mardi, mai 7, 2024

8 MARS DANS L’ANONYMAT AU FOULADOU : Les femmes toujours enchainées par de dur labeur manuel

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Combien sont-elles ces femmes du fouladou rural qui comprennent que le 8 mars est consacrée à la femme ? Difficile d’y répondre. Mais la région de kolda avec 76,6% de taux de pauvreté, la femme rurale reste confinée dans des travaux manuelles pénibles .Ici le temps semble être suspendu. Le pilon, la fumée du bois de chauffe continuent de les torturer. Coup d’œil sur cette vie de galère de nos épouses et sœurs du village.

A kolda les femmes souffrent encore de l’analphabétisme, des pratiques et autres coutumes nuisibles comme le lévirat. L’ignorance des textes réglementaires par les femmes, l’attitude conservatrice des hommes. A cela s’ajoute, la faible participation des femmes dans les instances politiques et dans les pouvoirs de décisions à tous les niveaux. Même dans les organisations où elles sont majoritaires (gpf par exemple), les femmes arrivent difficilement à influencer et à marquer de leur empreinte, certains débats qui les concernent directement. On constate encore plus d’hommes dans la lutte contre les violences faites aux femmes comme l’excision, les mariages précoces et le maintien des filles à l’école. Certains hommes très malins continuent de piloter ces combats mobilisateurs de fonds. Au fouladou dans la plupart des villages les femmes continuent de nourrir la famille avec le pilon. Les moulins à céréales sont très insuffisants,  mal répartis et très mal gérés, souvent accaparés par une seule famille. A Cela s’ajoute les interminables corvées des ménages.

Nous sommes à Sossoutou un village de la commune de Bignaarabé dans le département de Médina yéro foulah. Il est 9h 12, Tening Baldé une femme d’une quarantaine d’années vient de terminer la vaisselle. Elle arrache des seaux pour aller au jardin arroser les plantes. Sa journée à démarrer a 5h 47 son garçon  qui donne l’heure. Après la prière elle a commencé par le pilon pour écraser quelques graines de mil. Moudre le mil Téning le fait depuis l’âge de dix ans son quotidien. Elle prend une partie pour préparer de la bouillie de mil pour le petit déjeuner et le reste va servir de couscous pour le diner. Au minimum de 7kg par jour. Elle qui a la chance d’avoir un mari capable d’’acheter du riz pour le déjeuner. Une chance car dans certaines familles le mil est la céréale reine en cuisine.

Tening avec un arrosoir inadapté elle va encore puiser dans un puits d’une profondeur de 18m. Elle arrose quelques plans de légumes, oignons, choux et oseille. Pendant prés de 90mn elle s’attèle au jardinage. Elle est de retour à la maison vers 11h 12 pour maintenant s’attaquer déjeuner de la famille. Tening n’a eu qu’une seule fille déjà mariée. Sa coépouse malade elle est seule dans ce travail ménager réservé ici à la femme. Heureusement que son fils de 11ans élève est revenu la veille du troupeau avec un fagot de bois mort pour le combustible domestique. A kolda 91% des ménages utilisent le bois. L’énergie électrique n’est accessible qu’a 21 %. En cette période de récolte l’arachide est disponible elle prépare très vite un mafé avec un peu de poisson séché le tout en 3h temps.

Ce travail dans la cuisine est souvent entrecoupé par d’autres petits services, comme servir de l’eau au mouton et autres animaux domestiques. Après la prière le déjeuner est servi. Elle en profite aussitôt pour se mettre au décorticage des arachides pour la sauce du couscous. A 16h 34 la corvée au pilon reprend pour préparer les repas du lendemain. 18H retour à la cuisine pour le diner qui se termine vers 21h. Elle en profite pour démarrer la préparation du petit déjeuner en arrosant le mil dont la transformation va redémarrer avec le premier chant du coq. Avant d’aller dormir vers 23h elle est tenue de faire le tour dans la case du mari. Vers 22h nous lui avons demandé si elle a une fois entendu parler du 8mars. Tening qui a un petit poste radio pour s’informer dit n’avoir jamais entendu parler. Mais au cours d’une rencontre organisé par une ong elle a entendu parler de la loi sur la parité. Tout en reconnaissant que cette loi est une affaire des femmes instruites pas pour elle une paysanne condamnée à la vie avec le pilon, les autres travaux ménagers et à la corvée champêtre. Nous travaillons toute la journée et la nuit nous sommes souvent trop sollicitées et cela vous empêche de faire un sommeil réparateur nous lance cette dame au teint clair taille Abdou Diouf avec un sourire perceptible malgré la faible lueur d’une lampe tempête. Source lumineuse de luxe qui couvre prés de 44% des ménages des villages à côté des bougies 38%.Le président Macky Sall de passage récemment à Anambé s’est désolée de la situation des femmes, les durs travaux qui condamnent ces femmes à une vieillesse précipitée. Le président entend faire face et des moulins ont été octroyés aux femmes de Médina Chérif.

La gestion des moulins et autres dons en questions

Combien de moulins à mil ont été distribués dans ce pays pour aider les femmes ? Difficile de répondre seule certitude la gestion pose problème partout surtout au fouladou. Les comités de gestion s’ils existent sont caporalisés par des hommes plus malins. Cette situation est aussi valable pour les autres appuis dans le secteur.

Nouveau financement pour les femmes pour l’émergence

Le ministre délégué chargé de la micro finance Moustapha Diop est passé ce jeudi à kolda et annonce un financement de 600 millions de nos francs pour les femmes pour l’émergence. Ce financement va servir aux GIE ayant déjà déposé de projet. Coumba Baldé responsable départementale des femmes de l’APR s’est réjouie de ces financements qui vont permettre un nouveau départ dans la lutte contre la pauvreté. La cérémonie a connu une mobilisation exceptionnelle. Jamais mobilisation des femmes au fouladou n’a été aussi importante. En effet un message a fait croire que la rencontre aller servir à donner de l’argent aux femmes ayant des pièces d’identité nationale. Une fausse rumeur qui a eu son effet avec une mobilisation de femme jamais vécu. Reste que la déception fut aussi grande que l’espoir du départ et cela va jouer sur la crédibilité de ceux qui ont fait circuler ce message.

Awa Dandio collégienne

L’histoire d’Awa Dandio résume à elle seule les difficultés que rencontrent les jeunes filles au Fouladou. Tenaillée par des parents qui souhaitent voire leur fille très tôt dans un foyer et leur volonté d’aller à l’école se tracer un autre chemin dans la vie loin de celle de Tening. Awa dandio aujourd’hui en 6e au collège de Diambanouta a connu un cheminement encore très difficile. Retour sur cette fille orpheline aujourd’hui symbole de lutte contre les mariages précoces. En effet en Mai 2013 cette orpheline élevée par ses oncles a été donné en mariage forcé et arraché au cm1 pour rejoindre son mari. Elle a été délivrée de cette union par une large mobilisation notamment dans ces colonnes. Elle poursuit ses études avec un appui du maire de Koulinto Mr Amadou Diao, engagé par les autorités pour accompagner cette jeune fille souhaitant devenir médecin.

Abdou Diao

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