Les bureaux de vote ont ouvert ce jeudi matin à 07h00 locales et fermeront à 22H00 pour le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, une consultation historique qui pourrait conduire à l’éclatement du Royaume-Uni et à la formation d’un nouveau pays en Europe. De Glasgow à Edimbourg, les électeurs devaient répondre à la question « L’Ecosse doit-elle devenir un pays indépendant? » et décider de mettre fin ou non à une alliance qui remonte à 1707.
Une participation massive attendue
Au total, 4,29 millions d’électeurs – dont 600.000 ont déjà voté par correspondance – étaient appelés aux urnes et une participation massive était attendue, de l’ordre de 80%. Dans un bureau de vote d’Edimbourg, Peter Macvean, un des responsables des opérations de vote, prédisait même une participation qui pourrait atteindre « 90% ». »C’est un jour très spécial, cela n’arrive qu’une fois dans une vie », a-t-il déclaré, alors que les premiers électeurs affluaient.
« J’aime mon pays, et je ne veux pas qu’on l’abîme »
A Edimbourg, Charlotte Farish est arrivée dix minutes avant même l’ouverture du bureau de vote. Cette femme de 34 ans tenait à glisser son bulletin dans l’urne avant d’emmener ses deux enfants à l’école et d’aller travailler. »C’est un jour important. La décision que nous allons prendre nous engagera pour la vie », a-t-elle déclaré, en confiant soutenir le non à l’indépendance.
« J’aime mon pays, et je ne veux pas qu’on l’abîme », a-t-elle dit, alors qu’une autre électrice, Serah Rowell, venait de voter en faveur de l’indépendance. « J’ai voté oui, parce que je crois que l’Ecosse doit pouvoir décider pour elle-même », a déclaré cette femme de 36 ans travaillant dans une université.
Convaincre les derniers indécis
Après avoir largement mené dans les intentions de vote, le non à l’indépendance a marqué le pas ces dernières semaines, rattrapé par le oui, dont les partisans ont mené une campagne plus agressive et visible. Les derniers sondages donnaient cependant un léger avantage aux tenants du maintien de l’union, mais avec un nombre d’indécis suffisamment important pour faire pencher la balance.
Cette indépendance « faisons-la! », a appelé le leader des indépendantistes et Premier ministre écossais, Alex Salmond, dans une lettre solennelle publiée par la presse mercredi. « C’est l’occasion d’une vie, saisissons-la des deux mains », a-t-il insisté sous les cris « Yes we can » d’une foule survoltée lors d’un meeting à Perth mercredi soir.
A Glasgow, près de 2.000 partisans du oui ont également tenu mercredi soir une ultime réunion publique, à deux pas de la place Mandela. »Mes frères, mes soeurs, soyons clairs. Nous sommes à l’aube d’une révolution démocratique et pacifique », s’est enflammé Tommy Sheridan, une figure du socialisme écossais.La foule lui a répondu en choeur « l’espoir, pas la peur ».
L’Ecosse ne sera « plus jamais la même »
Le camp du non a mis en garde: une Ecosse indépendante ne pourra plus utiliser la livre sterling, verra son système de retraite mis à mal, et son appartenance à l’Union européenne remise en cause. En face, on a fait valoir qu’une Ecosse indépendante pourra fixer ses impôts, mener la politique sociale-démocrate espérée par les Ecossais, dont le coeur penche traditionnellement à gauche, et gérer comme elle l’entend la manne pétrolière de la mer du Nord.
L’Ecosse représente 8,3% de la population du Royaume-Uni, le tiers de sa superficie et 9,2% de son Produit intérieur brut. C’est donc une minorité qui va décider de l’avenir de l’ensemble constitué de l’Angleterre, de l’Ecosse, du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord. Le choix des Ecossais pourrait également sceller le sort du Premier ministre britannique David Cameron, étroitement associé à la campagne, qui a qualifié mercredi de « tragédie » le scénario d’une scission.
En revanche, Alex Salmond devrait sortir vainqueur du scrutin quel que soit son issue. Si le oui l’emporte, il pourra en effet s’ériger en père de l’indépendance. Si c’est le non, il aura obtenu une autonomie accrue. Quant à l’Ecosse, « que ce soit oui ou non, (elle) ne sera plus jamais la même », pronostique le quotidien écossais The Herald.
Les résultats ne devraient être annoncés que vendredi à l’aube.
Source: RTLInternational