Des peines justes pour des hommes « ordinaires »: au procès « historique » des attentats de janvier 2015, la défense a dénoncé jeudi les « fables » de l’accusation, appelant la cour d’assises spéciale de Paris au « courage » de ne pas suivre de lourdes réquisitions.
Le parquet national antiterroriste a requis mardi des peines allant de cinq ans d’emprisonnement à la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre des 14 accusés, « cheville ouvrière » et « base arrière » des attaques de Charlie Hebdo, Montrouge et de l’Hyper Cacher, qui ont fait 17 morts.
« Dans ces box, je ne vois que des êtres humains sidérés par les crimes atroces commis par d’autres, (…) des auteurs qui ne sont plus que poussière », a lancé Me Hugo Lévy, avocat de Willy Prevost.
Contre son client, qui a grandi dans la même cité qu’Amedy Coulibaly et qui a reconnu des achats matériels pour lui, dont une voiture et des gilets tactiques, 18 ans de réclusion criminelle ont été requis, un « tarif disproportionné, excessif », a estimé Me Lévy.
« Coulibaly s’est servi de lui et l’a trahi. (…) Non seulement Willy Prevost n’a pas adhéré au projet terroriste de Coulibaly, mais il en a tout ignoré. Son ignorance était la condition de la réussite de Coulibaly », a plaidé l’avocat.
« Sanctionnez l’erreur commise, mais donnez-lui la possibilité d’aimer la vie », a lancé Me Lévy à la cour.
Sa consoeur, Me Margot Pugliese, avocate de Miguel Martinez, accusé d’avoir fourni des armes aux frères Saïd et Chérif Kouachi et à Amedy Coulibaly, avait rudoyé avant lui un « dossier qui transpire la peur et la déraison », depuis l’électrochoc des attentats il y a près de six ans.
Parce qu’il portait alors la barbe, « on a voulu voir en Miguel Martinez ce fou de Dieu » et cela est devenu « la thèse, le fil rouge de toute cette instruction », a déploré Me Pugliese.
« Vous savez à la fin de l’audience que Miguel Martinez n’est pas radicalisé, cette radicalisation n’existe pas », a insisté l’avocate. Dans le dossier, il ne reste contre son client qu’un « transport d’armes rouillées, qui ont fini en partie dans la Meuse » et qui n’ont « rien à voir avec les attentats », a-t-elle assuré.
« Il va falloir que vous baissiez, beaucoup, beaucoup, beaucoup » la peine requise (15 ans de réclusion criminelle) à l’encontre de Miguel Martinez, a lancé Me Pugliese, demandant aux cinq magistrats professionnels d’avoir ce « courage » de « juger librement, quelle que soit l’affaire, même si on vous dit +le monde vous regarde+ ».
Les plaidoiries de la défense se poursuivent jusqu’à lundi. Verdict attendu le 16 décembre.