vendredi, mars 29, 2024

Le Canada aux urnes, l’avenir politique de Trudeau en jeu

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Les Canadiens votent lundi pour décider s’ils reconduisent le Premier ministre sortant Justin Trudeau pour un troisième mandat ou choisissent l’alternative avec le conservateur modéré Erin O’Toole, lors de législatives anticipées à l’issue très incertaine.

Dans ce pays qui compte six fuseaux horaires, les premiers bureaux de vote ont ouvert à Terre-Neuve et Labrador, dans l’est du pays, à 08H30 locales (11H00 GMT). Les derniers électeurs de Colombie-Britannique, sur la côte pacifique, auront jusqu’à 19H00 (02H00 GMT mardi) pour glisser leur bulletin dans l’urne.

Les deux principaux candidats ont déposé le leur en fin de matinée devant les caméras après une campagne éclair de 36 jours.

Mais ils devront prendre leur mal en patience, car le nom du vainqueur pourrait ne pas être connu dans la soirée: le scrutin s’annonce très serré et un grand nombre d’électeurs ont choisi le vote par anticipation ou par correspondance.

Pourtant, Justin Trudeau s’est dit « serein » à la sortie de son bureau de vote à Montréal. « On a travaillé très fort pendant cette campagne et les Canadiens sont en train de faire un choix important », a-t-il déclaré à l’AFP entouré de ses enfants et de sa femme Sophie Grégoire.

Le Premier ministre sortant a déclenché des élections anticipées à la mi-août pour tenter de regagner la majorité qu’il avait perdue deux ans plus tôt.

Mais il est d’après les sondages en train de perdre son pari. L’usure du pouvoir se fait sentir, et la « Trudeaumanie » de 2015 semble bien loin… Il plafonne ainsi autour de 31% d’intentions de vote, au même niveau que son principal rival qui était pourtant encore inconnu du grand public il y a peu.

Erin O’Toole a promis aux Canadiens d’incarner le renouveau et fait une campagne résolument au centre. En campagne jusqu’au bout, Justin Trudeau a appelé de son côté au vote stratégique, expliquant que le retour des conservateurs serait synonyme de retour en arrière, notamment sur la question climatique.

– Mensonge –

« Je ne suis pas content de ce scrutin, Justin avait dit qu’il ne déclencherait pas d’élections pendant le Covid et finalement dès qu’il a cru que c’était le bon moment pour avoir une majorité, il les a déclenchées. Donc je pense vraiment qu’il nous a menti », enrage Douglas O’Hara, à l’entrée de son bureau de vote à Montréal.

Pour la première fois de sa vie, ce pompiste à temps partiel de 73 ans ne votera pas pour le parti libéral.

Mais d’autres électeurs mettent en avant la façon dont le Premier ministre sortant a géré la crise sanitaire – avec un pays qui affiche l’un des taux de vaccination les plus élevés au monde.

« Pour moi, la gestion de la pandémie est l’enjeu le plus important de cette élection. Et je pense que le Premier ministre l’a bien gérée », estime Kai Anderson, 25 ans, électrice à Ottawa, la capitale fédérale.

Et comme en 2019, le pays est divisé et ce « suspense absolument total » fait dire aux analystes que « la majorité semble très compliquée à atteindre pour qui que ce soit ».

« C’est difficile d’imaginer plus serré comme course », explique à l’AFP Félix Mathieu, professeur à l’université de Winnipeg.

– Participation, l’inconnue –

Les quelque 27 millions de Canadiens sont appelés à élire les 338 députés que compte la Chambre des communes. Si aucun des deux grands partis qui alternent au pouvoir depuis 1867 n’est en mesure d’obtenir une majorité des sièges au Parlement, le vainqueur devra composer un gouvernement minoritaire.

Et pour cela, il aura besoin de composer avec les plus petits partis pour gouverner à Ottawa.

Comme le Nouveau Parti Démocratique (NPD, gauche), de Jagmeet Singh, crédité de 20% des intentions de vote. Ou le Bloc québécois, formation indépendantiste dirigée par Yves-François Blanchet, qui a semblé reprendre des couleurs en fin de campagne après une polémique sur la place du Québec au sein de la confédération canadienne.

Dernier grand parti en lice, les Verts d’Annamie Paul ont peiné à faire passer leur message d’une urgence climatique, luttant pour leur survie en raison de problèmes d’unité et d’image.

Reste à voir si les électeurs iront aux urnes en masse pour cette élection qui les a peu intéressés et qui est organisée au moment où les cas de Covid-19 remontent fortement dans certaines provinces.

« La question au départ était de savoir si les libéraux méritaient d’avoir un gouvernement majoritaire. Et maintenant, la question est de savoir s’ils méritent de rester au pouvoir », résume Daniel Béland, professeur à l’université McGill.

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