Le gouvernement du Sénégal s’engage à construire cinq centres d’hémodialyse dont trois dans les régions et deux à Dakar. Le coût de construction et d’équipement de ces structures s’élèverait à 3 milliards de francs Cfa.
Au Sénégal, chaque semaine dix personnes souffrant d’insuffisance rénale perdent leur vie, faute de dialyse. Selon le Pr. Abdou Niang, néphrologue à l’hôpital Aristide Le Dantec, le Sénégal est confronté à un problème d’accessibilité à la dialyse parce que n’abritant que deux centres d’hémodialyse, tous implantés à Dakar (Aristide Le Dantec et Principal). Ces centres ne disposent que de 14 postes de dialyse pour une maladie qui touche plus de 12 000 Sénégalais dont 3.000 à 4.000 ont besoin chaque année de traitement. « Il y a aussi le problème de l’accessibilité financière. Aujourd’hui, la dialyse est facturée dans le public à 50.000 FCfa la séance. Si la personne doit faire trois séances par semaine, cela lui revient à 150.000 FCfa par semaine », indique le Pr. Abdou Niang.
D’après les estimations du néphrologue, « une personne souffrant d’insuffisance rénale a besoin de 9 millions de francs Cfa par an, si elle veut vivre un an de plus ». Il souligne que la prise en charge de la dialyse constitue un problème au Sénégal, alors que dans les autres pays de la sous-région, elle est subventionnée et même gratuite. En Mauritanie par exemple, le patient n’a besoin que de 5.000 FCfa pour faire sa séance de dialyse.
Le Pr. Abdou Niang et plusieurs de ses collègues et des membres de l’Association sénégalaise des hémodialysés et insuffisants rénaux ont été reçus, hier, par le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye. Ils ont profité de l’occasion pour poser des doléances parmi lesquelles la construction de centres d’hémodialyse dont le coût tournerait autour de 3 milliards de francs Cfa. Autre doléance, la subvention de 2 milliards de francs Cfa par an pour l’achat des consommables. Ce qui reviendrait à 400 millions francs Cfa pour chaque centre d’hémodialyse.
Cinq centres
Le Premier ministre, Me Souleymane Ndéné Ndiaye, après avoir écouté ses invités, a annoncé que le gouvernement a prévu de construire cinq centres d’hémodialyse dont deux à Dakar, notamment à l’hôpital général de Grand-Yoff et à l’hôpital de Pikine.
Les trois autres centres seront implantés à Saint-Louis, Ziguinchor et Kaolack. D’autres sont prévus à Matam, Sédhiou, Kolda, Kédougou et Kaffrine.
Ces centres, promet le Premier ministre, seront équipés. Le ministre de la Santé, de la Prévention et de l’Hygiène publique, Mme Thérèse Coumba Diop, a décidé de débloquer un montant d’un milliard de FCfa sur le budget 2010 pour la prise en charge des patients. Un patient a rappelé aux autorités gouvernementales que les médicaments coûtent plus chers que la dialyse. Selon lui, en plus des 150.000 FCfa, on peut dépenser 156.000 FCfa pour l’achat des médicaments.
Le ministère de la Santé va aussi dépêcher une équipe en Mauritanie pour voir la stratégie mise en place par ce pays pour la prise en charge de la dialyse. « Il n’est pas normal qu’en Mauritanie les patients payent 5 ?000 F Cfa pour une séance de dialyse, alors qu’au Sénégal cela avoisine les 50.000 francs Cfa. Ils ne sont pas plus riches que nous », estime le Premier ministre.
Eugène KALY