lundi, juin 23, 2025

Conflit en Afghanistan: la Belgique envoie 3 avions pour une opération d’évacuation de Kaboul

Ne ratez pas!

Le gouvernement a donné lundi son feu vert à l’envoi de trois avions militaires pour participer à une opération d’évacuation au départ de l’Afghanistan, a indiqué le cabinet du Premier ministre Alexander De Croo à l’agence Belga, alors que le chaos s’est installé sur l’aéroport de Kaboul.

Il s’agira de trois avions de transport – l’un des nouveaux Airbus A400M et deux C-130H Hercules en fin de carrière – a-t-on précisé de même source, en ajoutant que la décision avait été prise par le comité ministériel restreint (« kern », qui réunit les principaux ministres du gouvernement fédéral) sur proposition de M. De Croo (Open Vld).  

Ces appareils font partie de l’offre, portant sur quatre avions au total du 15e wing de transport aérien de Melsbroek, proposée par la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS) qui a également indiqué en matinée que son département préparait un détachement NEO (« non-combatant evacuation operation »).

La situation en Afghanistan évolue rapidement

 

« La situation en Afghanistan évolue rapidement. La première priorité est la sécurité des Belges sur le terrain. Le kern a décidé, pour cette raison, de donner son feu vert à une opération d’évacuation par la Défense », a précisé le cabinet du Premier ministre.

« Le kern se réunit ce soir pour aborder la situation en Afghanistan de manière plus approfondie », a précisé l’entourage du chef du gouvernement. Cette réunion était initialement convoquée lundi soir pour préparer le comité de concertation de vendredi à propos de l’évolution de la crise sanitaire liée au coronavirus, un sujet qui reste sur la table des ministres.

Selon Mme Dedonder, « une partie du détachement NEO se tient également prêt à aider à organiser une évacuation depuis l’aéroport de Kaboul ». L’armée belge maintient en permanence en « stand by » des capacités aérienne et terrestre pour effectuer de telles opérations NEO d’évacuation d’expatriés d’une zone en crise – l’une des tâches fixées aux forces armées par le gouvernement. Des exercices réguliers sont organisés sur ce thème, soit en Belgique, soit à l’étranger, avec une prédilection pour l’Afrique, le théâtre le plus probable pour de telles interventions. 

Le dernier déploiement en date – resté « préventif », sans intervention réelle – remonte au printemps 1997 lorsque la Belgique avait déployé des troupes au Congo-Brazzaville lors de l’avancée de la rébellion qui a conduit au renversement du dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko et à l’arrivée au pouvoir à Kinshasa de Laurent-Désiré Kabila à la tête de la République démocratique du Congo (RDC). 

Des nombreux pays occidentaux ont dépêché des moyens militaires à l’aéroport international de Kaboul – dont une partie a été protégée durant des années par des troupes belges – pour évacuer leurs ressortissants. C’est notamment le cas des États-Unis, de l’Allemagne, de la France et des Pays-Bas. Mais l’afflux massif d’Afghans candidats au départ dans l’enceinte de l’aéroport international Hamid Karzaï (du nom d’un ancien président afghan) et sur les chemins de roulage complique singulièrement les opérations aériennes. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des hommes s’agrippant à un avion de transport C-17 américain au roulage et deux en tomber alors que l’avion a décollé. Les Américains ont envoyé 6.000 militaires pour sécuriser l’aéroport et faire partir quelque 30.000 Américains et civils afghans ayant coopéré avec les États-Unis qui craignent les représailles des talibans. Selon la chancelière allemande Angela Merkel, Berlin a identifié 2.500 personnes sur place qui pourraient être évacuées, essentiellement des Afghans et des membres de leurs familles ayant travaillé avec la Bundeswehr (armée allemande). À ce chiffre, s’ajoute une liste de 2.000 autres personnes, avocats et défenseurs des droits de l’homme, qui ont également exprimé le souhait de partir. En comptabilisant les membres de leurs familles, leur nombre grimpe à 10.000, a dit Mme Merkel au cours d’une réunion à huis clos devant les cadres de son parti, l’Union démocrate-chrétienne allemande (CDU). « Concernant les interprètes et les collaborateurs afghans ayant travaillé pour les intérêts belges, ils ont la possibilité de se faire connaitre auprès de nos autorités. Ces personnes étaient également souvent employées par d’autres nations. Ils auront aussi l’opportunité de demander un visa pour un autre pays », a souligné Mme Dedonder.

