Le Nicaragua continue de compter ses morts à cause de la crise politique qui déchire actuellement le pays. En effet, la violente vague de contestation pour exiger le départ du président Daniel Ortega a fait une centaine de morts depuis mi-avril, selon un nouveau bilan dévoilé jeudi 31 mai 2018. Mais après un mois et demi d’une crise politique profonde, le chef de l’Etat Daniel Ortega s’accroche encore au pouvoir.
L’annonce en début de semaine d’une prochaine reprise du dialogue entre gouvernement et opposition n’a pas calmé la tension dans les rues. Dès mercredi, les affrontements entre partisans et opposants du président Daniel Ortega ont repris.
Selon le nouveau bilan diffusé par le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (Cenidh), les derniers heurts de mercredi soir et jeudi matin ont fait au moins 16 morts par armes à feu et 79 blessés à Managua, Leon, deuxième ville du pays et Masaya. La police nicaraguayenne fait état de 15 morts par armes à feu et quelque 200 blessés lors de ces affrontements. Un bilan qui porte à une centaine le nombre de tués depuis le début de la crise, mi-avril.
« Hommes de main »
Le Cenidh accuse des hommes de main à la solde du gouvernement d’être les « agresseurs ». De son côté, le président Ortega a dénoncé jeudi dans un communiqué une « conspiration » de l’opposition. « Il n’existe pas de groupes de choc ou paramilitaires proches du gouvernement, nous ne pouvons donc pas accepter qu’on nous accuse de faits tragiques et douloureux que nous n’avons pas provoqués et que nous ne provoquerons jamais », écrit le président Ortega.
Lors de ces incidents, les locaux de la radio pro-gouvernementale Radio Ya ont été détruits et quelques autres bâtiments endommagés. La chaîne de télévision 100% Noticias, censurée pendant plusieurs jours à la mi-avril par les autorités en raison de sa couverture des manifestations, et les locaux de la radio Dario, à Leon, elle aussi opposée au gouvernement, ont également été ciblés par des attaques, ont dénoncé leurs propriétaires.
Les milieux d’affaires prennent leurs distances
Le président perd chaque jour de nouveaux soutiens. Mercredi, les milieux d’affaires, alliés traditionnels du président, ont publiquement pris leurs distances. L’organisation patronale Cosep appelle ses représentants à « démissionner immédiatement » des postes de direction dans des organismes ou entreprises d’Etat. Et le 30 mai, l’homme d’affaires Carlos Pellas, patron du principal groupe nicaraguayen, réclame une présidentielle anticipée. Daniel Ortega rétorque qu’il restera au pouvoir.
Héros de la révolution sandiniste qui avait renversé la dictature en 1979, Daniel Ortega voit le vent tourner contre lui depuis le 18 avril. Il est confronté à une vague de contestation sans précédent, déclenchée par une réforme des retraites abandonnée depuis, mais qui a vite tourné à un mouvement général de rejet du chef de l’Etat, accusé de confisquer le pouvoir.
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