Furieux ou animés d’espoir, des centaines voire quelques milliers d’europhiles ont manifesté samedi à Londres en faveur du retour du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne.
Les manifestants ont convergé sur Parliament Square, ou un écran géant proclamait « on veut récupérer notre étoile ». Drapeaux européens et des pays membres sont arrivés sur la place, où retentissait l’Hymne à la Joie de Beethoven joué à la cornemuse, au milieu de pancartes « Les Tories (les conservateurs au pouvoir NDLR) dehors, rejoignons l’UE », ou « Liberté de mouvement », et d’autocollants « merde au Brexit ».
« Absolument furieuse », Rachel Ashley, responsable d’une association locale pour la réintégration de l’UE, met en cause les « médias contrôlés par les mêmes intérêts qui nous ont apporté le Brexit », qui « font de l’argent en vendant » ce qu’elle appelle la « pornographie de l’indignation ».
Immenses lunettes en forme d’étoile sur le front, elle affirme connaître des gens qui ont voté pour le Brexit en 2016 et sont aujourd’hui « véritabement mortifiés », « ils ont tellement honte », « ils réalisent ce qu’ils ont fait » et ont été pris « pour des imbéciles ».
Actuellement, aucun grand parti ne propose le retour du Royaume-Uni dans l’UE. Mais Rachel Ashley garde espoir qu’une fois qu’un responsable politique commencera à « vaciller », tous le feront.
– « Terrible pour tout le monde » –
« Je suis européenne, et me prendre ça, c’est cruel, tout comme le prendre à mes enfants et mes petits enfants », peste Frances Smith, retraitée de 68 ans, béret aux couleurs du drapeau de l’UE sur la tête.
« Ils voudraient peut-être tomber amoureux en France ou vivre en Italie », « je ne comprends pas pourquoi on quitte le plus grand marché pour rejoindre un autre marché idiot à des kilomètres et des kilomètres, en abîmant la planète », « pourquoi faire ça !? Pourquoi faire que l’Australie nous envoie son boeuf et détruise nos exploitations agricoles ? »
« On veut revenir en Europe, on est européens », lance Elizabeth Facer ex-professeure de français, Elizabeth Facer, 64 ans. « On n’est pas cette petite île isolée », explique-t-elle, « c’est très très triste pour nos jeunes ».
« Peu à peu les gens réalisent à quel point » le Brexit « est terrible pour tout le monde » au Royaume-Uni, et pas seulement chez les europhiles de toujours, fait-elle valoir.
Selon un sondage YouGov en août, plus de 60% des Britanniques jugent que le Brexit est un échec, mais restent prudents: 59% sont contre la tenue d’un référendum cette année, mais 46% sont favorable à son organisation dans 10 ans.
Etudiante de 19 ans, Elowenn Tuhill avait 12 ans lors du référendum. Les jeunes voudraient avoir « leur mot à dire », tout comme beaucoup de gens qui pensent qui se sentent trompés et « voudraient un autre vote sachant ce qu’ils savent aujourd’hui », dit-elle, « optimiste » qu’un nouveau vote puisse être organisé.