samedi, août 2, 2025

Le cas du vaccin AstraZeneca relance les questions sur la pilule

Ne ratez pas!

Pourquoi suspendre le vaccin anti-Covid d’AstraZeneca par crainte de thromboses mais pas certaines pilules contraceptives, pour lesquelles ce risque est avéré? Cette comparaison monte dans le grand public mais les spécialistes la rejettent, car l’état des connaissances est très différent.

Il y a « deux poids, deux mesures Â», a dĂ©noncĂ© mercredi l’Avep (Association française des victimes d’embolie pulmonaire et AVC liĂ©s Ă  la contraception hormonale). Cette association « s’étonne de l’indiffĂ©rence dans laquelle sont traitĂ©es les milliers de femmes victimes de thrombose et d’embolie Ă  cause de leur contraception en France et en Europe Â». De nombreux messages similaires ont Ă©tĂ© publiĂ©s ces derniers jours sur les rĂ©seaux sociaux. Â« Je pense qu’on ne peut pas tout mĂ©langer Â», rĂ©pond Ă  l’AFP l’infectiologue Odile Launay, membre du comitĂ© sur les vaccins Covid créé par le gouvernement français.

Comme toujours quand il s’agit de mĂ©dicaments, la question essentielle est celle de la balance bĂ©nĂ©fice-risque, c’est-Ă -dire savoir si les avantages l’emportent sur les inconvĂ©nients. Dans le cas des pilules, le risque de thrombose est connu et pris en compte lors de la prescription. Or, ce n’est pas le cas pour le vaccin d’AstraZeneca, qui est un produit nouveau. Â« On doit absolument prĂ©ciser le rapport bĂ©nĂ©fice-risque Â» du vaccin, souligne la Pr Launay.

Les thromboses sont mentionnées dans la notice des pilules

« Les thromboses, mĂŞme mortelles, sont connues pour ĂŞtre un effet secondaire très rare des pilules contraceptives. Elles sont mentionnĂ©es dans la notice d’information destinĂ©e aux patients« , explique l’institut mĂ©dical Paul-Ehrlich, qui conseille le gouvernement allemand.

« Chaque femme doit ĂŞtre informĂ©e de ce risque par le mĂ©decin qui lui prescrit la pilule Â», poursuit cet institut dans un document très pĂ©dagogique sur le vaccin AstraZeneca mis en ligne mardi.

La situation est diffĂ©rente dans le cas de ce vaccin, pour lequel « on suspecte actuellement qu’il puisse y avoir un effet secondaire très rare et parfois fatal, des thromboses veineuses cĂ©rĂ©brales (caillots sanguins dans le cerveau, ndlr) accompagnĂ©es d’un dĂ©ficit de plaquettes Â», ajoute l’institut Paul-Ehrlich.

Pour l’heure, rien ne prouve qu’il y ait un lien entre le vaccin et ces problèmes très rares. L’EMA, qui reste « fermement convaincue Â» des avantages du vaccin, doit se prononcer Ă  nouveau jeudi, après avoir examinĂ© les donnĂ©es transmises par les diffĂ©rents pays. En attendant, plusieurs ont suspendu le vaccin.

Mais mĂŞme si ce lien Ă©tait confirmĂ©, l’EMA et les autoritĂ©s sanitaires de chaque pays pourraient malgrĂ© tout dĂ©cider que « le vaccin peut continuer Ă  ĂŞtre utilisĂ©, bien qu’il puisse causer cet effet secondaire très rare (en l’ajoutant, si nĂ©cessaire, dans la notice)« , conclut l’institut Paul-Ehrlich. Dans ce cas de figure, les autoritĂ©s sanitaires estimeraient que la balance bĂ©nĂ©fice-risque continue de pencher du cĂ´tĂ© du vaccin.

« Les bĂ©nĂ©fices des contraceptifs oraux combinĂ©s continuent Ă  l’emporter sur les risques Â», selon l’agence europĂ©enne des mĂ©dicaments

C’est la position qu’elles ont adoptĂ©e vis-Ă -vis des pilules, ou « contraceptifs oraux combinĂ©s Â» (COC), malgrĂ© le risque avĂ©rĂ© de thromboses, en particulier avec les plus rĂ©centes (dites de 3e ou 4e gĂ©nĂ©ration). Â« Les bĂ©nĂ©fices des COC continuent Ă  l’emporter sur les risques Â», explique l’EMA sur la page de son site internet consacrĂ©e Ă  ces mĂ©dicaments.

En plus de mentionner le risque, leur notice pointe les facteurs qui peuvent l’aggraver, comme l’âge, la consommation de tabac, les antécédents familiaux ou l’obésité.

Selon l’EMA, les mĂ©decins doivent « tenir compte des facteurs de risque individuels lorsqu’ils prescrivent un contraceptif Â», et chaque femme doit « discuter avec son mĂ©decin pour dĂ©terminer le type de contraception le plus appropriĂ© Â».

Plusieurs Ă©tudes ont montrĂ© ces dernières annĂ©es que les pilules les plus rĂ©centes augmentaient le risque d’accidents par thrombose veineuse. D’après une Ă©tude britannique de 2015, le risque pourrait ĂŞtre multipliĂ© par deux par rapport aux femmes prenant des pilules plus anciennes, et par quatre par rapport Ă  celles qui ne prennent pas la pilule.

Des femmes victimes de ces accidents ont saisi la justice. L’un des cas emblématiques est celui de la Française Marion Larat, lourdement handicapée après un AVC en 2006 qu’elle attribue à la pilule Méliane, du laboratoire pharmaceutique allemand Bayer.

Articles récents

Pérennisation des cantines scolaires : CICODEV mène le plaidoyer à Kolda

Kolda, a accueilli jeudi dernier une journée de plaidoyer en faveur de la pérennisation des cantines scolaires. Organisée par...

Notre sélection pour vous