Qu’un Premier ministre de la République qui a de nombreuses urgences à régler se permette de pondre un long texte pour répondre à une tribune d’un compatriote, consultant bancaire, il faut vraiment être Mahammad Boun Abdallah Dionne pour le faire. Et cela fait même ricaner dans les salons dakarois où on le surnomme «Opima-optimum». Car, des textes pareils, on en lit tous les jours dans la presse quotidienne sénégalaise. Et parfois même avec des teneurs plus riches.
Ce qui est étonnant au Sénégal, c’est qu’on ne s’étonne même plus du fait que personne ne s’étonne.
Dans un long texte, Dionne a piteusement tenté de nous faire des cours d’économie pour sans doute rappeler qu’il est ingénieur en économie, évoquant Lucas, Romer et Barrow, considérés comme les théoriciens de la croissance endogène. Soit. Mais, y à voir de près, il n’a pas répondu au débat posé par le sieur Mohamed Dia. Qui, chiffres à l’appui, a démontré l’incohérence des projets du gouvernement.
Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde. Et le Premier ministre de Macky Sall sait que les arguments avancés par M. Dia sont en béton armé. Et que sans doute un ministre, même celui en charge du Pse, manquerait de mots pour se faire l’avocat du diable. Mais puisque le texte a été publié sur le site du journal français Le Monde, le Pm a cru devoir s’éberluer et de montrer la densité de sa plume.
En créant ce grand débat-blabla, puisque d’autres vont lui porter la réplique, Dionne a surtout donné du crédit à la fonction de consultant bancaire que de nombreux Sénégalais ont sans doute entendu pour la première fois en parcourant le texte de Mohamed Dia. Et ne pas le lui rappeler dans sa réplique prouve qu’il est tombé dans le piège de l’auteur de cet article inconnu au bataillon des grands contributeurs de la trempe de Mody Niang qui a plusieurs fois gâté le sommeil de Wade à l’époque, de Cheikh Omar Hann récemment ou encore de Samuel Sarr, cette semaine.
Ainsi, ce débat qui n’avait lieu d’être risque de tourner mal pour le régime dans ce contexte préélectoral où il pouvait vraiment s’en passer. Et certainement, le site du Monde Afrique va exploser de contribution de Sénégalais puisque surveillé par le «cabinet noir» du château qui orchestrera la riposte. Même si ce n’est pas du même niveau. «Si j’ai décidé d’apporter cette contribution en ma qualité de chef du gouvernement, c’est moins dans un souci de polémique, à la suite d’une tribune publiée dans Le Monde Afrique sous le titre +Le Plan d’infrastructures de Macky Sall envoie le Sénégal droit dans le mur+.
C’est davantage pour restaurer la perspective globale de développement endogène et inclusif porté par le Plan Sénégal Emergent et rétablir en même temps la vérité des faits pour nos compatriotes et vis à vis du marché ; ce marché qui vient encore le 15 juin 2018, par l’agence de notation Standard and Poor’s (S&P), de relever la note du Sénégal qui passe de B+ avec une perspective stable, à B+ avec une perspective positive», a écrit Dionne dans son texte.
Mais ce meilleur des mondes possibles que nous peint Maître Panglos contraste beaucoup d’avec la réalité que vivent de nombreux Sénégalais. Lesquels n’ont pas d’eau et cherchent la queue du diable pour la tirer. Des concitoyens qui auraient préféré se passer de ces ouvrages et manger à leur faim ou se soigner au lieu de bénéficier d’une quelconque charité tous les trois mois.
Walfnet