jeudi, avril 18, 2024

« Je me disais ‘J’ai un travail à faire’ « : Karen Baker, rescapée du Pentagone, chargée d’annoncer les morts des attentats du 11 septembre 2001

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Le 11 septembre 2001, Karen Baker travaillait au Pentagone comme spécialiste en communication de crise. Rien ne l’avait préparée à devoir un jour annoncer la mort de collègues et amis.

Lorsqu’un deuxième avion a percuté le World Trade Center, confirmant que New York était bien la cible d’une attaque et pas d’un accident, Baker, alors âgée de 33 ans, n’a pas imaginé être en danger.

Au ministère américain de la Défense près de Washington, l’un des bâtiments les mieux protégés du pays, « on est dans l’endroit le plus sûr du monde actuellement », se souvient-elle avoir dit à un collègue.

Mais peu après, cette certitude vole en éclat. « Il y eut un gros ‘boum’ et puis on a senti une secousse », se souvient-elle. « On a cru sur le moment que c’était une bombe. »

Je savais que c’était des terroristes

Le vol 77 de la compagnie American Airlines vient de s’écraser sur la façade ouest du Pentagone, tuant les 53 passagers et six membres d’équipage à bord, et 125 personnes dans le bâtiment.

Baker et son amie Elaine Kanellis, enceinte de neuf mois, rejoignent les milliers d’employés du ministère de la Défense immédiatement évacués du bâtiment, certains tâtonnant dans le noir et l’intense chaleur de l’explosion.

« Les gens étaient très angoissés, essayaient de comprendre ce qui se passait. Mais nous étions entourés de militaires, ils savent ce que c’est qu’une attaque, et il y avait un sentiment de calme et d’ordre malgré la confusion », se souvient-elle. « Les militaires étaient très rassurants. »

Dehors, sur un parking, Baker et ses collègues apprennent qu’un avion vient de percuter le Pentagone. « Je savais que c’était des terroristes. Mais l’idée d’utiliser un avion comme arme et que ça puisse avoir lieu (au Pentagone), ça c’était un peu difficile à imaginer, je m’attendais à ce que des bombes nous tombent dessus », dit-elle.

J’ai un travail à faire

C’est en rentrant chez elle, après avoir traversé Washington bouclée par les forces de l’ordre et étreint son époux et leurs deux petits garçons, qu’elle mesure l’énormité de la catastrophe. « Je suis passée par toutes sortes d’émotions (…) Et en même temps, je me disais ‘J’ai un travail à faire’ « .

Pendant les jours qui suivent l’attaque, cette chargée de communication aide à publier les noms des victimes et à contacter les familles pour rassembler de premiers hommages. « On est formé pour annoncer la mort de soldats, mais on ne savait pas faire pour les civils. »

Deux de ses amis sont morts, un autre a été brûlé à 90%.

« Ça a été probablement le plus dur – publier la liste des victimes et y voir les noms de gens que je connaissais », dit cette femme aujourd’hui cadre pour la division du génie de l’armée américaine à New York.

Il a fallu organiser les innombrables demandes d’entretiens des médias. « C’était comme revivre le 11 Septembre pendant des jours et des jours », dit-elle. « Mais pour moi c’était particulièrement important de raconter l’histoire de ces civils tués car eux n’avaient jamais endossé d’uniforme et pas vraiment signé pour braver le danger. »

J’ai le sentiment que quelqu’un veillait sur moi

Aujourd’hui encore, elle pense « tout le temps » au 11 Septembre et a du mal à croire que « c’est déjà le 20e anniversaire ». « Certaines années, c’est plus lourd que d’autres…Ca a vraiment pesé sur la direction prise par beaucoup d’entre nous ».

« J’essaie d’apprécier la vie. J’essaie de reconnaître que nous avons le temps qui nous est donné et pas plus. Et je dis à ma famille que je les aime terriblement. »

Même si son expérience « n’est rien en comparaison » de ce qu’ont vécu les New Yorkais le 11 Septembre, Baker estime avoir assisté à des « miracles ». « J’ai vu les actions héroïques de gens solidaires. Ça a clairement approfondi ma foi », dit-elle. « J’ai le sentiment que quelqu’un veillait sur moi, qui s’est assuré que je sorte vivante du bâtiment. »

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