kolda