mercredi, mai 15, 2024

Procès des attentats de Paris: l’ancien chef du parquet fédéral se souvient de sa nuit du 13 novembre et du début de l’enquête

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Le procès des attentats de Paris débute le 8 septembre. RTL INFO donne la parole à quelques acteurs-clés de cet épisode sanglant et dramatique de notre histoire récente. Frédéric Van Leeuw est le chef du parquet fédéral belge en charge de l’enquête. Au lendemain du 13 novembre 2015, notre pays est pointé du doigt comme base arrière des jihadistes qui viennent d’attaquer Paris, et les autorités sont soumises à « une pression gigantesque » pour mettre la main sur Salah Abdeslam, se remémore-t-il.

« Ca peut paraître bizarre mais ce qui est arrivé faisait partie des possibilités (…) « C’est quelque chose que tout le monde craignait, les Français, les Belges, les Espagnols » dit Frédéric Van Leeuw, le procureur fédéral belge au moment des attentats de Paris, le 13 novembre 2015. En ce début de novembre 2015, l’ombre d’un attentat majeur plane sur l’Europe. Le procureur fédéral se souvient très bien de sa soirée du 13 novembre 2015 : « Je regardais un match de football, celui de la Belgique contre l’Italie qu’elle bat d’ailleurs si je me souviens bien. Et vers la fin du match, je reçois une série de coups de téléphone. A ce moment-là, la vie bascule. »

Frédéric Van Leeuw ne se rend pas immédiatement compte que des Belges sont sans doute impliqués. Mais dans la capitale française, la police vient de retrouver une voiture noire correspondant à une des celles utilisées par les commandos jihadistes. Elle est immatriculée en Belgique, avec à l’intérieur un contrat de location au nom d’un certain Salah Abdeslam, un Franco-marocain domicilié à Bruxelles dont on découvrira rapidement qu’il est le seul des dix assaillants encore en vie. C’est le Procureur de la Ville de Paris en personne qui le mettra au courant : « François Molins m’envoie un texto pendant la nuit en me disant qu’il va avoir besoin de moi. Je lui dis que je suis prêt et que j’ai mis tout le monde en stand-by. » Cette nuit-là, le procureur fédéral ne trouvera que difficilement le sommeil. 

Chercher une aiguille dans une botte de foin

Le 14 au matin, Salah Abdeslam échappe à un contrôle autoroutier dans le nord de la France, peu avant de franchir la frontière pour regagner Bruxelles en compagnie de deux autres hommes. « Les gendarmes français le laissent repartir d’une façon assez incompréhensible avant la réponse des autorités belges » sur sa dangerosité présumée, affirme le procureur fédéral. Une version contestée en France où a été mis en avant un manquement des Belges dans le partage de données. Une chose est sûre: Salah Abdeslam devient ce jour-là l’homme le plus recherché d’Europe, tandis que sa commune d’origine Molenbeek passe aux yeux des médias internationaux pour un repaire de jihadistes, un lieu où la Belgique, taxée d’« Etat défaillant », n’aurait pas vu prospérer l’islamisme radical.

La chasse à l’homme débute. La cible est donc Salah Abdeslam, jeune homme passé sous les radars de l’anti-terrorisme : « On a à l’époque environ 800 personnes sur la liste OCAM (liste de personnes à surveiller établie par l’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace). Autour de ces personnes-là, il y a aussi d’autres personnes radicalisées. C’est donc chercher une aiguille dans une botte de foin. Lors des mois précédents, on a empêché pas mal de choses mais Abdeslam ne faisait pas partie des gens qui avaient vraiment attirés concrètement l’attention par rapport à ce genre de projets. »

Des centaines d’enquêteurs sont mobilisés. On obtient assez rapidement des informations selon lesquelles un groupe se cache à Bruxelles, prêt lui aussi à passer à l’action. Pour la première fois, le niveau de la menace passe à 4 et entraîne un lockdown sur Bruxelles. À cette époque, la pression est totale sur le procureur fédéral : « J’avais décidé de prendre 2 ou 3 jours de repos à la mer avec ma famille. Mais j’étais tout le temps au téléphone. Ma femme m’a dit ‘Rentrons à Bruxelles’ et on est rentrés. » 

« On était constamment occupé avec cette idée qu’il allait se passer quelque chose. On a empêché beaucoup de choses mais évidemment, ce qu’il reste est ce qu’on n’a pas empêché. » Six ans plus tard, pour le procureur fédéral, le procès qui va débuter est la seule réponse qu’une démocratie puisse apporter au terrorisme.

 

 

 

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