Après une gestion hasardeuse, une communication hasardeuse…

APRÈS UNE GESTION DÉSASTREUSE DES RESSOURCES NATURELLES….

Une communication hasardeuse pour noyer le poisson

«On peut tromper une partie du peuple tout le  temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps». Avec l’éclatement du «scandale à 10 milliards de dollars» diffusé par la Bbc qui mouille Aliou Sall et éclabousse le pouvoir qui ne sait plus à quel communicant se fier pour chasser les effluves de l’or noir qui polluent l’atmosphère, on ne peut que donner raison à Abraham Lincoln.

Après avoir mené le peuple en bateau concernant l’attribution des blocs pétroliers, le pouvoir est aujourd’hui dos au mur et cherche des communicants capables d’éteindre le feu allumé par Bbc. El Hadji Kassé qui avait la lourde charge de porter la communication présidentielle, loin de circonscrire l’incendie, a soufflé sur les braises, rendant le brasier plus incandescent. Ce qui lui a valu d’être remercié par le maître des lieux qui a jeté son dévolu sur Seydou Guèye et Abdou Latif Coulibaly, à charge pour eux de réanimer, en urgence, la voix présidentielle qui s’est noyée dans  cette  marée noire.

Seulement, il sera très difficile à ces nouveaux promus de trouver une voie de sortie de la mare dans laquelle s’est embourbé le pouvoir. Aujourd’hui, ce que les populations attendent de leurs gouvernants, c’est qu’ils leur disent la vérité et rien que la vérité sur la gestion de leurs ressources naturelles. Toute communication destinée à les divertir serait hasardeuse, car elle risque de ne pas avoir les effets escomptés. À peine nommés, les deux communicants, au pas de charge, semblent avoir choisi la voie de la diversion. Du moins, si l’on en juge par leur première sortie.

Interpellé par la Rfm sur le cas Aliou Sall qui défraie la chronique, le ministre et porte-parole du président de la République, Abdoul Latif Coulibaly, dénonce les attaques contre le frère du Président Sall et traite «d’incultes» ceux qui disent que ce dernier ne devait pas jurer sur le Coran. «Je n’ai jamais entendu des incultes dire qu’Aliou Sall ne devait pas jurer sur le Coran parce que tout le monde n’est pas musulman dans ce pays. Ils ignorent que quand on jure de cette manière, on ne jure ni sur Mohammad (Psl) ni sur Jésus (Christ) ni sur Moussa. Mais, on jure devant Dieu qui est unique. Dieu nomme tous les hommes qui croient aux religions révélées», déclare-t-il.  Ajoutant au passage qu’«un seul des accusateurs» du frère du président ne pouvait faire comme lui.

Seulement, ce que Latif oublie ou feint d’oublier; est le fait qu’aujourd’hui, ce n’est pas le fait de jurer sur un livre Saint qui peut disculper Aliou Sall, mais qu’il aille devant ses accusateurs porter plainte comme il l’avait à maintes reprises déclaré, avant de se rétracter. Mais le fait de vouloir faire mousser ce geste d’Aliou Sall, n’est qu’une manœuvre – grossière ? – destinée à orienter le débat. Bien qu’apparemment les Sénégalais ont compris ce jeu et continuent de plus belle de réclamer la lumière.

Quant à Seydou Guèye, ministre en charge de la communication présidentielle, alors que l’on attendait de lui qu’il nous dise qu’une plainte sera servie à Bbc qu’il accuse de bidonnage ou encore que le Président Sall compte poursuivre tous ceux qui ont trempé leurs mains dans nos ressources, que nenni !

Pour Seydou Guèye, «il y a une opposition avec des acteurs aigris qui versent dans la surenchère radicale et la haine, qui cherchent à manipuler d’honnêtes citoyens», déclare-t-il dans l’As. Avant d’affirmer sans sourciller : «le Président Macky Sall a fait de la transparence, son cheval de bataille». Finalement, c’est à se demander si le nouveau chargé de la com’ présidentielle ne prend pas ses compatriotes pour des demeurés. Parce que si le Président Sall avait fait de «la transparence son cheval de bataille», y aurait-il eu tout ce tollé autour des ressources naturelles et des dossiers qui dorment sous son coude? Si accuser des opposants et tenter d’endormir les populations par des discours soporifiques, est la trouvaille de Seydou Guèye pour mettre en «œuvre, une communication authentique», le Président Sall n’est pas encore sorti  de cette marée noire.

Et puis, tant qu’à faire, on aurait pu laisser le ministre-conseiller Kassé, qui avait lui au moins des accents de vérité dans son discours. D’autant que la grosse bataille des révélations et des dessous de l’affaire se jouera à l’international, avec l’implication d’acteurs autrement moins sensibles à leur comedia dell’arte qu’ils ne cessent de jouer dans la désaffection de plus en plus aigüe d’une population en proie à des angoisses terribles, avec la série de hausses de prix annoncée. De grâce Messieurs les experts de la Com’, revenons à notre pétrole et gaz !