vendredi, avril 19, 2024

Le temps de « La patrie avant le parti » est révolu, désormais « Il est grand temps »,…

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Le concept avait fait mouche. Nouvellement élu à la tête du Sénégal, le Président Sall, parlant de sa politique de rupture avec la «Wadie», avait sorti cette phrase : «La patrie avant le parti.» Mais aujourd’hui, à deux ans moins trois mois de règne, le Président du Sénégal et de l’Apr semble être rattrapé par la realpolitik. Décryptage.

Depuis, on a convoqué l’angélisme. Depuis, on a parlé de conviction de néophyte. Parce que ça venait d’une ex-ouaille de la chapelle libérale, tombeur du Pape du Sopi, que l’ancien clergé bleu a crié à l’apostasie. Parce que la cohorte d’alliés laissés à l’antichambre du pouvoir était pressée de se mettre à table, qu’elle a parlé de trahison. Parce que, disait-on dans les coursives des écuries d’éternels suiveurs, la politique ne s’accommode pas de cette croyance-là. Parce que… Parce que la «patrie avant le parti», belle trouvaille du Président Macky Sall, n’était simplement qu’une jolie phrase. Une grande volonté à l’application presque suicidaire. Une tare comprise un peu sur le tard.

RENIEMENT. Il a suffi d’un peu… De moins de deux ans d’exercice du pouvoir pour que l’actuel chef de l’Etat se rende compte que sa grande générosité politique n’est qu’une gageure. Pour que Macky Sall s’accorde avec Cissé Lô, dont l’écho du propos prenait jusque-là (en tout cas sur ce sujet précis) le contre-pied de celui du Président. En réunion, la semaine dernière avec quelques-uns de ses conseillers politiques et quelques responsables de premier rang de son parti, l’Alliance pour la République (Apr), Macky Sall, révèle-t-on, a décidé de consacrer beaucoup plus de temps, de moyens et d’énergie à la vie et l’animation de sa formation politique. «Il est grand temps», aurait dit le Président de l’Apr.

Bien que le nouveau parti du Président Sall semble être surprenant, voire contraire à sa conviction des premiers jours de son accession à la Magistrature suprême, il tire sa source, selon un proche, d’une prise de conscience sur les risques politiques réels ou supposés qui guettent son régime. «La situation aléatoire du parti au sein de l’Assemblée nationale a été un facteur déterminant dans la grande offensive qui va être donnée, révèle-t-il. Au-delà, plusieurs manquements ont été relevés sur l’architecture et le fonctionnement du parti.»

Parmi ces carences, le haut responsable de l’Apr évoque, pêle-mêle : Une structure des cadre inefficiente ; la réticence à s’ouvrir aux autres formations politiques sous prétexte que la transhumance doit être bannie et que les nouveaux venus sont des militants plutôt mus par leurs intérêts personnels ; l’absence de structuration du parti depuis sa création en 2008 ; querelles intestines liées au positionnement des responsables au niveau national ; l’absence de socle solide, c’est-à-dire que l’Apr est portée à bout de bras par une coalition plus ou moins loyale, et non par sa force politique découlant d’une implantation territoriale ou d’une massification de ses rangs. «Ce sont tous ces maux qui sont recensés par le Président Macky (Sall) au terme d’un diagnostic sans complaisance, et il entend lui-même s’impliquer personnellement pour y apporter la thérapie adéquate. Il est tellement conscient du rôle qu’il a joué dans cette reformatage de l’Apr qu’il s’est toujours refusé à quitter la direction de notre formation, et il entend l’assumer», confie le collaborateur du chef de l’Apr. «Depuis quelque temps, poursuit-il, nous travaillons sur l’installation des comités à la base, et ce travail est très avancé aujourd’hui. Le Président en a reçu compte rendu et nous a encouragés à accélérer la cadence tout en privilégiant le dialogue pour parvenir à de larges consensus. La massification et la mise en place des instances dirigeantes définitives du parti constituent les objectifs majeurs visés, et le Président a donné des instructions et des indications claires pour qu’on s’y penche dès maintenant, et ce sera après l’étape de l’érection des délégations dans toutes les collectivités locales.»

MAJORITE. En vérité, même si Macky Sall cherche à tout prix à maintenir le compagnonnage avec ses alliés de la coalition Benno Bokk Yaakaar, du moins avec les entités les plus représentatives en son sein, il ne cache aucunement sa volonté de se frayer une voie vers sa propre majorité. Seul objectif qui sous-tend son appel à un vaste rassemblement autour de lui pour se donner les moyens d’une massification de son parti. A cet effet, souffle-t-on dans l’entourage politique du Président, un comité restreint de responsables étatiques et de cadres du parti sera bientôt mis sur pied. Le but : aller à l’assaut des potentiels porteurs de voix susceptibles d’aider à la densification des rangs.

Une opération séduction qui va entraîner forcément une campagne de débauchage de militants, un recrutement de nouveaux adhérents qui ne se fera pas sans heurts, surtout à l’approche des élections locales. «Même les formations alliées ne seront pas épargnées. Nous allons tout faire pour mettre tous les atouts de notre côté. Ce sera sans état d’âme, car nous sommes en politique. Il est temps de penser à nous-mêmes d’abord, avant de faire preuve de générosité envers les autres car nous allons vers des échéances capitales et il faut s’y préparer dès aujourd’hui. Le fait que nous n’avons pas une majorité parlementaire par nos seuls députés est une donne qui nous a contraints à des concessions lourdes de conséquences politiques. C’est donc tout à fait légitime que nous cherchions à renverser la tendance, et nous allons y travailler derechef.» Avec la bénédiction du chef de l’Etat et de l’Apr qui, semble-t-il, a changé de religion politique au grand bonheur des «apéristes» de la première heure.

PAPE SAMBARE NDOUR / L’OBS

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