Le moins que l’on puisse dire est que l’homme d’affaires de renom, Youssou Guèye, regrettera amèrement sa témérité, celle de s’être présenté hier au tribunal de Dakar. Et pour cause, puisque sitôt s’est-il présenté que son contentieux l’opposant au tunisien Dridi Mohsen a été retenu au rôle. Et grande a été la surprise du célèbre homme d’affaires lorsqu’ un mandat d’arrêt lui a été décerné. Du coup, l’homme fringant dans son costume bleu avec des souliers bien cirés, rejoindra le box des accusés. L’air hagard, Youssou Guèye, dont les yeux avaient subitement rougis, de jeter tantôt des regards furtifs sur la salle, particulièrement en direction de ses proches et autres membres de sa famille, un tantinet triste. Subitement, il va tirer sur sa chemise comme s’il était submergé par une chaleur suffocante. Il devait certainement se dire: « qu’est-ce qui m’arrive? ». Pour ainsi dire le sol semblait se dérober sous ses pieds. Sans tarder, débute alors la plaidoirie de cette rocambolesque affaire. Qui avait tenu en haleine toute l’opinion nationale et internationale. …et Me Doudou N’doye s’illustra tristement Dans leur plaidoirie, les avocats de Youssou Guèye tenteront, à qui mieux-mieux de disculper leur célèbre client, en vain. Mais, celui qui s’est le plus tristement illustré est sans conteste, Me Doudou N’doye, pourtant doyen de la salle. Me Doudou N’doye poussera même le bouchon plus loin en traitant crûment le plaignant (Dridi Mohsen) de » gros consommateur d’alcool, de joueur invétéré de casino, et d’escroc … » En dépit des remontrances du Président d’audience et de ses assesseurs, mais également des conseils de la partie civile, il renchérira de plus belle, sans aucune précaution d’usage, tout en pointant du doigt le plaignant Dridi Mohsen : « c’est lui l’escroc, M.le Président! » Et Mohsen de répondre: « c’est votre client Youssou Guèye, l’escroc numéro 1 du monde entier! » Ramant à contre courant de leur doyen au barreau, Me Abdourahmane Sow dit Lénine et Me Massokhna Kane, lesquels font partie du lot des conseils de Youssou Guèye ont tenté, avec des arguments à l’appui, de démonter, avec souplesse, les graves griefs retenus contre leur client, non sans agiter la théorie du complot, en vain. Après cinq tours d’horloge, l’affaire a été finalement renvoyé au 2 Juin prochain, et la demande de mise en liberté provisoire introduite par le pool des avocats de Youssou Guèye a été purement et simplement rejetée par le juge de la Cour d’Appel. Depuis hier, Youssou Guèye, longtemps en cavale, a rejoint la Mac de Rebeuss. Et Mohsen, devenu infirme du fait de son diabète, de pleurer comme une madeleine avant de se faire aider pour quitter l’antre du tribunal, par un de ses assistants. Pour la gouverne de ceux qui n’ont pas suivi cette affaire d’escroquerie, Youssou Guèye est poursuivi par l’opérateur économique Tunisien pour escroquerie et association de malfaiteurs. Dans ses explications, Didri Mohsen a soutenu, quelquefois entre deux sanglots, que Youssou Guèye devait lui vendre des pierres précieuses d’une valeur de 200 millions de francs Cfa. Mais à la place de la marchandise, il n’a reçu que des factures. Il a indiqué que c’est un Irakien qui lui avait suggéré de se lancer dans ce commerce pour fructifier ses revenus. »C’est dans un hangar de Youssou Guèye situé à l’aéroport (Léopold Sédar Senghor de Dakar) que l’Irakien m’a montré 10 mallettes de 650 kg chacune. Pendant qu’il me montrait les cristaux, Youssou Guèye a déboulé en disant que je devais payer avant toute livraison », confie le plaignant. Le Tunisien soutient avoir subi par la suite des pressions de Youssou Guèye. »Il ne cessait de m’appeler en me demandant de venir prendre la marchandise, car la douane risquait de la saisir », ajoute la partie civile qui dit s’être rendue à Bamako sur invitation de Youssou Guèye. Pour conclure, Didri Mohsen précise que M. Guèye s’est présenté à lui comme le fils de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Lamine Guèye, et ami de Karim Wade, fils du président Abdoulaye Wade. Autant d’allégations balayées d’un revers de main par le mis en cause. Qui accuse à son tour : »Il voulait m’arnaquer, je le jure sur le Saint Coran », déclare d’emblée Youssou Guèye. Versant dans le déballage, il accuse l’ancien régime d’être derrière cette affaire. »C’est un coup monté par le Palais (durant le règne d’Abdoulaye Wade, Ndlr). L’État me doit deux milliards. Aujourd’hui ils m’ont chassé du pays », et d’ajouter : »Je ne connais même pas son numéro de téléphone, je n’ai jamais traité d’affaires avec lui. Seulement, j’ai une fois établi une facture pro-forma à son ami pour la location d’un avion ». Réclamant lors de la première audience la bagatelle de 400 millions de francs Cfa au titre de dommages et intérêts, Mr Guèye a demandé hier que « justice soit rendue ». Non sans rappeler le passé pénal du prévenu. Affaire à suivre donc…
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