Un petit rayon de soleil se profile derrière les sommets enneigés: le gouvernement envisage de rouvrir les remontées mécaniques à partir du 7 janvier, si la situation sanitaire le permet, et a débloqué 400 millions pour aider toute la filière.
« Le Premier ministre a indiqué que l’ouverture prévisionnelle pourrait se faire à partir du 7 janvier sous réserve » d’une poursuite du reflux de l’épidémie, a déclaré le secrétaire d’État au tourisme Jean-Baptiste Lemoyne vendredi, à l’issue d’une visio-conférence avec plusieurs élus et acteurs de la montagne.
Alors que la fermeture pendant la période de Noël a suscité la colère et l’inquiétude du monde de la montagne, le gouvernement a également dévoilé toute une batterie de mesures d’accompagnement: c’est ainsi « autour de 400 millions d’euros qui vont être injectés », a précisé M. Lemoyne.
Pour les professionnels et les élus, le soulagement était au rendez-vous. Et l’éclaircie est d’autant plus bienvenue que juste avant, le Conseil d’État avait rejeté leur saisine, confirmant le maintien de la fermeture des remontées mécaniques à Noël.
« Le gouvernement nous a entendu, ça fait du bien. Tout n’est pas parfait. Il va falloir regarder de près des indemnisations pour n’oublier personne dans cette triste affaire », affirme à l’AFP Jean-Luc Boch, président de l’association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM).
« On est toujours très tristes de ne pas ouvrir à Noël, mais aujourd’hui il y a une vraie couverture de l’État pour que les territoires touristiques de montagne ne se cassent pas la gueule », estime également Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF) qui garde espoir de « faire une belle saison à partir du 7 janvier ».
Les « pulls rouges » intégrés
Dans le détail, quelque 12.000 commerces « situés dans une zone de montagne » seront éligibles au fonds de solidarité renforcé, qui offre jusqu’à 10.000 euros d’indemnisation, dès lors qu’une baisse de 50% du chiffre d’affaires est constatée, a détaillé M. Lemoyne. Les moniteurs de ski, « les fameux pulls rouges », « seront aussi éligibles ».
Eric Brèche, président du Syndicat national des moniteurs du ski français (17.000 moniteurs France entière, et 220 écoles de ski) a salué ces mesures qui vont permettre « réamorcer la pompe le plus tôt possible », ce qui est important « pour remonter février et espérer assurer la 2e partie de saison ».
Pour les remontées mécaniques, « il a été décidé de compenser à hauteur de 70% les charges fixes » tant publiques que privées », sans « plafond », a également annoncé le secrétaire d’État.
1,5 milliard de perte
« Sachant que la perte réelle de chiffre d’affaires devrait avoisiner les 1,5 milliard d’euros pour la montagne, tous acteurs confondus, entre début décembre, 400 millions est une aide conséquente », juge Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme.
En revanche pour les industriels du secteur, la « vigilance » reste de mise, car ils ne sont pas intégrés dans les mesures annoncées vendredi, explique Virgile Caillet, délégué général de L’Union sport & cycle qui représentent notamment les fabricants d’équipements pour les sports d’hiver.
Mais selon lui, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, s’est montré favorable à leur inclusion et des réunions en ce sens vont être organisées.
Sur la question cruciale des saisonniers, M. Lemoyne a par ailleurs rappelé que « ceux qui sont embauchés pourront bénéficier » des dispositifs d’activité partielle, sans reste à charge pour les employeurs. Selon lui, « les remontées ont embauché 95% de leurs saisonniers » et pour les magasins le taux d’embauche est « de 85 à 90% ».
Antoine Fatiga, représentant (CGT) saisonniers Auvergne-Rhône-Alpes, estime toutefois de son côté qu’environ 40% des 120.000 saisonniers habituellement recrutés, car les « secteurs les plus touchés par la non-embauche sont l’hôtellerie-restauration, les résidences de vacances, et les magasins dont les supérettes qui ne vont pas rouvrir, et les petits transporteurs routier de marchandises ».
La prochaine étape pour ce secteur qui pèse pour 10 milliards d’euros de retombées économiques va être de peaufiner les protocoles sanitaires.
« Les professionnels ont travaillé de façon très rigoureuse, mais la question de l’application et d’un contrôle extérieur reste d’actualité », relève M. Arino pour qui « le plus important est surtout d’éviter des ouvertures suivies de fermetures aux effets déplorables pour l’ensemble de la filière ».
r à s’appliquer en janvier, en attendant l’entrée en vigueur du premier pilier du nouveau dispositif en février, selon M. Clarinval (MR).