dimanche, octobre 6, 2024

Les remous suscités par le dernier redécoupage administratif au menu

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Le projet de redécoupage administratif de la région de Dakar, prévu pour faire de Keur Massar un chef-lieu de département, est largement commenté dans l’édition des quotidiens pour ce vendredi 7 mai 2021.
‘’Keur Massar [devient le] 46e département du Sénégal. La réforme est bouclée ! Et c’est le président de la République qui se signale de fort belle manière’’, se réjouit Le Soleil, soulignant que cette décision ‘’corrige des incohérences territoriales nées il y a dix ans de préoccupations politiciennes’’.
La modification de la carte administrative de la région de Dakar va faire de Keur Massar le cinquième département de ladite entité territoriale, ‘’désengorger l’arrondissement de Bambilor qui couvre la plus large superficie de la région’’ et résoudre ‘’la lancinante [équation] des limites entre les communes de Yenne et de Diamniadio’’, explique L’info.
‘’Le nouveau découpage corrige des déséquilibres (…) abyssaux’’, souligne EnQuête, précisant que Macky Sall vient de ‘’corriger l’anomalie de Guédiawaye, un département constitué jusque-là d’un seul arrondissement’’.
Le projet présidentiel fait grincer des dents, même dans le parti politique de Macky Sall, l’APR, selon Sud Quotidien. ‘’Ce projet de découpage, tout le monde l’attendait. Mais, malheureusement, il vient de tomber et contre la volonté des populations’’, proteste Ousmane Diallo, un conseiller municipal membre de l’APR.

M. Diallo ‘’ne veut pas entendre parler d’un rattachement’’ de son village, Kounoune Ngalap, ‘’à Sangalkam’’, car il craint que certaines collectivités territoriales soient ‘’victimes’’ de la ‘’guéguerre entre Sangalkam et Bambilor’’, lit-on dans Sud Quotidien.

On est donc proche ‘’des préoccupations politiciennes’’ que tentait de conjurer Le Soleil, d’autant plus que cette partie de la région de Dakar, Sangalkam notamment, est le fief de politiciens de premier plan dont le ministre des Collectivités territoriales, Oumar Guèye.
‘’Macky Sall sabre Dakar’’, lit-on à la une de Tribune qui, à l’opposé du journal Le Soleil, voit d’un mauvais œil la nouvelle configuration de la région de Dakar.
L’initiative présidentielle vise à ‘’démanteler la ville de Dakar’’, écrit-il en souvenir d’une déclaration du ministre des Collectivités territoriales en faveur de la suppression de la mairie de la capitale, l’un des plus vastes viviers électoraux, depuis 2014 entre les mains de dissidents du Parti socialiste partisans de l’opposant Khalifa Sall.
Le journal Alerte estime que le redécoupage administratif envisagé n’est rien d’autre qu’un ‘’morcellement politique’’. ‘’Cette agression contre Dakar se fait avec la complicité d’une certaine opposition’’, déclare, cité par le même journal, l’opposant Barthélémy Dias, maire de Mermoz Sacré-Cœur.
Sa posture tranche avec la raison invoquée par le gouvernement dans le projet de découpage qu’il a transmis aux communes de la région de Dakar. ‘’Dans une logique de rapprocher davantage l’administration des administrés et de garantir le principe de la proximité, il a été décidé de corriger certaines incohérences spatiales’’, rapporte Libération sur la base d’un document des ministères de l’Intérieur et des Collectivités territoriales qui, selon Le Soleil, constituent ‘’le maître d’ouvrage’’ du projet.
Le ministre, porte-parole de la présidence de la République, Seydou Guèye, semble dire la même chose dans Vox Populi : ‘’Aujourd’hui, les évolutions démographiques, les enjeux de développement et de cohérence territoriale justifient les ajustements nécessaires à l’organisation du territoire.’’
Le Quotidien parle d’un ‘’découpage polémique’’ et voit dans la réforme administrative la ‘’bataille continue’’ entre le ministre des Collectivités territoriales et maire de Sangalkam, Oumar Guèye, et Ndiagne Diop, un de ses adversaires politiques et maire de Bambilor.
‘’Ce découpage ne va pas faire que des heureux parce qu’il cacherait des (…) conflits d’intérêts au profit du ministre chargé des Collectivités territoriales, par ailleurs maire de Sangalkam, commune qui tire le plus de profits du projet’’, affirme Le Quotidien.
‘’Oumar Guèye (…) est favorablement servi au détriment du maire de Bambilor qui se voit priver, avec ce découpage en gestation, d’énormes ressources’’, affirme le même journal. La centrale électrique de Kounoune, une importante mamelle fiscale de la mairie de Bambilor, tombe dans le giron de Sangalkam, le fief d’Oumar Guèye, selon Le Quotidien.
‘’Tel Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel, Sangalkam rayonne. Il est désormais une constellation de villages et cités’’, commente L’As, estimant qu’avec la réforme administrative, cette commune ‘’engloutit plusieurs villages’’.
La commune dirigée par Ndiagne Diop est ‘’délestée’’ de cinq villages, fait remarquer Le Témoin Quotidien.
Les avis des mairies concernées sont seulement consultatives, selon Mohamadou Mansour Ciss, un spécialiste de la gestion des collectivités territoriales. Même si les conseils municipaux s’y opposent, le gouvernement ‘’peut continuer son projet de découpage’’, a-t-il dit au journal Les Echos.
APS

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