samedi, octobre 12, 2024

CONQUETE DE LA VILLE DE DAKAR : L’offensive finale de Benno

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Après avoir mis Khalifa Sall sur la paille, débauché ses alliés et affaibli Taxawu Dakar, le Président Macky Sall est tout près de porter l’estocade finale et mettre Dakar dans son escarcelle. Retour sur la longue et difficile «remontada» de BBY dans la capitale.

Il lui suffit juste de porter le coup de grâce pour que son rêve devienne réalité : rallier Dakar, la capitale sénégalaise, dans ses bastions politiques. Macky Sall et son camp s’organisent en réalité depuis un bon moment pour apporter la touche finale à un projet politique muri depuis 2012, date de son accession à la magistrature suprême. Avant-hier, les cadres de la majorité présidentielle qui ont organisé un séminaire sur les préparatifs des prochaines locales ont battu le rappel des troupes, même si de grosses pointures comme Amadou Bâ et Mame Mbaye Niang n’étaient pas de la partie. Pour mettre toutes les chances de leur coté et venir à bout de Taxawu Dakar qui n’a que trop résister, ils ont décidé d’ores et déjà d’installer un cadre départemental de concertation, de coordination et de suivi des activités de Benno bokk yaakaar. Un cadre chargé de proposer un programme d’activités politiques pour la capitale, en perspective des prochaines échéances électorales locales. Prêts à donner l’estocade finale, Abdoulaye Diouf Sarr, Alioune Ndoye entre autres, peuvent compter sur le soutien des partisans des néo-transhumants Idrissa Seck, Aïda Ndiongue et le maire de la Gueule Tapée Ousmane Ndoye qui ont intégré samedi dernier, la coalition BBY. C’est dire que c’est bien parti pour la majorité présidentielle qui n’a jamais caché son ambition de mettre la main, sur la capitale sénégalaise. Et neuf ans après son accession au pouvoir, cette fois-ci pourrait être la bonne. En effet, jamais le contexte n’a été aussi favorable. Jamais Dakar qui lui a résisté pendant 9 ans, n’a été aussi près de basculer dans le camp présidentiel, avec un Khalifa Sall mis sur la touche et ses alliés débauchés…

2014, les premières tentatives de mise à mort politique de Khalifa Sall

C’est en 2012 que le président de la République Macky Sall et son camp ont lancé l’assaut sur Dakar. A peine installés, ils ont initié la réforme de l’acte 3 de la décentralisation. Si les objectifs de départ de cette réforme étaient de rationaliser la gestion des collectivités territoriales et favoriser leur développement, ils ont été très vite dévoyés. A travers cette réforme, le pouvoir a dépouillé la mairie de Dakar, laissant à Khalifa Sall une coquille presque vide. Pire, dans une guerre larvée, il a bloqué tous ses projets de grande envergure, comme le pavage à Dakar, le projet de parking sous terrain à la place de l’Indépendance, le lait à l’école…Non satisfaits de cette offensive, ils l’écartent tout simplement des listes des élections locales de 2014, alors que son parti, le Parti socialiste, est membre de la coalition de la mouvance présidentielle. Khalifa Sall en bon stratège, dévie l’obstacle et met en place sa propre coalition. L’issue de ces scrutins est sans appel. La coalition Taxawu Dakar opère une razzia dans presque toutes les communes d’arrondissement de Dakar : Mermoz-Sécré cœur, Fass-Colobane-Gueule tapée, Fann-Point E-Amitié, Parcelles assainies, Sicap Liberté, Dieupeul Derklé, Médina, Patte d’Oie, Grand Yoff, Grand Dakar, Hlm, Hann Belair ou Cambérène et Biscuiterie. Sur les 19 communes que compte la capitale, seules trois ont échappé au contrôle de Khalifa Sall ; les villages Lébous Ngor, Ouakam et Yoff.

Victoire mitigée de 2016 et l’amorce de la « remontée » de BBY

La cuisante défaite de 2014 n’ayant pas été digérée par le camp présidentiel, Khalifa Sall, alors maitre incontesté de Dakar, en remet une couche au sortir des élections du Haut conseil des collectivités territoriales. Même si son électorat avait été fortement grignoté, sa coalition Taxawu Dakar avait réussi à imposer une cohabitation à la majorité. Forts d’un collège électoral de plus de 750 sur les 1098 conseillers municipaux du département de Dakar, le maire Khalifa Sall et ses camarades n’ont pu engranger que 517 voix contre 442 pour Benno bokk yaakaar, soit 75 voix de différence seulement.

Cette percée de la majorité présidentielle était en effet l’œuvre d’une stratégie politique murement réfléchie par le président de la République. Macky Sall, conscient qu’avec une seule commune (Yoff), sous son contrôle, il ne pouvait rien espérer à Dakar, il avait tout simplement décidé de ne pas présenter de candidats ‘’apéristes’’. Mais il a tout de même infiltré la coalition Taxawu Dakar et a réussi la prouesse d’enrôler des maires dont Alioune Ndoye qui était parmi les hommes de confiance du maire Khalifa Sall. Une stratégie qui, il faut le reconnaitre, a failli aboutir si ce n’était la ténacité de Khalifa Sall qui a lui aussi manœuvré de fort belle manière pour éviter une raclée qui l’enterrerait définitivement à Dakar. Avec cette victoire sur Benno bokk yaakaar, non seulement il a été sauvé d’une mort politique programmée, mais il avait repris du poil de la bête en perspective des joutes électorales suivantes.

Le revers du référendum de 2014, les déboires judiciaires et la prison

L’édile socialiste, malgré tous les assauts répétitifs du régime, avec la complicité même de certains caciques du Parti socialiste (PS), a toujours résisté aux attaques et autres coups bas politiques. Mieux, il s’en est souvent sorti grandi. De la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation aux tentatives d’infiltration de sa coalition Taxawu Dakar, en passant par le blocage de son emprunt obligataire de 20 milliards de francs, Khalifa Sall a souvent su retourner la situation en sa faveur. La rare fois où il a trébuché, c’était pendant le référendum du 20 mars 2014. Fortement engagé aux côtés des partisans du «NON» lors de cette consultation citoyenne, il avait perdu du terrain avec la large victoire du «OUI». Mais il réussira à inverser la tendance aux élections du HCCT et reprendre du poil de la bête. Cela, jusqu’à ce que le Président Macky Sall sorte la grosse artillerie en 2017 en lâchant l’Inspection générale d’Etat à ses trousses. Arrêté et inculpé en 2017 pour détournement de fonds publics dans le cadre de l’affaire de la fameuse caisse d’avance de la ville de Dakar, il sera définitivement écarté de toute compétition électorale avec sa condamnation à cinq ans de prison. Aujourd’hui mis hors circuit, il ne lui reste qu’à parrainer la candidature d’un de ses lieutenants. Ce dernier fera-t-il le poids face à la machine Benno ?

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