samedi, mai 4, 2024

« Islamo-gauchisme » craint par la ministre de l’Enseignement supérieur en France: le sociologue Michel Wieviorka remet son rapport final

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Le sociologue Michel Wieviorka a remis un rapport à la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal sur le supposé « islamo-gauchisme » à l’université, après s’être saisi lui-même de la question, a-t-il indiqué à l’AFP. Ce rapport de quelque 80 pages, qu’il a intitulé « Racisme, antisémitisme, antiracisme: apologie pour la recherche », paraît jeudi aux éditions La Boîte à Pandore.

« La ministre ne pourra pas dire qu’elle ne l’a pas. Je l’ai déposé au ministère, en le remettant à la loge en mains propres » en fin de semaine dernière, a expliqué à l’AFP l’auteur, qui est directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Mme Vidal avait demandé en février au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) « un bilan de l’ensemble des recherches qui se déroulent dans notre pays », estimant que certains universitaires se servaient de leurs fonctions « pour porter des idées radicales ».

« Je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble, et que l’université n’est pas imperméable », affirmait-elle.

Le CNRS ne s’est pas encore attaqué à ce « bilan« , et, fait rare, a dénoncé un « slogan politique » qui d’après lui « ne correspond à aucune réalité scientifique ».

« J’ai fait ce livre pour qu’on regarde sérieusement ce qu’il en est« , a expliqué M. Wieviorka, spécialiste reconnu du racisme et de l’antisémitisme. Selon lui, « l’expression d’islamo-gauchisme est très douteuse, et ce que j’ai pu observer à l’université, c’est que le problème est non pas inexistant, mais très, très secondaire ».

Puisqu’aucun chercheur sérieux ne souhaite se mettre à ce « bilan« , a-t-il poursuivi, « soit le rapport, s’il y en a un, sera à côté de la plaque, soit cela prendra une autre forme, soit ce sera refusé par la communauté », car vouloir faire un tri entre recherche et militantisme déguisé en recherche, « c’est ouvrir la voie à des atteintes très importantes aux libertés académiques« .

Avec ce terme, « on ne sait pas si ce qui est visé c’est le climat général, des groupes agissants, des militants, ou si c’est la recherche et l’enseignement eux-mêmes. Moi je prends le parti de défendre la recherche et les enseignants. On ne se débarrasse pas comme ça de questions fondamentales de décolonisation, ou post-coloniales, et de discriminations« .

Le sociologue reconnaît cependant des tensions dans le monde universitaire entre « deux univers de recherche, l’un, classique, d’étude des questions de racisme ou d’antisémitisme, et un univers plus neuf des études post-coloniales, décoloniales, de l’intersectionnalité« .

« Ce sont deux univers à qui il manque de discuter entre eux« , déplore M. Wieviorka.

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