34 ressortissants belges en Afghanistan

La Belgique avait conseillé à ses ressortissants de quitter l’Afghanistan où les talibans sont en passe de conquérir le pouvoir. Ces personnes, au nombre de 34, selon les Affaires étrangères, ont souvent la double nationalité. « Nous ne pouvons pas les forcer à partir. Mais il est important pour nous de savoir qu’elles n’ont pas rencontré de problème« , précise-t-on au ministère.

Les Belges qui travaillent pour des institutions internationales ont eux déjà quitté le pays. Des Belges sont également présents en Afghanistan de manière non-permanente. Onze personnes ont ainsi indiqué via le site Travelers Online qu’elles avaient l’intention de se rendre en Afghanistan. Il n’est cependant pas clair de savoir si c’est réellement le cas. Un groupe de cinq Belges présents sur place a toutefois pris contact avec les Affaires étrangères, craignant que leur voyage de retour ne soit compromis, mais tous ont pu quitter le pays samedi, a confirmé le ministère.

Nous examinons la situation au cas par cas

Les Affaires étrangères ont reçu au cours des 24 dernières heures plusieurs dizaines de questions à propos de Belges – souvent des personnes disposant de la double nationalité – séjournant en Afghanistan, dont le nombre exact est difficile à préciser, a indiqué lundi un porte-parole de la diplomatie belge.

Le Service public fédéral (SPF) Affaires étrangères appelle tous les Belges présents sur place à prendre contact avec l’ambassade de Belgique compétente pour l’Afghanistan, celle d’Islamabad, la capitale pakistanaise.

Le SPF a reçu au cours des 24 dernières heures 47 questions émanant de Belges sur place et de membres de leur famille, alors que Kaboul est tombée aux mains des talibans, tout comme le reste du pays. « Nous examinons la situation au cas par cas. La situation sur place est extrêmement chaotique, avec des milliers de personnes bloquées à l’aéroport (international) de Kaboul », a indiqué le porte-parole, Wouter Poels, à l’agence Belga. « Nous tentons de réfléchir le plus pragmatiquement possible, avec tous les moyens existants et en collaboration avec nos partenaires internationaux », a-t-il ajouté.

La Belgique ne dispose plus d’ambassade à Kaboul 

La Belgique a conseillé de longue date à ses ressortissants de quitter l’Afghanistan à la suite de l’avancée éclair des talibans et le SPF Affaires étrangères déconseillait déjà le 8 août ,« tous les voyages vers l’Afghanistan » en invoquant « des risques très élevés ».

La Belgique ne dispose plus d’ambassade à Kaboul depuis janvier 2015. Des milliers d’Afghans ont envahi lundi le tarmac de l’aéroport de Kaboul – dont une partie a été protégée durant des années par des troupes belges – dans l’espoir de prendre un vol leur permettant d’échapper au nouveau régime taliban. Tous les vols commerciaux ont été annulés et les forces américaines déployées sur place pour protéger l’évacuation du personnel diplomatiques ont même tiré en l’air pour tenter de contrôler cette foule.

Articles récents

Pérennisation des cantines scolaires : CICODEV mène le plaidoyer à Kolda

Kolda, a accueilli jeudi dernier une journée de plaidoyer en faveur de la pérennisation des cantines scolaires. Organisée par...

Notre sélection pour vous