Dans son dernier long-métrage « Nightbitch », la réalisatrice Marielle Heller évoque les différentes facettes de la maternité, avec un slogan épique « Motherhood is a bitch », qu’on peut traduire par « la maternité est une garce ».
« Nightbitch », dont la première a eu lieu au Festival international du film de Toronto (TIFF) samedi, met en scène Amy Adams dans le rôle de Mother, une artiste devenue une mère au foyer épuisée qui s’occupe d’un bambin turbulent tandis que son mari voyage souvent pour le travail.
De plus en plus isolée et dépassée, Mother commence à entendre des choses dans la nuit et à voir apparaître des plaques capillaires inhabituelles. Est-elle en train de se transformer en un véritable chien?
Basé sur le roman éponyme de Rachel Yoder paru en 2021, « Nightbitch » explore les différentes facettes de la maternité – l’émerveillement et la joie, mais aussi la noirceur et l’épuisement – avec des doses égales de comédie, de drame et de réalisme magique.
Le film ne manquera pas de toucher la corde sensible de millions de femmes qui ont dû faire des choix difficiles en matière d’éducation, de carrière et de mariage, et qui se sont parfois retrouvées déçues.
« Nous ne sommes pas très à l’aise de parler de la rage féminine », a déclaré Marielle Heller lors d’une séance de questions-réponses après la projection. « Cela m’a fait du bien de rendre visible cette expérience invisible que beaucoup d’entre nous ont vécue ».
La réalisatrice est une habituée du TIFF, le plus grand festival de films d’Amérique du Nord, qui se déroule jusqu’au 15 septembre et qui offre une vitrine aux films qui veulent attirer l’attention des Oscars, aux productions de divertissement destinées au grand public, aux films indépendants et aux documentaires d’actualité.
Dans ce film Amy Adams, 50 ans, six fois nommée aux Oscars, prend son rôle à bras-le-corps et pourrait bien faire partie des discussions pour une récompense l’année prochaine en raison de sa performance pleine de gravité et sans retenue.
Elle livre sans crainte des monologues intérieurs sur les frustrations et la monotonie abrutissante du rôle de mère, s’emporte contre les cris des autres enfants pendant l’heure du conte à la bibliothèque et donne des coups de patte au sol lors de l’une de ses sorties nocturnes.
Pour l’actrice, la parentalité est « une expérience commune et, pourtant, elle n’est pas partagée ». « C’est donc un véritable privilège que de pouvoir partager cela avec vous tous », a-t-elle déclaré lors de la séance de questions-réponses.
Scoot McNairy, qui incarne son mari, a fait part de ce qu’il avait retenu de cette expérience: « Ne pas expliquer la maternité aux femmes ».
– Paradis perdu –
La première mondiale du film « Eden » du réalisateur oscarisé Ron Howard a également eu lieu samedi à Toronto. Il s’agit d’un thriller de survie qui se déroule dans les îles Galapagos après la Première Guerre mondiale.
Le film, qui met en scène Jude Law et Sydney Sweeney, se base sur l’histoire vraie d’un petit groupe d’Européens à la recherche d’une nouvelle vie loin des horreurs et des contraintes de la société.
Jude Law incarne Friedrich Ritter, qui s’échappe sur l’île de Floreana avec sa compagne Dora (Vanessa Kirby) pour profiter de la solitude et rédiger un manifeste.
Mais ses lettres, ramassées par des bateaux locaux, sont publiées sur le continent et d’autres suivent son exemple en s’installant sur l’île.
Un jeune couple d’Allemands (Sydney Sweeney et Daniel Brühl) débarque, suivi par la baronne Eloise (Ana de Armas) et son entourage, qui rêve de construire un hôtel haut de gamme.
Bien que les conditions météorologiques et le terrain s’avèrent difficiles, les plus grands obstacles à surmonter viennent de la communauté elle-même.
« C’est ce que ces gens ont vécu et j’ai trouvé cela fascinant, tout à fait humain, et étonnamment proche de l’existence humaine d’aujourd’hui et de tous ses travers, ses bizarreries », a déclaré Ron Howard lors d’une séance de questions-réponses après la première.
Sydney Sweeney a insisté sur le fait que c’était « le rêve de tout acteur » de travailler avec le cinéaste de 70 ans, qui a remporté les Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur pour « Un Homme d’exception » en 2001.
Jude Law s’est de son côté réjoui d’avoir eu l’occasion de travailler avec un ensemble d’acteurs, précisant que « cela n’arrive pas souvent ».