« Doucement » mais sûrement: les tracteurs sont de nouveau sur les routes lundi pour une nouvelle journée de mobilisation des agriculteurs, avec des blocages en cours en région et autour de Paris en préparation, et le déploiement de 15.000 membres des forces de l’ordre.
Au total, huit « points de blocage » sur de grandes autoroutes à quelques kilomètres ou dizaines de kilomètres du périphérique parisien sont prévus par les syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) à partir de 14H00, mais avec pour mot d’ordre un « siège » de la capitale, sans limite de temps.
Selon la gendarmerie, 30 départements sont touchés et 16 autoroutes concernées.
En début d’après-midi, le blocage de Paris n’avait pas encore commencé. Selon les renseignements territoriaux, il y avait « près de 800 tracteurs » dans le bassin parisien.
Le gouvernement a annoncé que 15.000 membres des forces de l’ordre étaient mobilisés pour empêcher que les tracteurs n’entrent dans « Paris et les grandes villes », le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin demandant de la « modération » à ses troupes.
Les renseignements territoriaux ont relevé lundi l’« encadrement rigoureux » des actions par les syndicats agricoles et « une certaine forme de coordination avec les autorités pour préserver la sécurité (…) et conserver une image favorable d’un mouvement soutenu par la population ».
« Pas de violence »
Parfois débordés par leur base au début d’un mouvement parti du sud-ouest et aux revendications multiples selon les territoires, les filières et les modèles agricoles, les syndicats accompagnent une mobilisation qu’ils veulent voir durer.
Aucune région de France ne sera épargnée par les blocages routiers, a prévenu le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, mais il y aura « des roulements » pour permettre aux manifestants de se reposer, dans l’attente de nouvelles annonces du Premier ministre.
Selon le responsable syndical, il est « prévu » qu’il parle dans la journée avec Gabriel Attal.
Ce dernier avait dévoilé vendredi des mesures d’urgence, dont l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique, des sanctions lourdes contre trois industriels de l’agro-alimentaire (non nommés) ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.
Encore insuffisant pour les syndicats.
« Les promesses ça va un moment, mais on veut du concret », résume Vincent Bertin, éleveur dans le Pas-de-Calais qui a rejoint lundi matin un nouveau blocage sur l’A16 près de Boulogne-sur-Mer. « On ne va pas continuer à travailler 365 jours par an et ne pas être rémunérés dignement ».
« Doucement »
Dans l’Oise, au nord de Paris, les agriculteurs doivent entrer sur l’A1 pour se diriger vers le sud. Ils s’arrêteront au niveau de l’aire de repos de Chennevières où ils comptent rester « au moins trois jours », selon Alice Avisse, présidente de la FDSEA de l’arrondissement de Senlis.
Le blocage de Lyon a débuté « doucement » lundi, « le gros des troupes arrivera demain », selon Michel Joux, patron de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.
Déjà bloquée dans les deux sens entre Chanas (Isère) et Orange (Vaucluse), l’A7 est désormais « coupée » en plusieurs point au sud de Lyon dans les deux sens, selon Vinci Autoroute.
De sources préfectorales, on signale des blocages sur : l’A43 à hauteur de Saint-Clair-de-la-Tour, l’A48 à Grenoble, l’A49 dans la Drôme…
De nombreuses routes nationales sont bloquées en Bretagne. Pas de blocage de l’A1, l’autoroute qui dessert tout le nord de l’Europe, mais un durcissement dès mardi, avec « un petit tour en GMS » (supermarchés) a promis Simon Ammeux, de la FDSEA du Nord.
« On ne veut pas mettre la pagaille tout de suite », car des annonces du gouvernement sont encore attendues, a expliqué Régis Desrumeaux, président de la FDSEA de l’Oise.
Une trentaine de tracteurs ont pris la route d’Agen dans la matinée en direction du marché de Rungis (Val-de-Marne), à l’appel du syndicat
Coordination rurale, avec une arrivée prévue « mardi soir ou mercredi matin », a déclaré à l’AFP Serge Bousquet-Cassagne, 64 ans, président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne
Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a confirmé sur France 2 que de nouvelles mesures seraient annoncées « dans les 48 heures » pour « compléter et montrer la globalité » de la réponse du gouvernement face à une crise « multiple ».
Depuis la préfecture du Val-de-Marne à midi, il a précisé qu’il continuait à travailler sur les premières mesures de simplification annoncées par le Premier ministre et qu’il défendrait cette semaine à Bruxelles une révision de certaines décisions, plaidant notamment pour le maintien d’une dérogation de la mise en culture des terres en jachère.
Gabriel Attal a concédé dimanche qu’il n’avait « pas répondu encore » à « ce qui constitue le malaise et le mal-être de nos agriculteurs aujourd’hui ».
A Paris, des militants de Greenpeace ont déployé une grande banderole sur le pont de la Concorde, pour affirmer un soutien aux agriculteurs et exiger du gouvernement un cap clair pour soutenir la transition agro-écologique, a constaté l’AFP.