Donald Trump a annoncé vendredi retirer le droit de son prédécesseur Joe Biden à accéder à des renseignements classés confidentiels, tout en poursuivant sa croisade contre l’Agence américaine pour le développement, vouée à quasi-disparaître.
Prenant une nouvelle salve de décrets, le président américain de 78 ans a également sanctionné l’Afrique du Sud, où est né Elon Musk, accusant ce pays de « discrimination raciale » envers les fermiers blancs.
« Il n’est pas nécessaire que Joe Biden continue à accéder à des informations confidentielles« , a écrit le président américain sur son réseau Truth Social, ajoutant: « JOE, T’ES VIRÉ« . Il lui supprime du coup les briefings quotidiens dont bénéficie l’ancien président démocrate. Ce dernier avait fait de même en 2021, citant alors le « comportement incohérent » de Donald Trump lors de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021.
Donald Trump et Elon Musk ont encore multiplié les décisions fracassantes pour réduire la place de l’État fédéral et tailler dans les dépenses publiques, quitte à ce que leurs décisions soient contestées devant les tribunaux, et parfois suspendues.
« Une des pires bourdes de l’histoire »
Le président américain a notamment réclamé vendredi la suppression pure et simple de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), qui apporte son soutien à des millions de personnes dans le monde. La grande agence humanitaire du gouvernement américain va voir ses effectifs passer de quelque 10.000 salariés à moins de 300, selon le New York Times.
Ce quasi-démantèlement, effectué sous l’impulsion du multimilliardaire Elon Musk, représente « l’une des pires et plus coûteuses bourdes de politique étrangère de l’histoire américaine« , d’après l’ancienne patronne de USAID Samantha Power. Saisi par un syndicat représentant des fonctionnaires de l’USAID, un juge fédéral a cependant annoncé vendredi qu’il allait suspendre la décision de l’administration Trump de placer une partie des employés en congé administratif.
L’agence humanitaire américaine intervient dans quelque 120 pays, y compris les plus pauvres du monde. Donald Trump estime qu' »il faut la supprimer!« , comme il l’a écrit – en majuscules – sur son réseau Truth Social.
« La corruption » chez USAID « est à des niveaux jamais vus« , a-t-il assuré, sans étayer son propos. « Oui, M. le président! » a réagi sur son réseau social X Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, qui est chargé par le président américain de tailler à tout va dans les dépenses publiques. Le patron de Tesla avait déjà affirmé qu’USAID était un « nid de vipères de marxistes (…) qui détestent l’Amérique« .
« Des millions de vies »
Les États-Unis ne fourniront plus d’aide ou d’assistance à l’Afrique du Sud, a par ailleurs annoncé Donald Trump, mettant ainsi sa menace à exécution afin de dénoncer une loi qui permettra, selon lui, de « saisir les propriétés agricoles de la minorité ethnique des Afrikaners sans compensation« .
« Les États-Unis ne peuvent pas soutenir le gouvernement sud-africain lorsqu’il commet des violations des droits dans son pays ou lorsqu’il sape la politique étrangère des États-Unis« , selon le décret présidentiel. Le gel quasi-intégral de l’aide américaine à l’étranger, puis le démantèlement progressif de l’agence pour le développement, a provoqué une onde de choc dans le monde de l’humanitaire, bien au-delà de Washington.
Ses plus de 40 milliards de dollars de budget constituent à eux seuls 42% de l’aide humanitaire déboursée dans le monde.
Cette décision « met en péril des millions de vie, des milliers d’emplois aux États-Unis (…) et compromet gravement notre sécurité nationale et influence dans le monde« , a martelé celle qui a dirigé USAID pendant le mandat du démocrate Joe Biden. Le chef de la diplomatie britannique David Lammy s’est dit vendredi « inquiet » de la possibilité que la Chine ou d’autres pays profitent du désengagement américain.
Aux Philippines, une ONG a confié se trouver « dans l’incertitude totale » quant à la poursuite de son action, faute d’avoir reçu notamment des vaccins contre la tuberculose ou encore des fonds dédiés aux victimes de violence.