mercredi, avril 24, 2024

Aminata Mimi TOURE : « Il faut revoir notre système de gouvernance »

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Les Etats africains sont invités à plus rapprocher les populations de l’administration. Une manière de solidifier les démocraties quelque peu malmenées sur le continent, de l’avis de l’ancien Premier ministre, Aminata Touré. 

Les gouvernances africaines, une pâle copie du système occidental. Une critique acerbe mais quelque part constructif. «Il faut revoir notre système de gouvernance qui est resté calqué sur le modèle colonial. Du temps de la colonie, l’administration était là pour servir la métropole. On a gardé ce type d’administration. Pourtant, à la base, l’esprit de la décentralisation, c’était justement d’aller à la rencontre des populations», a avoué l’ancien Premier ministre Aminata Touré soulignant que les élites sont assez souvent coupées du reste de la population. «Une fois que vous êtes élu, vous êtes dans votre ministère avec vos gardes du corps. Ce type de gouvernance là, est révolu. Il faut aussi changer cette mentalité de tout attendre des Etats. Puisqu’il faut que les populations prennent en main leur propre développement», a-t-elle indiqué à New african magazine. D’une manière générale, poursuit Aminata Touré, la démocratie africaine avance lentement mais sûrement. «Il faut le solidifier et pour ça il faut trois choses : la première chose, une excellente gouvernance des ressources publiques avec la promotion par le mérite. La deuxième chose, l’implication des femmes qui représentent 52 % de la population. La troisième chose, une jeunesse plus participative, inclusive dans les politiques de développement», a-t-elle argumenté.

Des éléments clés qui à ses yeux, vont impulser une nouvelle dynamique à la démocratie africaine. «Evidemment, on regrette les coups d’Etat qui se passent en Afrique. Et on espère pour bientôt le retour de l’ordre constitutionnel. Cela doit se faire en collaboration, avec les pouvoirs militaires en place. Il faut privilégier la discussion, la concertation et ça nous savons si bien le faire en Afrique de l’Ouest», a-t-elle poursuivi, ajoutant qu’il faut revoir cette manière d’associer l’Afrique à des coups d’Etat. «Il faut relativiser. L’Afrique, ce sont quelque 54 Etats, trois coups d’Etats donc, faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Et cela, je le dis à l’endroit des médias occidentaux qui ont tendance à généraliser», a-t-il expliqué en appuyant son argumentaire sur le cas du Sénégal qui n’a jamais connu de coups d’Etat. «On se demande si c’est fait exprès ou pas. Je me suis toujours érigée contre cette façon de mettre toute l’Afrique dans le même sac, de ne voir que le côté négatif dans le continent. La démocratie a beaucoup progressé en Afrique. Même s’il y a encore des points chauds mais il y en a de moins en moins de coups d’Etat. Ces ‘’putchs’’ traduisent des crises institutionnelles, des contestations électorales et surtout l’incapacité des régimes à certains endroits à gérer la question de la sécurité», a-t-elle regretté avant d’indiquer que la démocratie ne saurait être réduit à des consultations électorales.

C’est beaucoup plus que ça, tonne-t-elle. «Et c’est important que les régimes démocratiques le comprennent. Les citoyens doivent sentir une amélioration notoire de leur niveau de vie. La jeunesse africaine aspire à des standards de vie comme tout un chacun dans le monde», minaude Aminata Touré. Et de renchérir : «L’élite africaine doit donner le bon exemple en termes de sobriété, de mode de vie, d’action. Nos élites mènent une vie assez riche alors que le peuple se meut dans la pauvreté. Il faut favoriser en Afrique des gouvernances beaucoup plus sobres. C’est ce qui renforce la confiance des populations envers ceux qui les dirigent», a-t-elle renchérit.

WalfNet

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