Quelle mouche a piqué les conseillers de la mairie de Podor ? Si l’on interroge l’histoire, jamais une réunion de conseil municipal de cette localité n’a été aussi houleuse que celle du 29 octobre 2019. En effet, c’est dans la douleur que le maire, Aïssata Tall Sall, a présidé son conseil municipal convoqué pour l’examen du vote du compte administratif. Mansour Sall, son premier adjoint et Issaga Ly, deuxième adjoint, se sont donné des coups de poings en pleine réunion.
Sous l’œil impuissant et abattu des nombreux conseillers qui n’en revenaient pas, Issaga Ly, poulain de Mamadou Racine Sy, et Mansour Sall, proche de Me Aïssata Tall Sall, en sont venus aux mains. C’était lors de l’examen du compte administratif. Interrogé, en premier, sur son accrochage avec le premier adjoint au maire, Issaga Ly, ancien député, donne sa version des faits. Selon lui, arrivé dans la salle, il y avait le secrétaire municipal qui venait tout juste de présenter le document. Aussitôt après, le débat a été ouvert. Et puisque le maire ne devait pas présider le compte administratif, c’est Mansour Sall, son premier adjoint, qui était choisi pour conduire les travaux. La salle était pleine comme un œuf. Outre l’adjoint au préfet, il y avait le représentant du payeur, la Bms et d’autres services départementaux. Quand les conseillers ont débattu du compte administratif, ils sont passés au vote. Issaga Ly soutient avoir voté abstention. Selon toujours ses dires, Mme Aïssata Tall Sall s’est rendue compte qu’elle n’aurait pas la majorité du fait de cette abstention. Ce qu’elle n’a pas apprécié. «Comment voulez-vous que je vote un document qui n’a pas été fait par consensus et sérieusement ?», questionne le 2ème adjoint au maire. «Puisque le travail n’a pas été fait avec sérieux, j’étais dans l’obligation de voter abstention. Et c’est cela qui a dérangé le maire», ajoute-t-il. Malgré tout, ils sont passés au vote. Le maire a repris sa place au présidium. Elle a repris les travaux par l’examen du deuxième point qui était inscrit à l’ordre du jour qui était celui de l’orientation budgétaire. «Beaucoup de conseillers ont pris la parole. J’ai levé la main pour demander la parole. Le maire me l’a refusée sous prétexte que quand je veux prendre la parole, je dois forcément prononcer son nom. J’ai catégoriquement refusé de dire +Madame le maire, je veux la parole+, me contentant seulement de lever la main. N’ayant pas apprécié cette manière de demander la parole sans passer par son nom, elle a voulu continuer les débats. Je suis intervenu pour parler. C’est en ce moment précis que Mansour Sall qui était assis à côté de moi m’a aussitôt violenté, d’abord verbalement, avant de me pousser de là où j’étais assis. Et nous nous sommes battus au niveau du présidium. Ils ont aussitôt appelé les gardes du corps de Me Aïssata Tall Sall et de Mansour Sall pour me violenter. Sachant qu’ils sont en danger, les conseillers étaient obligés de vider la salle pour se retrouver dehors», raconte Issaga Ly. Qui précise avoir reçu des coups venant des deux hommes de main. «Je me suis retrouvé avec des égratignures au doigt et au niveau du coude», ajoute-t-il.
Le deuxième adjoint au maire de préciser que, depuis qu’il a décidé de rallier Racine Sy, Aïssata Tall Sall lui en veut à mort. «Elle n’a jamais digéré ma proximité avec Racine Sy», lance l’ancien député.
Joint au téléphone, l’autre protagoniste, Mansour Sall, fera savoir que Issaga Ly n’a pas dit toute la vérité. Selon le 1er adjoint au maire et proche de Aïssata Tall Sall, Issaga Ly n’est pas venu à l’heure au conseil municipal. Car, pour un conseil qui a commencé à 10 heures, il s’est présenté vers midi. «Lorsqu’il est rentré dans la salle du conseil municipal, il n’en avait que pour son téléphone. Au lieu de suivre le conseil, il jouait avec son portable dont le son dérangeait l’assistance», selon Mansour Sall. Selon ce dernier, le proche de Racine Sy n’était pas venu pour suivre les travaux. «Au contraire, il était venu saboter ce qui se faisait. Vu qu’il me gênait beaucoup avec le bruit de son portable, je l’ai poussé. Et c’est à cet instant précis qu’il m’a donné un violent coup. Quand il dit que c’est pour sa proximité avec Racine Sy que Mme le maire lui en veut, il dit ce qu’il veut», déclare Mansour Sall. Qui précise que Racine Sy dont il parle est à l’Apr et que, eux aussi, travaillent avec le Président Macky Sall. «Il faut qu’il cesse de mêler ce qui s’est passé à des considérations politiques qui ne tiennent pas la route», lance Mansour Sall qui souligne que si, comme Issaga Ly le raconte, il l’avait battu, il l’aurait gravement blessé.
WalfNet