mardi, avril 23, 2024

Human Rights Watch interpelle Macky sur la mendicité et le non respect du droit de l’enfance

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Depuis l’adoption, il y a une décennie, d’une loi visant à protéger les enfants contre la traite et pratiques assimilées, le Sénégal n’a porté devant la justice qu’un petit nombre d’affaires concernant le trafic et la mise à la mendicité forcée d’élèves d’écoles coraniques par des maîtres abusifs, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et la Plateforme pour la Promotion et la Protection des Droits de l’Homme (PPDH), une coalition de 40 organisations non gouvernementales internationales et sénégalaises.

Des dizaines de milliers d’enfants sont exposés au risque de subir des sévices et d’être exploités en dépit de cette loi de 2005, ont ajouté ces organisations. Des travailleurs sociaux, des responsables gouvernementaux et des militants interrogés en janvier 2015 par Human Rights Watch, ont exprimé leur conviction que le nombre de garçons, connus sous le nom de talibés, qui subissent des exactions dans les écoles coraniques, lesquelles ne sont pas réglementées, est en augmentation, et que des enfants de plus en plus jeunes sont affectés. Une cartographie des écoles coraniques, ou daaras, effectué en 2014 par le gouvernement, a permis de constater que plus de 30 000 garçons sont soumis à la pratique de la mendicité forcée dans la seule région de Dakar.

 » Au cours de la dernière décennie, des dizaines de milliers d’enfants ont été exploités sous couvert d’éducation, battus par leurs prétendus maîtres et soumis à des conditions de vie déplorables dans des écoles qui ne devraient pas être autorisées à fonctionner », a déclaré Mamadou Wane, coordonateur de la PPDH.  » Le signal que donne le gouvernement, en renonçant à enquêter et à traduire en justice les personnes qui commettent ces abus, est que les vies de ces enfants ne valent pas la peine d’être protégées. »

Recommandations au gouvernement sénégalais :

Appliquer la loi contre la traite de personnes et la mendicité forcée (Loi No. 2005-06) en faisant en sorte que la police, les procureurs et les services sociaux signalent les cas où des enfants sont forcés à mendier, entament des procédures et les mènent à bien.
Appliquer l’article 298 du code pénal, qui criminalise la maltraitance physique des enfants et le refus de leur prodiguer des soins, y compris en enquêtant et en faisant rendre des comptes aux maîtres coraniques et aux autres personnes qui infligent des sévices physiques aux talibés.
Émettre une déclaration à l’intention de tous les responsables étatiques compétents clarifiant le fait que l’action consistant à forcer des enfants à mendier, y compris par des maîtres coraniques, rend passible de poursuites judiciaires et n’en est pas exempté par l’article 245 du code pénal.
Formuler un code de protection de l’enfance détaillé, basé sur la Stratégie nationale pour la protection de l’enfance du Sénégal, présentant une méthodologie de gestion des dossiers concernant les enfants vulnérables, notamment les talibés, définissant les critères d’évaluation de ce qui constitue un enfant  » en danger », et fournissant des mécanismes de protection et de représentation pour les enfants victimes dans les systèmes d’assistance sociale et judiciaire.
S’assurer que le Bureau d’inspection des daaras dispose des ressources humaines et financières nécessaires pour effectuer des inspections adéquates de toutes les écoles coraniques du pays.
S’assurer que les écoles coraniques qui violent les droits des enfants soient fermées et, en coordination avec les organisations non gouvernementales, assurer que les élèves de ces écoles soient placés dans des refuges temporaires pendant que leurs familles sont recherchées et que des efforts de médiation sont entrepris en vue de les rendre à leurs parents.
Faciliter une consultation générale, inclusive et transparente sur le projet de loi, et sur ses décrets d’application, au niveau local, avec la participation des maîtres coraniques, des organisations de la société civile, des autorités locales et d’experts techniques; prendre en considération leurs recommandations.
S’assurer que la cellule de lutte contre la traite des personnes du ministère de la Justice dispose des ressources et des moyens de remplir son mandat, y compris la réalisation d’une cartographie nationale des écoles coraniques.

À l’Assemblée nationale:

Adopter le projet de loi relatif à la réglementation des écoles coraniques et tous ses décrets d’application.

Aux bailleurs de fonds internationaux:

Envisager de fournir une aide accrue afin de permettre à la cellule de lutte contre la traite des personnes du ministère de la Justice de réaliser une cartographie nationale des écoles coraniques.
Envisager de fournir un soutien budgétaire accru au Bureau d’inspection des daaras du ministère de l’Éducation pour lui permettre 1) de mener une consultation plus large au niveau régional du Sénégal sur le projet de loi visant à réglementer les écoles coraniques et 2) d’inspecter et surveiller le respect de normes minimales dans les écoles coraniques dans tout le pays.

Source:dernieremunite.sn

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