Des lettres érotiques signées par le peintre Gustave Courbet et oubliées depuis plus d’un siècle ont été retrouvées par hasard dans le grenier de la bibliothèque de Besançon. Elles seront bientôt montrées au public. Comment a-t-on pu laisser de tels documents prendre la poussière pendant si longtemps sans que personne ne s’en inquiète ?
C’est le genre de trouvailles qu’on fait parfois dans les greniers. Une vieille malle qu’on ouvre un jour d’ennui. Et dedans, un paquet de lettres reliées par un ruban aux couleurs fanées. Hélas, stupéfaction, l’adorable grand-mère qui faisait de si bons gâteaux a entretenu pendant la guerre de 14 une correspondance torride avec un monsieur inconnu pendant que son mari était au front.
Ça arrive dans les familles, ça se produit aussi dans les bibliothèques. En novembre 2023, Agnès Barthelet, conservatrice à la bibliothèque municipale de Besançon, remarque par hasard sur une étagère un paquet poussiéreux. « Cette petite pile bien rangée, ça a piqué ma curiosité. Quand on a commencé à feuilleter, on s’est dit, ‘tiens, il y a un certain Gustave’. Et puis on a vu une enveloppe adressée à Monsieur Gustave Courbet« .
Au total, 116 missives échangées de novembre 1872 à mai 1873 entre le peintre et Mathilde Carly de Svazzema, une aristocrate parisienne délaissée par son mari. 25 lettres sont de la main de Gustave, 91 de Mathilde.
L’authenticité des lettres est rapidement confirmée par les experts, mais c’est leur contenu qui surprend. « Elles sont d’un contenu un peu scabreux« , explique pudiquement la conservatrice. C’est ce qu’on appelle un euphémisme. La presse parisienne en publie ce jeudi matin quelques extraits, ce n’est pas scabreux, c’est carrément pornographique.
Les petits malins qui écrivent des insanités sur les réseaux sociaux auraient beaucoup à apprendre de ce génie de la peinture mort en 1877. Je ne peux pas décemment vous dévoiler les passages les plus croustillants, l’une d’elles commence ainsi. « Ma chère putain, réfléchis donc, tu sais que je t’adore. Tu sais que je fais des choses injustes pour t’être agréable. Tu sais que je donnerais je ne sais quoi, en ce moment, pour …« . Il évoque alors une pratique génito-buccale ainsi qu’une forme d’accouplement que l’Église qualifiait autrefois de « contre-nature ». Les réponses de la dame sont de la même eau.
Ces lettres ont probablement été confiées vers 1905 à la bibliothèque par les héritiers de l’exécuteur testamentaire de Courbet avec pour consigne de ne pas les rendre publiques. Le secret s’est transmis de conservateurs en conservateurs jusqu’à être oublié.
Elles seront montrées au public lors d’une exposition à l’automne 2025. Je rappelle que Courbet est l’auteur d’un tableau célèbre, « L’origine du monde ». Visiblement, il connaissait bien son sujet.