Sonnés par la perte de la majorité absolue, les partisans d’Emmanuel Macron ont appelé à « dépasser les clivages » pour construire une « majorité d’action », dimanche après les élections législatives marquées par une « déroute totale » du camp présidentiel aux yeux de Jean-Luc Mélenchon, le RN saluant de son côté un « tsunami » en sa faveur.
Le camp Macron arrive, certes, en tête, mais très loin de la majorité absolue et nombre de ses cadres – dont Richard Ferrand et Christophe Castaner – sont battus. La gauche réalise une forte percée et le Rassemblement national un score historique.
« Main tendue » de la macronie pour une « majorité d’action »
« La situation est inédite. Jamais l’Assemblée nationale n’a connu une telle configuration sous la Ve République. Cette situation constitue un risque pour notre pays », a réagi la Première ministre Elisabeth Borne, élue de justesse dans le Calvados.
« Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d’action. Il n’y a pas d’alternative à ce rassemblement pour garantir à notre pays la stabilité et conduire les réformes nécessaires », a insisté Elisabeth Borne, alors que la coalition présidentielle échoue largement à s’assurer la majorité absolue.
Plus tôt dans la soirée, la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire avait déjà évoqué une « main tendue »: « on composera avec tous ceux qui veulent faire avancer le pays ».
« Nous allons très vite construire une majorité absolue à l’Assemblée nationale », a promis le ministre des Relations avec le Parlement, Olivier Véran. « D’autres groupes nous permettront d’obtenir le quota de voix suffisant pour présenter les réformes et faire adopter les textes », a avancé l’ex-ministre de la Santé.
Fin de non-recevoir mais débat en vue chez LR
Premier à répondre à cette « main tendue »: l’ancien ministre de droite Jean-François Copé. « Depuis des semaines, je répète qu’un pacte de gouvernement est vital entre Macron et LR afin de lutter contre la montée des extrêmes », a-t-il écrit sur Twitter. L’ancien ministre défendra cette ligne lundi devant le Conseil stratégique de LR.
Mais le patron des Républicains (LR) Christian Jacob a opposé une fin de non-recevoir aux appels du pied de la macronie: « nous sommes dans l’opposition, nous resterons dans l’opposition », a-t-il assuré.
« Jean-François Copé s’exprime a titre personnel », a ajouté M. Jacob, qui a vu dans ce second tour un « échec cinglant pour Emmanuel Macron qui paie le cynisme qui a été le sien d’avoir en permanence instrumentalisé les extrêmes ».
« Ce n’est pas à nous d’aller sauver Emmanuel Macron », a renchéri le secrétaire général du parti, Aurélien Pradié, réélu dans le Lot.
Mélenchon: « déroute totale » de Macron
De son côté, le meneur de l’alliance de gauche Nupes Jean-Luc Mélenchon a qualifié le score de la macronie de « déroute totale ».
« Aucune majorité ne se dégage », a jugé le leader Insoumis, qui a balayé les appels au dépassement lancés par la macronie. « Il n’y a aucun clivage à dépasser avec nous parce que nous ne sommes pas du même monde », « nous n’avons pas les mêmes valeurs ».
Pour le député LFI Eric Coquerel, « Elisabeth Borne est illégitime », et la Nupes déposera « bien évidemment » une motion de censure à l’Assemblée nationale contre son gouvernement.
« La retraite à 65 ans a sombré », a de son côté jugé le député Nupes Alexis Corbière, réélu dès dimanche dernier en Seine-Saint-Denis.
La gauche a également rapidement instruit le procès de la macronie, tenue responsable de la percée du Rassemblement national.
« La confusion sur le barrage républicain et la banalisation de l’extrême droite entretenue par le chef de l’Etat lui-même ainsi que par LREM ne pouvait pas rester sans conséquence… Pour le président, ce soir, c’est la défaite et le déshonneur », a jugé l’eurodéputé écologiste David Cormand.
« Tsunami »: le RN exulte
Le Rassemblement national est en passe d’obtenir « de loin le groupe le plus nombreux de l’histoire de notre famille politique » à l’Assemblée, a réagi, radieuse, la présidente du parti d’extrême droite, Marine Le Pen.
« Nous incarnerons une opposition ferme, sans connivence, responsable, respectueuse des institutions, parce que notre seule boussole, c’est l’intérêt de la France et du peuple français », a affirmé la finaliste de la présidentielle, largement réélue dans le Pas-de-Calais.
« C’est une vague bleue marine partout dans le pays. L’enseignement de ce soir, c’est que le peuple français a fait d’Emmanuel Macron un président minoritaire », s’est réjoui le président intérimaire du RN, Jordan Bardella.