dimanche, juin 8, 2025

Entretien avec Khady Diaw de MAID Kolda Tawo : « Des gens qu’on a démarchés pour venir à l’APR sont devenus prioritaires ».

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La présidente du Mouvement d’Appui aux Initiatives de Développement (MAID) Kolda Tawo ne cache pas son amertume. « Des gens qu’on a démarché pour venir à l’APR sont devenus prioritaires », a regretté la « Lionne de Sikilo » qui se trouve obligée de mener le combat à l’interne pour aller arracher de la considération et du respect en lieu et place de rejoindre les rangs de l’opposition. Khady Diaw « Niaria » s’est aussi prononcée sur des questions d’actualité comme la guerre sanitaire conte la covid 19, le financement des activités économiques des femmes ainsi que les prochaines élections locales dont la date reste encore incertaine. C’est dans cette interview que vous propose intégralement Koldanews.

KOLDANEWS – Avec le renvoi à répétition des locales, tous les élus locaux sont dans l’illégalité, leurs mandats étant expirés. Face à l’incertitude de la date des prochaines élections, quelle appréciation faites-vous de cette situation au niveau de votre mouvement ?

Khady Diaw – Jusqu’au moment où je vous parle, je ne suis pas au courant de l’existence d’une loi qui abroge ou modifie la loi fixant le mandat des élus locaux à cinq ans. En tant que républicaine, je pense que le respect du calendrier électoral est fondamental dans une démocratie. La situation actuelle ne participe pas à renforcer notre démocratie, car le mandat des élus est un contrat avec le peuple et c’est ce dernier qui doit décider si celui-ci doit être prorogé ou non.
Le motif évoqué actuellement, c’est la demande de l’opposition d’auditer le fichier électoral, c’est un motif valable pour la transparence. Mais, ce report peut être un pari risqué pour le pouvoir. Parce qu’il peut donner en même temps à l’opposition la possibilité de se préparer et décrédibiliser certains élus de la majorité qui ont carrément échoué. Au cas où le pouvoir penserait à un couplage, cette méthode serait plus dangereuse pour une alliance qui n’est que de nom dans certaines localités et qui traine un tas de frustrés depuis presque 10 ans. Dans ce contexte, ceux qui ne sont pas satisfaits du choix de la majorité peuvent facilement agir de façon inattendue.
Je garde au moins espoir que ces élections auront lieu cette année. Déjà, les auditeurs du fichier sont là et le président a demandé que leur conclusion soit déposée dans un délai de 3 mois. Donc je suppose qu’après çà il n’y aura aucun motif. Je considère que l’organisation des élections en respectant le calendrier électoral, le président peut réduire les charges et les lourdeurs découlant de la pesanteur sociale qui de jour de jour enherbe la frustration de la population qui se voit privée de son pouvoir d’évaluer, continuer ou changer ses élus conformément à son droit.


Comment Kolda tawo prépare t-il les élections locales ?


Notre engagement est exceptionnel, nous l’avons fait auprès de la population et nous sommes restés à son chevet. Aujourd’hui, ce travail nous donne une notoriété et une représentativité qui nous permettent de demander valablement la voix des koldois pour les élections à venir. Et nous sommes confiants que de la même manière que nous portons dans nos cœurs la population, cette population nous porte également avec beaucoup d’estime. Mais, ce n’est pas le moment de décliner cette ambition, le moment venu nous en reparlerons.
On n’exclut pas des alliances car nous sommes des personnes de paix, de dialogue et des acteurs de développement qui sont conscients que l’unité, la solidarité sont d’excellents moyens de gouvernance et de développement.


Avec l’arrivée de nouveaux chefs de partis politiques et la technique de récompense engagée par le président, quelle est votre position face à ce nouvel environnement politique ?


