Homo-numéricus, homme réseau ou homme téléphone, peu importe l’expression considérée? La stratégie actuelle des réseaux sociaux consiste à capter nos cerveaux en créant des îlots de personnes idiotes virtuelles. Avec l’usage incontrôlé de ces réseaux, nos cerveaux sont envahiss et asservis par les écrans. Ce symptôme affecte beaucoup plus les imaginaires sociaux de nos enfants, catégorie fragile, vulnérable et souvent perdus lorsqu’il faut distinguer le réel et le virtuel.
Ainsi, confortées dans cette mécanique par la montée en puissance de l’économie du plaisir virtuel, les plateformes numériques et autres objets connectés ont réussi leur coup; coloniser notre attention et broyer notre temps en tirant le maximum de rentabilité.
Sommes nous entrain de vivre la fin de l’humain quand aux yeux de tous et de toutes, la civilisation du numérique prend peu à peu place dans nos liens sociaux, dans nos rapports intimes et dans ce qui fait la quintessence de l’humain, c’est à dire la confiance et les souci de l’autre.
Qu’appelle t-on incivilités numériques?
Figurez-vous, une étude faite par des penseurs anglo-saxons montre que les incivilités numériques sont tout simplement la face invisible de nos pratiques et comportements déviants de tous les jours. Elles portent en elles les marques évidentes de stresseurs chroniques répétés qui finissent par créer une altération de notre environnement de vie, des scènes d’épisodes traumatiques subies, une érosion de la confiance entravée par le déficit de coopération et la faible ou l’absence d’attention, de respect et de motivation dans nos échanges téléphoniques.
En effet, la tyrannie et le désordre total dans la communication, nous y sommes de plein pied. Dis de cette manière, on semblerait être dans un raccourci facile, très rapide mais pourtant qui révèle ce constat assez amer que nos rapports sociaux et notre communication se portent très mal aujourd’hui. Pour cause, le numérique qui devrait être notre plus grand cadeau est devenu notre plus danger.
Et, si nous indexons les outils de communication numérique, c’est qu’ils constituent sans nul doute les nouveaux canaux de diffusion de ces pratiques, avec leur potentiel rapide de diffusion, de démultiplication et d’exposition des personnes sous le couvert de la distance, de l’absence physique de l’autre ou parfois de l’anonymat.
Les exemples fusent comme des champignons: combien de fois sommes nous victimes d’appels d’inconnus, qui se targuent de nous dire tout ce qui leur vient au coeur, qui nous retiennent à écouter de force des messages désobligeants, des propos sans intérêt, sans fonds ni forme ou tentent de nous drainer par tous les moyens dans cette spirale d’arnaques, de détournements et de chantages à travers des vidéos ou des images intimes et malsaines.
Combien de fois avons nous été victimes de coups bas du genre mensonges, trahisons, des appels espionnés occasionnant des divorces, des conflits de parents, la séparation entre amis, ou tout simplement le désir de détruire de l’autre.
Combien de fois avons nous reçu des appels délibérés ou soient disant de faux destinataires, des insultes, des propos malplacés d’individus malintentionnés, de coups de fil perturbateurs à des périodes sensibles: plein sommeil, autour du repas, pendant les douches, au repos ou dans les arcanes de l’intimité conjugale.
Les incivilités numériques ce sont également toutes ces scènes de dérangements occasionnées délibéremment avec des appels bruyants au niveau des banques, des mairies, des services, des occasions de rencontres professionnelles et familiales, sociales commes les baptèmes, les réunions, dans les salles de classe, les conférences, les lieux de prières et de recueillement, les sonneries intempestives et ininterrompues ignorées qui à la longue deviennet virales ,voire impardonnables au plus grand mépris des personnes. Quid des communications téléphoniques en pleine rue ou au volant qui révèlent un véritable déficit de citoyenneté chez nous.
Avons nous conscience qu’au niveau de nos familles et dans les lieux de regroupements, l’humain est absent et s’effrite petit à petit, parce que les portables, les tablettes et autres jouets numériques y ont pris place et sont devenus l’interface et l’objet privilégié des échanges sociaux. Grâce à ce décor macabre, nos grandes cours familiales, nos petits palabres jadis vivants ou se rencontraient frères et soeurs, enfants et adultes, voisins et amis sont devenus des nids vides abandonnés à la promotion et au renforcement de l’esprit individualiste faisant place à une sociabilité virtuelle.
Le syndrome dit de la nomophobie (la peur de se séparer de son téléphone) a créé une situation de dépendance et d’addiction chroniques au numérique, une érosion des rapports sociaux et un environnement d’échanges nocifs.
Ces conduites mal aimées de la société, on les retrouvera dans toutes les sphères de notre quotidien, au travail, dans les maisons, la rue, les bureaux, les services, le sport, dans le transport, au marché bref partout ou nous avons des intéractions humaines.
Bref, à travers les réseaux sociaux, nous semblons révéler toutes les facettes et les expériences secrètes les plus sublimes de notre vie, d’ou des blessures invisibles de la société.
Un autre manquement est ici notre incapacité à faire bon de usage de ces réseaux et de la communication via les technologies.
Pourtant, de l’avis de Laurence Devillers, à cette époque actuelle de l’évolution humaine, nous vivons l’inévitable coopération avec le numérique et les intéractions entre homme et machines sont obligatoires.
Il est tant vrai que parlant de ces pratiques d’incivilités, il est difficile de révéler le caractère intentionnel ou non des personnes souvent ambigue et dépendante des contextes et circonstances, mais faudrait il aussi mettre un focus sur l’éducation au numérique pour ne pas produire des citoyens-objets et dresser le projet de société que nous voulons avoir demain sans tuer l’humain.
Ghansou Diambang, Sociologue et Travailleurs Social
Tel: 77 392 86 58/76 847 75 99 Mail: gdiambang@yahoo.fr