Malgré les louanges et les notes de satisfaction très positives adressées au Sénégal par la communauté internationale pour sa constante stabilité politique, notre pays traine pourtant des lacunes d’une autre facture liées à certaines pathologies qui affectent sa démocratie.
Il s’agit du maintien d’une classe politique jugée obsolète qui n’a plus pignon sur rue, déphasée et qui vit un véritable problème de cohabitation générationnelle avec sa jeunesse.
Sur ce, je prends le pari de partager avec vous le constat de feu Mouhamadou Mbodj, ancien coordonnateur du forum civil qui à travers une émission « objection » disait ceci : « Si vous observez bien le paysage politique au Sénégal, vous vous rendrez vite compte que ceux qui ont été à la tête de ce pays depuis 1960 sont ceux qui nous gouvernent et qui veulent encore le pouvoir ».
Le processus de transition générationnelle est une dynamique forcée avec ce choc entre une vieille classe politique épuisée, en agonie et une nouvelle génération de jeunes acteurs et militants dévoués à changer les règles du jeu politique.
Dans notre pays, la culture de l’éternel politicien s’est instaurée avec une armada de quinquagénaires qui refusent de voir dans le miroir du temps leur âge et de se couper à la culture de la jeunesse comme quoi dans le sunugal d’aujourd’hui, la politique, voila un secteur où on ne vieillit pas, on ne prétend jamais à la retraite pourvu que les privilèges existent.
Comme si toujours, nous n’avions pas de jeunes capables de gouverner, conscients chaque jour du quotidien des Sénégalais, imbus des meilleures valeurs d’une démocratie mature, compétents et disposant de toutes les énergies nécessaires pour mener ce pays à bon port.
En outre, notre pays traverse une véritable confusion générationnelle dans le domaine de la politique. Les écarts de perceptions, la défiance du pouvoir et des leaders politiques ainsi que la détermination des jeunes à conquérir les postes de décisions ne sont pas que les signes d’une indiscipline notoire ou d’une carence de culture citoyenne.
Se borner à cette explication, c’est développer une vision réductrice du problème car tous ces facteur montrent à suffisance le conflit diffus qui marque cette incapacité de coordonner les actions et de raccorder les visions entre jeunes politiciens et veillots.
Le combat dit d’un système incarné par des partis comme le PASTEF ou PUR traduit en substance cette alerte et ce message lancé par les jeunes qui, visiblement ne partagent plus les propositions et les orientations de nos politiciens en termes de gouvernance vertueuses quand celle-ci en lieu et place devient vicieuse, de corruption banalisée au gré du jour, (frustrations liées à une longue période de chômages quand les attentes se transforment en déceptions définitives et en découragement, le suicide psychologique s’installe, accumulation d’émotions négatives généralisées, protestations et confrontations politiques allant jusqu’à l’expression des corps organisés et qui préfèrent le frontal à la négociation comme ce fut le cas avec les émeutes de mars 2021).
Ce n’est pas une leçon de morale, mais la démocratie ne respire que lorsqu’il y’a une véritable transition générationnelle et ce dans un contexte permettant à toutes les catégories sociales d’expérimenter leur intelligence politique, rassurez-vous cette matière nous en avons.
Nos dirigeants doivent faire sienne cette maxime populaire qui dit : « Le pouvoir ne se donne pas, certes il se conquiert mais se confie. Il faut savoir le céder avant qu’on vous l’arrache ».
Ghansou Diambang
Sociologue et travailleur social de formation
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