Aujourd’hui, je travaille avec beaucoup de jeunes, de femmes dans tout le département et mes actions sont visibles partout par les formations, l’encadrement et l’accompagnement des jeunes et le financement des femmes. S’il y a quelqu’un qui est redevable dans ce compagnonnage, c’est bien le parti notamment le président. Nous, on a fait tout ce qui est attendu de nous. C’est au président aujourd’hui d’utiliser la carte de l’équité pour tous et de reconnaitre que le premier combat a été mené par nous militants de première heure de l’APR.
S’il y a des alliés aujourd’hui c’est grâce à nous apéristes qui ont recueilli 26% de l’électorat. Nous ne devons pas être plombés par ces alliés qui à la limite nous divisent pour mieux conserver leur position. C’est pour cette raison qu’à Kolda vous ne verrez jamais le BBY en réunion ou regroupé pour définir ensemble des stratégies pour mieux faire comprendre la politique du Président et pour s’atteler à la satisfaction des préoccupations locales. La plupart sont dans des combats personnels et utilisent leur position pour barrer la route à des gens qui ont tout donné.
Pour moi, il est temps que le président reconnaisse les efforts consentis par les personnes engagées auprès de lui depuis le départ.


Pourquoi tu n’es pas allée à l’opposition puisqu’on on te combat dans ton parti?


Je suis une personne de conviction malgré mon amertume je pense que pour le moment c’est un combat interne que je dois mener pour que, au-delà de ma personne, les gens soient traités en fonction de leur mérite et de leur représentativité. Parce que malheureusement, le complot a pris le dessus au point que des gens qu’on a démarchés pour rejoindre l’APR soient prioritaires sans qu’ils n’aient réellement travaillé pour avoir ce privilège.


Où en êtes-vous par rapport au financement des femmes ?


Les financements se déroulent bien dans l’ensemble j’ai d’abord octroyé des financements sur fonds propres. Par nos moyens nous avons financé 48 groupements avant d’avoir l’accompagnement de l’Etat qui nous a permis d’avoir deux unités de transformation de produits locaux. Mais je voudrais signaler une anomalie dans ce financement de l’Etat. En effet, avec le programme du financement initié par le ministère de la femme, la microfinance CAURIS est la passerelle pour le financement. Il était convenu que la durée du financement soit de 3 ans. Malheureusement, CAURIS veut imposer aux femmes un remboursement sur une durée d’un an.
Compte tenu du contexte de la pandémie, les femmes ne peuvent pas rembourser ce crédit en une année. Au-delà, le contexte économique à Kolda est plutôt compliqué pour les femmes d’une part et d’autre part CAURIS indique que l’échéance est d’un an, faisant fi de la base de 3 ans fixée par le ministère de la femme. J’appelle à la responsabilité de Cauris et à l’attention du ministère pour pallier cette situation. A part cette anomalie nos femmes travaillent de façon brillante à la réussite de leur projet.
Je voudrais attirer l’attention aussi de personnes qui viennent perturber cette logique de financement à des fins politiques en arrachant des groupements déjà inscrits dans des banques. Ils posent un vrai problème à ces femmes qui ne savent sur quoi s’appuyer. Si c’est vrai que kolda est notre priorité, on doit laisser définir des stratégies d’approches différentes de la débauche politicienne sans suite.


La covid est en train de sévir dans le pays. Des régions du Nord sont confinées à partir de 21h, au moment où la question de la vaccination fait débat. Votre point de vue sur cette guerre sanitaire.


Pour une pandémie, le meilleur moyen est de trouver un remède efficace ou un vaccin. Le Sénégal aura sa première dose de plus d’un million en mars. Ce qui est insuffisant pour une population qui dépasse les 15 millions selon les estimations. Cela veut dire que notre pays n’a pas encore tout ce qu’il faut pour sortir de cette pandémie. Là, je pense que notre meilleure option est de respecter les mesures édictées par les autorités sanitaires.
Cependant, il y a une désinformation sur ce vaccin. Une bonne partie de la population risque de ne pas l’accepter. C’est pour cette raison qu’une campagne de sensibilisation doit se faire en avant. Et puis, le Sénégal doit faire un choix raisonné dans l’utilisation du vaccin en se fondant sur le vaccin le mieux adapté pour nous.


Propos recueillis par Ismaila Mansaly

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