mercredi, octobre 16, 2024

Brésil: Lula limoge un ministre accusé de harcèlement sexuel

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Miguel SCHINCARIOL

Confronté à la première affaire de mœurs au sein de son gouvernement, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a limogé vendredi son ministre des Droits humains, Silvio Almeida, accusé de harcèlement sexuel par plusieurs femmes, dont une autre ministre.

Le président de gauche « a décidé de limoger le titulaire du portefeuille des Droits humains » après l’avoir « convoqué pour une rencontre au Palais de Planalto » au sujet des « graves dénonciations » portées contre lui, selon un communiqué publié par la présidence.

« Le président considère que le maintien du ministre à son poste est intenable, en raison de la nature des accusations de harcèlement sexuel », poursuit ce communiqué.

Silvio Almeida, 48 ans, a nié ces accusations avec véhémence dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, les qualifiant de « mensonges » et évoquant une « campagne » pour « affecter » son « image d’homme noir occupant une position en vue dans les pouvoirs publics ».

Avocat et juriste, cet universitaire est une figure reconnue du milieu intellectuel afro-brésilien.

Le scandale a éclaté jeudi soir, quand le site Metropoles a révélé que l’association Me Too Brasil avait reçu des dénonciations de plusieurs femmes, dont celle de la ministre de l’Egalité raciale, Anielle Franco, une militante respectée de la cause noire.

Le suspense a donc duré à peine une journée. La Première dame, Rosangela da Silva, dite « Janja », connue pour son engagement féministe, avait déjà donné une indication du dénouement vendredi dans la matinée, en publiant sur Instagram une photo d’elle embrassant Mme Franco sur le front.

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EVARISTO SA

Et Lula lui-même avait déclaré à une radio que « quelqu’un qui pratique le harcèlement ne peut pas rester au gouvernement », tout en soulignant qu’il fallait garantir au ministre « la présomption d’innocence ».

– Cinquième départ –

Me Too Brasil a confirmé avoir reçu les dénonciations évoquées par Metropoles, expliquant que les femmes concernées avaient « reçu un soutien psychologique et juridique ».

Une enquête préliminaire a été ouverte par la police fédérale, ainsi qu’une procédure au sein de la Commission d’éthique publique du gouvernement.

La ministre de l’Egalité raciale, Anielle Franco, 40 ans, ne s’est pas encore prononcée publiquement sur le sujet.

Nommée à ce nouveau portefeuille créé par le président Lula au début de son troisième mandat, en janvier 2023, elle est la soeur de Marielle Franco, une conseillère municipale de Rio de Janeiro criblée de balles dans sa voiture en 2018. L’assassinat avait suscité une vive émotion au Brésil et au-delà.

L’épouse de Silvio Almeida, Edneia Carvalho, avec qui il a une fille d’un an, a qualifié sur Instagram les soupçons qui pèsent sur son mari d' »injustes » et « absurdes ».

Il s’agit du premier scandale de cette ampleur depuis le retour au pouvoir de Lula, après deux mandats de 2003 à 2010.

Quatre autres ministres ont quitté le gouvernement depuis le début de son troisième mandat en janvier 2023, mais ces remaniements étaient souvent liés à des accords avec des partis en vue de conforter sa base parlementaire.

En juin, la police fédérale a recommandé l’inculpation de Juscelino Filho, ministre des Communications, pour corruption et association de malfaiteurs. Ce dernier a clamé son innocence et n’a pas été écarté du gouvernement.

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