lundi, juin 23, 2025

Ramadan et Hivernage : Périple en milieu rural au Fouladou

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Travailler la terre avec ses mains en période de Ramadan n’est pas une chose facile. Mais avec la foi tout reste possible. A Kolda, dans les nombreux villages du Fouladou, en plus des hommes, les femmes jouent leur partition dans les champs durant ce mois de pénitence qui tombe en plein hivernage. Ramadan et travaux champêtres au Fouladou, reportage.

Ils sont nombreux les fidèles musulmans du Fouladou qui travaillent au champ durant ce mois de Ramadan. Dans les villages où résident l’essentiel des agriculteurs le jeûne ne change visiblement pas les habitudes. Ce n’est pas Oumar de Saré Goundo, trouvé avec deux de ses garçons dans un vaste périmètre emblavé, son champ d’arachide qui dira le contraire.

Ici, les jeunes pousses sont au stade de feuillage mais il faut s’atteler a enlevé les mauvaises herbes avec une houe relié à des boeufs tenu par les enfants.

Pour Oumar il n’y a rien de nouveau, «le Ramadan est une période propice pour chaque fidèle de travailler beaucoup et mieux. Nous quittons la maison tout juste après le repas de l’aube pour arriver très tôt au champ et engager le travail avec plus d’énergie comme vous pouvez le constater.»

L’un de ses enfants est un étudiant revenu la veille de Ziguinchor. Il n’a pas eu le temps de se reposer car ici il est conscient que c’est le travail de la terre qui nourrit sa famille et lui permet d’aller à l’école. «Ce qui change avec le Ramadan, c’est l’heure de la pause qui intervient à quelques minutes de la prière de 14h. Nous arrêtons et rentrons à la maison pour retourner au troupeau vers 17h30 afin de s’occuper des vaches. C’est difficile au début, mais dès que l’organisme s’adapte ça passe.», reconnait-il.

La situation est pratiquement la même a Sossoutou où les hommes sont aussi dans les champs. Mais à l’entrée du village, il y a une vallée rizicole qu’il faut traverser avec ponceau. Là, plusieurs femmes s’activent dans leurs rizières («faro» en langue locale) pour la production de riz. Tening, une femme d’une quarantaine d’année accepte de nous parler de leur quotidien. «Nous venons ici vers 9h du matin et restons jusqu’à 13h avant de rentrer et s’atteler aux tâches ménagères et à la préparation du «kumtari» (ou «ndogu» repas de la rupture). Présentement, nous sommes entrain de préparer le sol et faire les semis de pépinières, mais il n’y a pas encore suffisamment d’eau.

Le «ndogu» ou le calvaire des villageoises La préparation du repas de la rupture du jeune est un véritable parcourt du combattant pour les femmes dans les villages du Fouladou.

A Sossoutou, dans le département de Médina Yéro Foulah, Téning, après avoir quitté la rizière et terminer la prière de Tisbar (14h) retrouve directement la cuisine. Elle prépare de la bouillie à base de mil, plus connu sous le vocable «fondé», ainsi qu’une tisane de «kinkéliba». Et ce n’est pas fini, il faut accompagner le tout par la préparation du dîner. Il s’agit du couscous avec une sauce à bas de pâte d’arachide. Ce qui fait qu’elle travaille jusqu’à 22h, chaque jour, avec une pause de 30mn pour prendre son ndogu. Malgré cette charge journalière, elle ne se plaint pourtant pas, préférant s’en remettre à Dieu (SWT). «C’est la volonté de Dieu (SWT), nous sommes croyant et savons qu’il y a un destin pour chaque individu. Pour cela je rends grâce à Dieu à chaque instant.»

Le quotidien de Tenning est celui de toutes les femmes des villages du Fouladou, à quelques exceptions près, en cette période de Ramadan qui intervient en plein hivernage. Ici, le ndoggu est relativement simple: une tasse de kinkéliba avec un morceau de pain traditionnel «tapalapa» pour démarrer.

Après, tous les hommes se retrouvent autour d’un bol de bouillie sucré arrosé avec du lait caillé. Tout cela est suivi d’une séance thé pour les amateurs. Pendant ce temps, les femmes poursuivent, dans la chaleur de leur cuisine et la fumée qui se dégage des bois de chauffe utilisés pour la cuisson, la préparation du couscous, le plat de résistance avant le «nafila», une série de prière surérogatoire effectuée juste après la dernière des cinq prières quotidiennes.

Abdou DIAO / Koldanews

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