vendredi, avril 19, 2024

CONTRIBUTION : Les fondements du grand banditisme économique et financier au Sénégal d’hier et d’aujourd’hui.

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« La raison est Héléne, l’émotion nègre » cette assertion de Senghor qui, à l’époque avait soulevé une vague de contestation, est – elle en train de devenir prophétique ? A y voir de plus près, on est tenté de répondre par l’affirmatif. Si non, comment comprendre l’attitude très émotionnelle du sénégalais d’aujourd’hui au détriment du comportement citoyen qui devait être de rigueur ? Nous sommes dans un pays ou le vol et le détournement des ressources publiques sont devenus les choses les plus ordinaires au monde. Mais ce qui est regrettable, c’est la banalité et l’indifférence avec lesquelles ces questions sont gérées par les autorités mais également à quel point de très nombreux sénégalais bénissent et protègent ceux qui sont accusés de détournement et de malversation.

Les exemples pour illustrer ce phénomène foisonnent. En effet, à quelques exceptions très rares, toutes les personnes investies de responsabilités publiques qui ont fait l’objet de contrôle ont été épinglées pour des cas de détournement les uns plus rocambolesques et plus invraisemblables que les autres. Ces errements et faits incriminés sont toujours d’une gravité inimaginable. Mais à chaque fois, les autorités politiques les minimisent parfois avec beaucoup d’arrogance et avec un sens de je « m’en foutisme » manifestement ostentatoire.

Deux raisons expliquent cette situation : Il y’a d’abord le rôle souvent trop partisan, anti patriotique, protecteur et trop partial d’un procureur adossé à des autorités de haut niveau, uniquement animées par des soucis électoralistes pour s’éterniser le maximum possible au sommet et commettre d’avantage de gabegie.

Il y’a surtout, très malheureusement, des sénégalais qui n’ont jamais aucune idées de ces personnes incriminées, qui ne les ont jamais pratiquées, qui n’ont aucune connaissance des dossiers et qui, malgré tout cela, montent sur leurs chevaux de bataille pour prendre leur défense de façon démagogique et souvent avec beaucoup de zéle et de risques inutiles.

Parfois ce sont des groupes de haut niveau social qui s’illustrent tristement dans la défense de la personne dont la délinquance financière est souvent manifeste. Tantôt, c’est une foule de bruyants inconnus qui ne reculent devant aucune force et qui est prête à braver tout, criant haut et fort, pour tenter de démontrer que tel responsable ou irresponsable n’est qu’une victime politique. Presque toujours, ces personnes sont activées et instrumentalisées par les hommes politiques pour se donner une bonne conscience et pour jouer à se faire peur.

Tout cela donne des ailes sataniques à beaucoup d’autorités politiques qui nous ont toujours administré des cas de détournements trop abracadabrants et accablants que rien ne peut justifier. Illustrations :

  • On se souvient d’un grand responsable du temps des socialistes qui aurait oublié son sac d’argent dans un taxi
  • On se souvient fraichement de l’histoire de cuillères, de chèvres, de lampes achetées à des prix qui dépassent 100 fois le prix normal. On nous a aussi parlé de tunnel, de TER ect qui serait sur financé sous l’ère des libéraux comme si le système portait congénitalement des germes de grandes malversations. On nous a parlé récemment d’un maire qui aurait acheté 7 t de riz, s’il vous plait, pour nourrir 75 participants pendant 8 jours. Je n’ai fait que puiser, les yeux fermés, dans ce sale grenier des cas de vols les plus révoltants.
  • De très hautes autorités viennent de justifier l’onéreuse dépense de 80 millions pour financer le déplacement du Président de la République à l’Université, comme si l’université se trouvait à l’autre bout du monde.
  • Enfin, et la liste ne serait jamais exhaustive,  chaque matin, chaque ministre ou autorité reçoit une demande de parrainage venant soit d’un artiste connu soit d’un marabout qui organise un gamou ou magal.

Deux autres faits forts illustratifs méritent, en fin, d’être soulignés. Du temps des socialistes, les libéraux, alors dans l’opposition ont toujours vigoureusement dénoncé ces faits pour, une fois au pouvoir  faire la même chose ou même parfois pire que ceux sur lesquels ils tiraient à hue et à dia.

Des étudiants des années 80 ont également très bruyamment dénoncé ces faits pour, une fois au pouvoir s’illustrer comme des champions des malversations et de détournements plus et mieux que ceux sur qui ils pourfendaient. Aujourd’hui, les jeunes ont pris le relai de la dénonciation. Feront pires que leurs ainés pour précipiter le pays vers le sous-développement ?

                                      Falilou Cissé

                    Consultant en développement communautaire à Bamako

                       Tel 00223 94 20 66 87 email faliluc@gmail.com

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