samedi, avril 20, 2024

De l’administration coloniale vers une Administration démocratique et NTIC au Sénégal

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Koldanews est allé à la rencontre de Maitre Aboubacar Camara un Chercheur en Science politique et  Maitrise en droit option administration publique à l’UCAD. Maitre Aboubacar Camara est aussi le Chargé des programmes au Forum civil, section de Kolda. il est revenu largement sur la nécessité de « refonte » de l’administration publique Sénégalaise.

Koldanews: Quel diagnostic faites-vous de l’administration sénégalaise

AC: L’administration publique sénégalaise est l’héritière de la colonisation. Nous vous rappelons que l’administration a été mise en place par les autorités coloniales pour leurs servir  et faciliter l’exploitation de nos ressources aux services de la population de la Métropole. Après l’indépendance nous avons eu l’appui des conseillers techniques venus de l’occident et précisément  de la France. Nous pouvons dire de l’indépendance jusqu’aux années 90, ces conseillers ont été à la base de la conception de tous ces droits qui régissent notre administration. Les bases de ces lois sont : une administration non pas soumise à une loi mais à une autorité ; une administration non pas au service de la population mais une administration de commandement ; une administration non pas de résultat mais une administration de bureaucratie.

Depuis lors, le Sénégal a évolué mais les lois qui régissent l’administration ne le reflètent pas. Nous pouvons le démontrer à deux niveaux :

-Au niveau de la démocratie le Sénégal a fait un bon avant à travers le multipartisme, la liberté d’expression et couronné par deux alternances. Mais sur le plan de l’administration les principes de la démocratie sont remis en cause par les contenus des concepts d’obligation de réserve, de pouvoir hiérarchie, les relations entre les autorités administratives et les citoyens, la liberté de syndicat de certains corps, le management des services administratifs.

–  Au niveau de l’utilisation des Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication, il manque l’intégration de ces outils comme il le  faut dans le fonctionnement de l’administration malgré l’existence de l’ADIE. Et la communication des autorités administratives au niveau des radios, de la TV est considérée comme un événement alors que cela devait relever de l’ordinaire. Il n’existe pas de règle de conduite pour l’utilisation d’e-mails et des réseaux sociaux.

Koldanews: Quelles sont les conséquences de cette situation ?

AC: Les conséquences sont énormes. Nous pouvons retenir deux :

  • Sur le plan humain

L’administration sénégalaise transforme des génies en paresseux parce que les lois qui régissent l’administration ne permettent pas l’éclosion des talents. Par exemple sur un dossier un agent peut faire un excellent papier qui peut être bloqué par un supérieur qui retarde la signature et il n’a aucun moyen de réclamation. Ensuite il n’y a pas un système de récompense individuel des agents sur la base du travail effectué mais seulement sur l’ancienneté et souvent il faut le dire sur l’attitude de béni oui oui de l’agent.

Cette situation entraine un notre fléau la politisation en outrance de l’administration ces dernières années. Cela peut être prouvé par l’existence à la tête de l’administration des personnes nommées grâce à leur appartenance politique et non pas sur la base de leur technicité. Et le phénomène le plus grave est de voir des corps comme les magistrats s’engager dans un parti politique tout en ayant l’ambition de revenir pour juger. Cela va dégrader l’image du principe d’impartialité de l’administration judiciaire.

 

  • Sur le plan des résultats

Les hommes passent, les institutions demeurent. L’administration doit être le symbole de cette citation. Mais l’administration sénégalaise est orientée pour satisfaire le patron, le chef, le directeur, le ministre ou le président et non les citoyens. Dans ce cadre nous assistons parfois à des abus des agents à l’endroit des citoyens pour satisfaire le chef car ils sont formatés ainsi.

L’administration est un grand corps malade qui n’a pas les fondements pour supporter le développement du Sénégal. Nous pouvons le dire clairement, avec ce système administratif nous n’allons pas atteindre l’émergence.

Et cela peut être confirmé par le traitement des dossiers de manière archaïque par l’administration malgré le développement fulgurant des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. La lenteur et la lourdeur administratives ont bloqué beaucoup d’initiatives importantes des citoyens pour le pays.

Koldanews: Qu’est que vous proposez ?

AC: Nous proposons une refonte de l’administration. Il ne s’agit pas de tenir des assises nationales, des états généraux ou de se focaliser sur les salaires des fonctionnaires mais plutôt poser des actes  à travers  l’existence d’orientations claires, la mise en place  d’un comité scientifique chargé de traduire les orientations en un document clair et applicable et la mise à disposition des moyens pour permettre une appropriation de ces nouvelles mesures par les citoyens.

Nous proposons six orientations pour avoir une administration performante.

  • Une administration démocratique dont la transparence, l’équité, la participation, la redevabilité et l’efficacité seront non pas citées mais les mécanismes et outils de mise ; en œuvre seront définis ;
  • Une administration NTIC pour éradiquer la lourdeur administrative et faciliter la communication avec les citoyens ;
  • Une administration au service des citoyens avec une pris en charge des recours des populations et dont les agents administratifs seront notés par les citoyens ;
  • Une administration au service de la méritocratie dont les règles du jeu entre agent et supérieur sont clairement définies avec des voies de recours qui existent vice versa ; Les modalités et les traitements des dossiers sont clairement définis ;
  • Une administration ayant un corps de contrôle fonctionnel et un corps de contrôleur des agents de contrôle et dont la suite des rapports est laissée au libre arbitre du corps judiciaire indépendant.

Ces orientations ne doivent pas être de belles énoncées mais elles seront suivies des mécanismes et outils d’application et d’appropriation par les populations à travers la vulgarisation.

harouna.balde@koldanews.com

 

1 COMMENTAIRE

  1. Je n ai pas fini de lire le texte tellement il est intéressant. J encourage mon jeune frère Camara. Je demande aux détenteurs de s approprier des recriminations et de changer les choses
    Connaitre l élément organique que l on représente, l élément matériel la prestation attendue
    Merci merci

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