jeudi, avril 25, 2024

SONKO s’en va cuire ses carottes chez WADE

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CHRONIQUE DE WATHIE

On aurait pensé, comme Aminata TOURE, que, l’âge faisant ses effets, le vieux a décidé de saboter toute présidentielle sans un candidat nommé WADE. On penserait que « Gorgui » divague, qu’il se croirait ou serait nostalgique de ses années de gloire face au régime socialiste, quand il lui suffisait de lever la main pour envoyer des milliers de jeunes paralyser la capitale sénégalaise. Notre « grand-père » national, qui appelle à bruler les bulletins de vote, n’est sans doute pas cohérent, lui qui a toujours refusé d’accéder au pouvoir en passant sur des cadavres. Seulement, prendre Abdoulaye WADE pour un sénile, qui distilles des sottises, serait la plus grave erreur à ne point commettre. Plus solide qu’un gaillard, Me Abdoulaye WADE n’a lâché aucun mot qu’il ne voulait pas. Ses derniers actes, avec l’audience qu’il a accordée à Ousmane SONKO, entrent en droite ligne avec le projet qu’il a toujours nourri : laisser un héritage marqué par 50 ans de gouvernance libérale.

Enfin !  Ils se dévoilent, au grand jour. Je me suis toujours borné à croire que cette élection présidentielle, serait l’occasion idéale pour les Sénégalais, dont j’attire l’attention depuis si longtemps sur les accointances entre Me Abdoulaye WADE et Macky SALL qui coûtent si cher à la démocratie sénégalaise, de comprendre.  Si les deux hommes sont réellement en contradiction, comme ils le font croire aux Sénégalais depuis près de dix ans, ce scrutin présidentiel serait à même de le démontrer. En effet, Macky SALL a entrepris, à sa prise de pouvoir, une titanesque tâche : réussir à transformer l’opinion que les Sénégalais avaient de Karim WADE  et maintenir la vieille caste politique, excepté Me WADE, dans les girons du pouvoir. L’objectif étant, en définitive, de reconfigurer l’espace politique Sénégalais. Jusqu’en 2012, avec trois grands pôles, les Libéraux, souvent alliés à ceux qui se font appeler Communistes (PIT, LD, AJ), faisaient face aux Socialistes. Le schéma que Me WADE a dessiné et que Macky SALL exécute veut que ces trois pôles soient substitués en trois autres mais qui seraient tous de sa famille libérale.

Les trois pôles, ou le triangle libéral, c’est au cœur même du pouvoir que Me Abdoulaye WADE les a constitués. Lui qui a mis 26 ans à se battre pour la conquête du pouvoir n’était pas disposé à le lâcher malgré son âge. 50 ans de gouvernance libérale avaient théorisés pour perpétuer son héritage. Ce qu’il avait entrepris dès 2004, avec les nominations de Macky SALL (Premier ministre) et de Karim WADE (ANOCI) et la disgrâce d’Idrissa SECK, a définitivement pris forme avec l’avènement de Macky SALL à la tête de l’Etat.

Arrivé au pouvoir, le Président SALL a déroulé le tapis rouge à ses alliés du PS, de l’AFP, du PIT, de la LD, entre autres. Ceux qui s’étonnaient de voir homme dont on dit qu’il est né après l’indépendance s’entourer de Moustapha NIASSE, Ousmane Tanor DIENG, d’Ahmet DANSOKHO etc., ne savaient pas que c’était le meilleur moyen pour Macky SALL de bousiller leur appareils politiques. Moustapha NIASSE, avait pris son chocolat avec l’Assemblée nationale, a pleuré pour remercier Macky SALL avant de chasser Malick GAKOU qui voulait lui empêcher de se lécher les doigts. Attendant son beurre que Macky SALL allait appeler HCCT, Ousmane Tanor DIENG a montré au leader de l’APR comment se débarrasser de Khalifa SALL. Et pendant que Macky SALL cherchait à ferrer ses alliés et toutes les « grandes gueules » susceptibles d’occuper l’espace de contestation (Abdoulatif COULIBALY, Penda MBOW, Souleymane Jules DIOP, Youssou NDOUR, Abdoul Aziz DIOP…), Idrissa SECK prenait ses distances. Dès la proclamation des résultats des élections législatives de 2012, il quitte Benno Bokk  Yaakaar et s’en va constituer l’un des trois angles du triangle. Mais, ce qui aura le plus coûté à Macky SALL, c’est la peine qu’il s’est donné pour métamorphoser Karim WADE aux yeux de l’opinion sénégalaise. Abdoulaye WADE qui depuis le début a désigné son  fils comme l’héritier du pôle qu’il incarne a employé la manière douce sans parvenir à mettre Karim WADE dans le cœur des Sénégalais. En ressuscitant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), pour s’occuper de l’ancien ministre d’Etat, Macky SALL a fait passer Karim WADE « d’arriviste hautain » à « victime », acceptant volontiers le rôle du « bourreau » du fils de son bienfaiteur.  Pour avoir, pendant sept ans, utilisé tous les instruments de l’Etat pour déplacer des pions de l’échiquier, Macky SALL s’est mis à dos tous ceux qui ne sont pas ses partisans. Mais, assuré d’avoir une opposition qui le « frappe » là où il veut, son fauteuil n’a jamais tremblé. Et, il en a bien profité pour totalement verrouiller pas seulement la présidentielle à venir, mais aussi toutes celles qui vont suivre.

Sauver le soldat Macky

Certains ont été surpris d’entendre Me Abdoulaye WADE dire aux autres candidats qu’il est inutile de participer à la prochaine élection présidentielle que Macky SALL va gagner au premier tour.  Ces seuls mots suffisent à plier l’affaire.  Et, le leader du PDS ne les aurait pas prononcés si le C25 avait réussi son coup. En effet, c’est parce que la déclaration des candidats réunis dans cette autre énième organisation de l’opposition a été très mal accueillie par l’opinion, que le vieux a retroussé ses manches pour débarquer au Sénégal, décidé à mettre en pratique le « boycott actif » prôné par le C25 et qui n’est autre qu’un boulevard ouvert pour Macky SALL.

Ousmane SONKO, dont la radiation a bizarrement coïncidé avec les déboires de Khalifa SALL a suffisamment puisé dans la réserve électorale de ce dernier mais risque de tout reverser chez Me Abdoulaye WADE. Comme l’ancien maire de Dakar, le leader de PASTEF avait réussi à se hisser au niveau des trois pôles des libéraux. Idrissa SECK qui a curieusement accepté de se ranger derrière l’ancien maire de Dakar aux dernières législatives, vient de le phagocyter. En 2012, Idrissa SECK a passé plus de temps à la place de l’indépendance à dénoncer la candidature de Me WADE que chez les électeurs qui écoutaient Macky SALL partit à leur rencontre. En 2019, Abdoulaye WADE veut amener certains à la même place pendant qu’Idrissa SECK et Macky SALL s’en vont parler aux électeurs. Seulement, le combat auquel l’ancien président appelle, les insultes qu’il distille, plus que de la diversion, cherchent à maintenir en vie le pôle qu’il incarne et qui devrait échoir à Karim WADE. En entrant dans son jeu, SONKO ne perd pas que des heures précieuses de campagne, il balise une voie qui ne le mène pas là où il a déjà indiqué. En le « neutralisant», Me WADE est assuré qu’au soir du 24 février 2019, si le pouvoir quitte les mains de Macky SALL, ce serait pour échoir entre celles d’Idrissa SECK.

Mame Birame WATHIE / Walf

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