C’est l’histoire d’un homme qui ne cesse de stupéfier le monde. En décrochant pour la deuxième fois les clefs de la Maison Blanche, Donald Trump continue de marquer, avec fracas, l’histoire des Etats-Unis.
Huit ans après avoir créé la plus grande surprise politique moderne, quatre ans après avoir quitté le pouvoir dans un chaos inimaginable, le républicain à l’emblématique cravate rouge opère un come-back à la tête du pays dans un scénario absolument inédit.
Fort du soutien de dizaines de millions d’Américains, le tempétueux septuagénaire, dont la chute a été mille fois annoncée, projette l’image d’un homme complètement insubmersible.
Comme si à force d’accumulation, ses inculpations, condamnations, procédures de destitution, n’avaient plus le moindre effet sur lui.
Au-dessus des règles
Fort d’un flair politique redoutable et d’une capacité à s’affranchir, une à une, de toutes les normes, Donald Trump a survécu à tout.
« Je pourrais me tenir au milieu de la Cinquième Avenue et tirer sur quelqu’un sans pour autant perdre le moindre électeur », avait-il lancé en 2016 dans une formule désormais célèbre.
Lâché par son camp après l’assaut mené par ses partisans contre le Capitole, l’homme de 78 ans à la curieuse chevelure blonde a regagné en quatre ans une emprise totale sur son parti.
Lors de la convention des républicains mi-juillet, le milliardaire au teint orangé a assisté avec un malin plaisir au défilé de ses anciens rivaux, tous venus chanter ses louanges sur scène.
Puis au spectacle de militants arborant un pansement blanc, en clin d’oeil à celui apposé sur son oreille droite juste après les tirs qui l’ont visé en Pennsylvanie.
L’image de ce Donald Trump, se relevant, le visage ensanglanté et le poing levé, restera indiscutablement la plus marquante de sa troisième campagne.
« Fight! Fight! Fight! »
Son « Fight!, Fight!, Fight! » (« Battez-vous! ») lancé à la foule tandis que des agents du Secret Service l’évacuaient est devenu un cri de ralliement pour ses partisans, toujours persuadés que le milliardaire comprend leurs difficultés du quotidien mieux que personne.
Doté d’un vrai talent de tribun, le New-Yorkais a réussi la prouesse de se positionner depuis neuf ans en « porte-parole » de ces Américains — majoritairement blancs et plutôt âgés — qu’il a convaincus en parlant d’immigrés « empoisonnant » le sang des Etats-Unis et de démocrates « de merde ».
Contrairement à la légende qu’il s’est construite, il n’a pourtant rien du « self-made man ».
Son père avait déjà bâti un empire à New York en construisant des immeubles pour la classe moyenne dans les quartiers populaires après la Seconde Guerre mondiale.
Né en 1946, Donald Trump a repris les rênes de l’entreprise dans les années 70 avec un solide coup de pouce financier et s’est fait une place dans les foyers américains grâce à l’émission de télé-réalité « The Apprentice ».
L' »Amérique d’abord »
Arrivé au pouvoir en 2017 dans un scénario qu’aucun, ou presque, n’avait prédit, il a refusé systématiquement d’endosser les habits de rassembleur.
Depuis la Maison Blanche, l’homme au physique imposant a livré le spectacle d’un président s’affranchissant de toutes les conventions face à des Américains enthousiastes, médusés ou effrayés.
Au nom de l' »Amérique d’abord », il a rudoyé les alliés des Etats-Unis, engagé une escalade imprévisible avec l’Iran sur le nucléaire, fait preuve d’une fascination troublante pour les dirigeants autoritaires, de Vladimir Poutine à Kim Jong Un.
Le républicain a remanié la Cour suprême à sa guise, offrant une victoire retentissante aux conservateurs sur l’avortement. Il a testé les limites des institutions démocratiques, insulté la presse.
Son premier mandat restait terni par son incapacité à se faire réélire en 2020.
Sa victoire face à Kamala Harris fait office de revanche pour ses partisans; de coup de massue pour ses opposants, convaincus qu’ils avaient définitivement fermé la parenthèse Trump.
Bien au contraire: le républicain continue d’écrire une page en tout point unique de l’histoire du pays.