vendredi, mars 29, 2024

Le volcan Nyiragongo gronde toujours plus fort: deux fissures fracturent le sol de la ville de Goma (vidéo)

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La ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), était mardi dans l’angoisse d’une nouvelle éruption du volcan Nyiragongo dominant la ville, où de longues fissures ont fracturé le sol secoué par de violents séismes à répétition.

Le bilan humain de l’éruption soudaine de samedi soir est monté à 32 morts, selon les autorités locales, tandis qu’une première évaluation des organisations humanitaires internationales faisait état de 900 à 2.500 habitations détruites par les coulées.

Tout au long de la journée, de forts tremblements de terre ont secoué la région toutes les dix à vingt minutes, certains de forte intensité. Deux fissures, larges de quelques dizaines de centimètres par endroits, ont fracturé le sol en pleine ville, a-t-on constaté, alimentant la psychose d’une nouvelle éruption du volcan. L’une a fendu le sol dans la partie ouest de la ville et s’étend sur plusieurs centaines de mètres, entre le mont Goma, qui marque la limite nord de la ville, et les rives du lac Kivu, en passant par l’hôpital général. L’autre, longue de près de cent mètres, est apparue à proximité de l’aéroport, sur la chaussée de la route principale quittant Goma pour Butembo, vers le nord de la province. « Avec cette longue fissure au mont Goma nous sommes terrifiés. Qu’on puisse nous dire où on peut aller car nous craignons le pire« , déplorait sur place Ishara Bashinenga.

« On ne nous dit rien! »

« On ne sait pas quoi faire, on est dans l’embarras, il n’y a aucun message des autorités alors que ça bouge de partout », se plaignait Furaha Nyirere, un habitant interrogé près de l’aéroport, manifestement très inquiet. « La situation est confuse, les gens hésitent. Il y a ceux qui rentrent, ceux qui repartent, c’est toujours la peur« , a résumé un autre habitant angoissé. « Nous sommes aussi terrifiés avec ces fissures. Les éléments de la Monusco (Mission de l’Onu) ici au mont Goma commencent à prendre leurs bagages et a préparé leur évacuation. Nous on ne nous dit rien« , fustigeait un militaire.

Sous la violence des secousses, au moins quatre bâtiments se sont partiellement effondrés, dont un immeuble de trois étages dans lequel huit personnes ont été grièvement blessées, selon la protection civile locale. De nombreuses façades et cloisons de maisons se sont lézardées. « Nous vivons tous dans la peur d’une nouvelle éruption« , a confié à l’AFP le responsable local d’une organisation internationale. « On a tous dormi dehors sous des moustiquaires, beaucoup d’habitants aussi, qui ont peur que leur maison ne s’effondre. Des fissures sont apparues sur les murs de notre bureau« , s’alarmait cette source.

Le RSM (Rwanda sismic monitor), l’organisme public en charge de la surveillance sismique au Rwanda voisin, avait enregistré à 15H00 locales (13H00 GMT) des secousses allant jusqu’à une magnitude de 5,3. La délégation ministérielle qui séjourne depuis lundi matin à Goma ne s’est pas exprimée publiquement mardi sur la situation.

Des centaines de personnes ont afflué au port de Goma pour embarquer à destination de Bukavu, à 70 km au sud-ouest, sur la rive sud du lac Kivu, selon un armateur, se disant débordé par cet afflux soudain.

150 enfants sont séparés de leurs parents

Le bilan humain ne cesse d’évoluer à la hausse, passant à 32 morts depuis l’éruption, selon la protection civile, au moins sept personnes étant décédées lundi, asphyxiées par les vapeurs toxiques, alors qu’elles marchaient sur la coulée de lave. Le précédent bilan était de 20 morts. Selon une évaluation humanitaire conjointe, relayée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Goma, entre 900 et 2.500 habitations ont été détruites par la lave.

Outre le soutien aux déplacés et la recherche des enfants perdus, « le problème urgent, c’est l’eau« , dans une ville en partie privée d’eau potable, après la destruction partielle par la lave d’une station d’épuration, et d’électricité, selon le CICR. Selon la radio onusienne Okapi, ce sont au moins dix quartiers qui sont privés d’eau courante. L’Unicef s’est alarmée du sort d’au moins 150 enfants séparés de leurs parents, et de 170 autres portés manquants.

La route menant de Goma à Butembo, axe régional majeur et vital pour l’approvisionnement de la ville, a été coupée sur près d’un kilomètre par l’immense coulée de lave rocheuse et noirâtre. L’aéroport de Goma reste pour le moment fermé, mais celui de Bukavu, rouvert la veille, a été de nouveau fermé sur ordre du ministère des Transports.

 

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