jeudi, mars 28, 2024

Deux journalistes inculpés après la fermeture de Stand News à Hong Kong

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Deux journalistes du site d’information pro-démocratie Stand News ont été inculpés de « sédition » jeudi à Hong Kong après l’opération de police de la veille contre ce média, qui a déclenché une vague internationale de réprobation.

La police hongkongaise a « inculpé deux hommes âgés de 34 et 52 ans, et une société de média en ligne, pour conspiration en vue de réaliser une publication séditieuse », a-t-elle annoncé dans un communiqué.

Selon des documents judiciaires, il s’agit du rédacteur en chef de Stand News Patrick Lam et de son prédécesseur Chung Pui-kuen, arrêtés mercredi en même temps que cinq autres personnes liées au média. L’entreprise éditrice du site, Best Pencil, est également poursuivie.

Selon l’acte d’accusation, ils ont également été inculpés d’apologie de « la haine et de l’outrage » et d’avoir « incité au mécontentement » contre le gouvernement « et à la violence ».

Jeudi, un tribunal a refusé d’accorder la liberté sous caution aux deux hommes, déclenchant des murmures et des larmes dans le public, largement composé de nombreux employés de Stand News.

Seul M. Chung a comparu, adressant des signes de tête à ses soutiens, M. Lam étant hospitalisé, selon son avocat.

Dans un communiqué, le bureau de liaison du gouvernement central chinois à Hong Kong a estimé que « déférer devant la justice les membres de Stands News concernés est une façon de faire en sorte que les méchants aient ce qu’ils méritent et n’a rien à voir avec la liberté de la presse ».

La police a perquisitionné mercredi le siège de Stand News et les domiciles de plusieurs de ses employés, et a gelé 61 millions de dollars de Hong Kong (7 millions d’euros) d’avoirs de la société éditrice.

Outre MM. Lam et Chung, une ancienne journaliste et quatre ex-membres du conseil d’administration du média ont été arrêtés, dont la star de la pop cantonaise Denise Ho et l’avocate et ancienne membre du Conseil législatif de Hong Kong Margaret Ng.

Le site, fondé en 2014 et très actif pendant les manifestations antigouvernementales en 2019 qu’il filmait régulièrement en direct, a annoncé mercredi qu’il fermait et licenciait tous ses employés.

Il s’agit du deuxième média indépendant à disparaître à Hong Kong depuis que les autorités locales fidèles à Pékin ont entamé une implacable reprise en main de la ville l’an dernier.

En juin, le quotidien pro-démocratie Apple Daily avait fermé après l’arrestation de ses dirigeants et le gel de ses actifs.

– Réprobation internationale –

Venu assister à l’audience, un journaliste de Stand News, qui y travaille depuis sa création en 2014 a indiqué à l’AFP se sentir « vide et impuissant »: « Nous n’avons rien fait d’autre que relater des faits ».

Le raid policier contre le média a été condamné par les gouvernements de nombreux pays à travers le monde.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a averti que la répression de la presse nuisait à la réputation de la ville en tant que place financière internationale. « En réduisant au silence des médias indépendants, la Chine et les autorités locales sapent la crédibilité et la viabilité de Hong Kong », a dit le chef de la diplomatie américaine dans un communiqué.

« Le journalisme n’est pas de la sédition », a-t-il souligné, appelant Pékin et les autorités hongkongaises à « cesser de s’en prendre aux médias libres et indépendants de Hong Kong ».

La cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam lui a répondu jeudi partager son sentiment que le « journalisme n’est pas de la sédition », mais les actes séditieux « ne peuvent être tolérés sous prétexte de reportages ».

Ces mesures « n’ont rien à voir avec la soi-disant répression de la liberté de la presse ou de la démocratie, comme certains l’affirment », a-t-elle dit.

Le chef de la police de sécurité nationale de Hong Kong, Steve Li, avait accusé mercredi Stand News d’avoir publié des articles et billets de blog « séditieux » entre juillet 2020 et novembre 2021.

« Ils ont décrit des manifestants à Hong Kong comme ‘portés disparus’ ou ‘violés’… Ce sont des allégations malfaisantes sans aucune base factuelle », avait dit M. Li.

Devant la presse, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, a défendu la fermeture de Stand News, expliquant que « la liberté d’expression ne saurait servir d’abri à des activités criminelles ».

« Certaines forces étrangères, sous couvert de défendre la liberté de la presse, se sont livrées à des propos irresponsables », a-t-il dénoncé.

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