Le ministre serbe de l’Intérieur a affirmé vendredi avoir ordonné à ses services de ne plus recourir à une liste controversée de 300 militants presque systématiquement arrêtés aux frontières, lors d’une audition parlementaire sur la gestion des manifestations anti-lithium.
« J’ai demandé à ce que ces listes ne soient plus utilisées, du moins en ce qui concerne le ministère de l’Intérieur » a déclaré Ivica Dacic aux députés, « j’espère que d’autres agences suivront également la recommandation du président » Aleksandar Vucic, qui a promis fin août la suppression de cette liste.
Ces dernières semaines, plusieurs militants et militantes ont affirmé avoir passé des heures coincés aux frontières serbes.
Les parlementaires d’opposition avaient demandé l’audition d’Ivica Dacic pour l’interroger sur les arrestations et intimidations visant selon eux les opposants à un vaste projet d’extraction de lithium par le géant minier australien Rio Tinto dans l’ouest de la Serbie.
Les députés accusent le gouvernement d’avoir usé d’arrestations injustifiées, d’écoutes téléphoniques, de détentions arbitraires et d’intimidation.
Depuis l’annonce de la reprise des travaux exploratoires à Jadar, des milliers de personnes manifestent régulièrement contre l’extraction de lithium, qui entraine selon eux un désastre environnemental.
« En 99 manifestation, 38 personnes ont été interpellés » a dit M. Dacic, dont deux ont été incarcérées, et des poursuites ont été engagées contre 21 autres.
Dans son rapport 2023 sur la Serbie, Amnesty International note que les manifestations, principalement celles visant à la défense de l’environnement, « se déroulent sous forte présence policière, et les participants sont régulièrement soumis à un usage excessif de la force ».
Le 19 juillet, une semaine après le feu vert de Belgrade à la relance de l’extraction, la Serbie et l’Union européenne ont signé un partenariat pour assurer l’approvisionnement en lithium, considéré comme crucial dans le cadre de la transition écologique.