Les Etats-Unis ont établi que la Russie avait fait usage d’un agent innervant contre l’ex-agent double Sergueï Skripal et sa fille. Ils ont décidé d’imposer des sanctions contre ce pays pour son rôle dans cette affaire.
Ces sanctions entreront en vigueur autour du 22 août, a annoncé mercredi la porte-parole du département d’Etat américain, Heather Nauert. « Les Etats-Unis ont établi que le gouvernement de la Fédération de Russie avait utilisé des armes chimiques ou biologiques en violation du droit international, ou avait utilisé des armes chimiques ou biologiques mortelles contre ses propres ressortissants », a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Sergueï Skripal, ancien agent double russe qui vit désormais en Angleterre, et sa fille Ioulia avaient été empoisonnés début mars à Salisbury, une ville du sud de l’Angleterre, au moyen du Novitchok, un puissant agent innervant issu d’un programme chimique soviétique. L’un et l’autre s’en sont sortis, après des semaines d’hospitalisation.
L’empoisonnement avait été attribué par Londres à Moscou, qui nie toute implication. L’attaque avait été imputée par les services de renseignement britanniques à la Russie. Fin juin, le Novitchok avait fait deux autres victimes, hospitalisées dans un état grave après avoir été en contact, elles aussi, avec cette substance. Une femme de 44 ans, Dawn Sturgess, n’avait pas survécu, alors que son compagnon, Charlie Rowley, âgé de 45 ans, s’est, lui, rétabli. Le poison se trouvait dans un flacon de parfum ramassé par ce dernier.
Sergueï Skripal, sa fille, ainsi qu’un policier empoisonné après leur avoir porté secours, avaient aussi pu quitter l’hôpital de Salisbury. Le 19 juillet, l’agence Press Association a affirmé que la police avait identifié deux Russes soupçonné d’avoir commis ces empoisonnements.
L’affaire Skripal a provoqué une grave crise diplomatique entre Londres et Moscou, et entraîné une vague d’expulsions croisées de diplomates impliquant également des pays alliés au Royaume-Uni. L’affaire avait rappelé aux Britanniques l’assassinat au polonium d’Alexandre Litvinenko, un opposant et ancien des services secrets russes, en 2006 à Londres. Les faits avaient été attribués à Moscou par un juge britannique à l’issue d’une minutieuse enquête et avaient, là aussi, déclenché une crise diplomatique. Les autorités britanniques avaient à l’époque lancé une procédure d’extradition contre l’ex-agent des services spéciaux russes Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoun, accusés du meurtre d’Alexandre Litvinenko. Cette demande est restée vaine, Moscou ayant toujours refusé d’extrader les deux hommes. (Belga)