mercredi, mai 15, 2024

« Des gens meurent pour une boîte de thon »: les habitants de Gaza se ruent sur l’aide larguée

Ne ratez pas!

Après des mois de « silence assourdissant », le Conseil de sécurité de l’ONU a enfin exigé lundi un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza, un appel bloqué plusieurs fois par les Etats-Unis qui se sont cette fois abstenus, provoquant la colère de leur allié israélien.

La résolution, adoptée sous les applaudissements par 14 voix pour, et une abstention, « exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan » –qui a déjà commencé il y a deux semaines–, devant « mener à un cessez-le-feu durable », et « exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ».

« Enfin, le Conseil de sécurité prend ses responsabilités » pour arrêter « ce bain de sang », a salué l’ambassadeur algérien Amar Bendjama.

Ce « jour historique » doit « être un tournant (…), le signal de la fin de cet assaut d’atrocités contre notre peuple », a renchéri la voix serrée l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour.

De nombreux membres du Conseil, tout comme le porte-parole de l’ONU, ont insisté sur le fait que ce texte fait loi, mais les Américains assurent qu’il n’est « pas contraignant ».

Les résolutions du Conseil sont de toutes façons souvent ignorées par les pays concernés.

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a d’ailleurs déjà assuré qu’Israël ne mettrait pas fin à sa guerre « tant qu’il y a des otages à Gaza ».

Ne pas appliquer cette résolution serait « impardonnable », a jugé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

La résolution « reconnaît » l’existence des pourparlers menés par le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis pour une trêve en échange des otages capturés lors de l’attaque sanglante et sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.

Mais l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield, a elle insisté sur un lien entre cessez-le-feu et libération des otages, mettant la pression sur le Hamas.

« Pas de changement de cap » 

« Un cessez-le-feu peut commencer immédiatement après la libération d’un premier otage (…) C’est le seul moyen d’assurer un cessez-le-feu et la libération des otages », a-t-elle déclaré.

Si la Maison Blanche a assuré que l’abstention américaine n’était pas un « changement de cap », Israël a malgré tout annulé la visite d’une délégation à Washington.

Vendredi, la Russie et la Chine avaient mis leur veto à un projet de résolution américaine soulignant la « nécessité » d’un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza, en lien avec les négociations sur le terrain. 

Certains observateurs y avaient vu une évolution substantielle de la position de Washington, sous pression pour limiter son soutien à Israël alors que l’offensive israélienne a fait plus de 32.000 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Les Etats-Unis s’étaient en effet jusqu’alors systématiquement opposés au terme « cessez-le-feu », bloquant trois projets de résolution en ce sens. Mais le texte américain rejeté n’appelait pas explicitement à un cessez-le-feu immédiat.

Et après le ramadan? 

La résolution adoptée lundi est issue du travail de membres non-permanents du Conseil, qui ont négocié tout le week-end avec les Etats-Unis pour tenter d’éviter un nouvel échec.

La résolution réclame d’autre part la « levée de tous les obstacles » à l’aide humanitaire.

Le Conseil, largement divisé sur le dossier israélo-palestinien depuis des années, n’avait jusqu’alors pu adopter sur cette question depuis le 7 octobre que deux résolutions (sur neuf soumises au vote), essentiellement humanitaires. Sans grand résultat: l’entrée de l’aide à Gaza, assiégée, reste largement insuffisante et la famine plane.

La nouvelle résolution condamne d’autre part « tous les actes terroristes », mais sans mentionner les attaques du Hamas du 7 octobre qui ont entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Le Conseil et l’Assemblée générale n’ont jamais spécifiquement condamné les attaques du Hamas du 7 octobre, une absence systématiquement fustigée par Israël.

Alors que la résolution adoptée lundi se concentre sur le ramadan, plusieurs pays ont insisté sur la nécessité d’une vision à plus long terme pour permettre notamment de faire taire les armes de façon permanente.

Le Conseil devra « oeuvrer au relèvement et à la stabilisation de Gaza » et « remettre un processus politique sur les rails visant à l’établissement de la solution des deux Etats », a insisté l’ambassadeur français Nicolas de Rivière, félicitant le Conseil d’être sorti de son « silence assourdissant ».
 

Articles récents

Notre sélection pour vous