mercredi, avril 24, 2024

Les maladies tropicales négligées, signes de pauvreté et d’exclusion

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Les maladies tropicales négligées (MTN) dont 13 types sont endémiques au Sénégal sur les 20 répertoriées, touchent de manière disproportionnée les populations les plus pauvres, contribuant à entretenir le cercle vicieux de la pauvreté.
« Elles sont dites négligées parce qu’il y a une forte corrélation avec la pauvreté », sans compter que « les femmes et les jeunes filles sont victimes de discrimination du fait de ces maladies », explique la coordonnatrice du Programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN), docteur Ndèye Mbacké Kane.
« Une jeune fille qui aide sa mère devenue malvoyante à cause de l’onchocercose ne va plus à l’école, son avenir se trouve compromis. C’est une discrimination notoire », fait valoir docteur Kane, en guise d’exemple.
Les MTN sont des maladies transmissibles très répandues dans les régions tropicales.

Elles sont dites négligées du fait qu’elles n’avaient pas jusque-là été l’objet d’une grande attention de la part des décideurs, de la communauté internationale, de l’industrie pharmaceutique et même de la communauté des chercheurs.

Ces maladies affaiblissent, handicapent et défigurent les victimes qui vivent déjà dans des conditions d’hygiène, d’assainissement et d’éducation précaires et les maintiennent dans un cycle perpétuel de pauvreté.
De cette manière, les MTN entrainent des pertes économiques jugées énormes qui s’évaluent à des milliards de dollars dans les pays en voie de développement.
Selon une étude réalisée par l’Université Érasme de Rotterdam (Pays-Bas), si les objectifs fixés dans ce domaine par l’Organisation mondiale de la Santé pour 2020 étaient atteints, cela permettrait de générer près de 565 milliards de dollars en gains de productivité d’ici à 2030.
La coordonnatrice du Programme national de lutte contre les MTN à la Direction de la lutte contre la maladie (DLM) note que « la prise en charge des MTN constitue un volet important des Objectifs de développement durable avec la réduction d’ici 2030 de 90 % du nombre de cas de MTN c’est donc un intérêt économique ».
« Un investissement dans les interventions MTN représente un bénéfice de 25 dollars américains pour un dollar investi dans la chimiothérapie préventive », souligne docteur Kane, justifiant par-là l’utilité d’accélérer la lutte contre ces maladies.
Sur les 20 maladies tropicales négligées ciblées dans la région africaine de l’Organisation mondiale de la Santé, « treize sont endémiques au Sénégal, dont cinq MTN à chimiothérapie préventive de masse (filariose lymphatique, onchocercose, schistosomiases, géohelminthiases et trachome) et cinq à prise en charge de cas (lèpre, Ver de Guinée, rage, leishmaniose et dengue) », renseigne Mme Kane.
Les treize maladies tropicales négligées au Sénégal sont la filariose lymphatique, l’onchocercose, le trachome, les géohelminthiases, la lèpre, la leishmaniose, la gale, le mycétome, la rage, la dengue, la dracunculose et l’envenimation à la morsure de serpent.

1, 5 milliard de personnes touchées dans le monde

Les maladies tropicales négligées « touchent de manière disproportionnée les populations les plus pauvres de la société et constituent un obstacle majeur au développement économique et social, car elles maintiennent les pays à faible revenu dans un cycle de pauvreté récurrent », analyse le directeur de la lutte contre la maladie, docteur Babacar Guèye.
Ces maladies « touchent plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde, dont la région africaine supporte environ 40 % de la charge mondiale de morbidité due à ces maladies et constituent un véritable problème de santé publique », signale-t-il.
De fait, les MTN contribuent à entraver les progrès pour l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD), compte non tenu de leurs effets néfastes sur les populations les plus vulnérables qui leur paient un tribut particulièrement lourd.
« La population à risque de contracter une MTN au Sénégal et ayant besoin de chimiothérapie préventive est estimée à 7 885 156 personnes », sur les 17 millions que compte le pays.
Même si les MTN sont considérées comme des maladies dévastatrices, il y a selon lui « des raisons d’être optimiste car elles peuvent être prévenues et traitées grâce à des stratégies efficaces et essentielles dans la réduction de la transmission et de la charge de morbidité ».
Un comité national de lutte contre les maladies tropicales négligées (CNLMTN) a été mis en place le 7 juin 2021 par arrêté ministériel, avec pour mission d’accélérer le contrôle, l’élimination et l’éradication des maladies tropicales négligées en veillant à ce que les décisions prises à cet effet soient mises en œuvre conformément aux recommandations.
APS

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