vendredi, avril 19, 2024

Les élèves, principales victimes du parrainage ?

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L’implication totale ou partielle des enseignants dans la collecte des signatures pour le parrainage au profit des candidats déclarés qui va s’étaler sur quatre mois ne regorge-t-elle pas des risques pour les élèves ?

Pour éviter que le nouveau système ait des effets néfastes sur le respect du quantum horaire, les acteurs de l’éducation se prononcent et plaident, pour certains, l’introduction de l’école dans la liste des lieux où le parrainage est interdit, le respect du quantum horaire, l’éthique et la déontologie, faute de texte qui régisse l’engagement politique des éducateurs.

L’engagement politique des enseignants, notamment dans la campagne de parrainage ne risque-t-il pas de compromettre les premiers mois de l’année scolaire ? Abdoul Ndao Soumaré, membre du Réseau des enseignants de l’Apr, ne le croit pas. Il assure que «cela ne posera pas de problème. Il y a des heures qui nous appartiennent et qui seront réservées à la politique, à la collecte des signatures (pour le parrainage, Ndlr)». Faut-il pour autant se suffire de ces assurances ?

De l’avis de Cheikh Mbow de la Cosydep, Ong spécialisée sur les questions de l’éducation, «le parrainage anticipe la campagne électorale. Il y aura beaucoup d’activités et de programmes qui pourraient  impacter sur le temps de classe. Ces moments de perturbation commencent déjà». Parce que, souligne Mbow, les enseignants, fortement impliqués, sont soit des collecteurs de parrains ou des cibles pour les parrains.

Au-delà des enseignants, il y a aussi les  élèves qui ont 18 ans (l’âge électoral) et plus et qui sont dans les lycées. Ils peuvent aussi être des cibles. «Nous devons  travailler à protéger  les enfants. A faire en sorte que les jeux d’acteurs et les querelles d’adultes n’impactent pas sur leur avenir», selon le patron de la Cosydep. «Nous devons protéger le temps de présence des enseignants (le quantum) et veiller à ce que ce parrainage ne puisse pas perturber l’environnement scolaire», ajoute-t-il.

Entre autres recommandations, la Cosydep plaide pour l’interdiction du parrainage en milieu scolaire. «L’Etat du Sénégal a décidé que le parrainage ne puisse pas se faire dans les casernes militaires. Il faut aller dans le sens d’interdire le parrainage dans le milieu scolaire parce que cela peut être un moment de diversion qui  pourrait impacter la qualité des enseignements».

Joint au téléphone, Abdou Faty du «Groupe des six», regroupement des syndicats d’enseignants les plus représentatifs, avoue qu’«il y a des risques car beaucoup d’enseignants sont engagés dans la chose politique. Il  y a même des inspecteurs de l’éducation, des chefs de service, etc.».

Conséquence : il  y a des demandes de permission à durée indéterminée…. Pour éviter les perturbations du parrainage sur les premiers mois de l’année scolaire,  Abdou Faty appelle à la vigilance des autorités pour préserver l’école des turbulences politiques.

Ce que disent les textes

Il y a beaucoup d’enseignants qui font de la politique à leurs heures perdues. Mais, il n’y a presque pas de textes qui régissent l’engagement politique des éducateurs. La Loi n°61-33 du 15 juin 1961 relative au statut général des fonctionnaires (réactualisée en 2005) énumère les sanctions encourues si l’enseignant n’est pas à son poste pour des motifs politiques. «Ceux qui cessent le travail en violation des dispositions de l’alinéa précédent (qui précise qu’on  ne peut pas aller en grève syndicale avant le préavis d’un mois, Ndlr) peuvent immédiatement subir toutes sanctions disciplinaires, sans bénéficier des garanties prévues par les articles 46 (qui dit les sanctions sont prononcées après avis du conseil de discipline, Ndlr) et 51 (qui dispose que l’avis du conseil de discipline doit intervenir dans un délai d’un mois, Ndlr) de la présente loi. Il en est de même si la cessation du travail, même intervenant à l’expiration du délai d’un mois prévu au sixième alinéa du présent article, est fondée sur des motifs politiques et non pas sur des motifs professionnels».

Ainsi, faute de texte régissant leur engagement politique, les enseignants porteront en bandoulière l’éthique et la déontologie, apprises à l’Ecole de formation pour que leur engagement politique n’affecte en rien leur mission de formateur de la Nation.

Les parents d’élèves imperturbables

Malgré les risques de perturbation, les parents d’élèves restent zen. «Il y a un calendrier pour l’éducation et un calendrier pour la politique qui ne doit pas perturber le quantum horaire. Le rôle politique et syndical des enseignants est prévu par la législation. Il ne peut pas y avoir de problème. Même si n’avions pas pensé à ce phénomène de parrainage, nous avons l’esprit tranquille. Nous n’avons pas réfléchi à cela. Mais, on pense que tout va bien se passer car la législation prévoit les cas d’absence. Les textes sont clairs pour le respect du quantum», assure Dame Seck, Secrétaire général de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves du Sénégal (Fenapes).

WalfQuotidien

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